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Rudy Demotte est-il brûlé?

On le dit en disgrâce, brûlé dans les hautes sphères du Parti socialiste. Face à la rumeur, Rudy Demotte se pose comme un homme en reconquête. Et prévient : « Je n’ai pas peur du rapport de force. »

Le Vif/L’Express : En 2009, les deux favoris pour succéder à Elio Di Rupo à la présidence du PS s’appelaient Laurette Onkelinx et Rudy Demotte. Aujourd’hui, votre nom n’est plus guère cité. Cela vous attriste ?

Rudy Demotte : Pour moi, les ambitions personnelles sont secondaires. Je ne sacrifie pas le fond à l’événementiel, au sexy. Je ne suis pas un produit que l’on vend. La seule chose qui parle, en politique, c’est le projet. Et le plus décisif, après le projet, c’est le rapport de force électoral. A ce propos, un élément objectif : je fais un score équivalent à celui de Guy Spitaels dans ses grandes heures. On sent bien qu’en termes d’adhésion et de notoriété mon positionnement n’est pas mauvais.

Après les élections fédérales et régionales de 2014, plusieurs postes importants pourraient changer de mains. Souhaitez-vous rester à la tête du gouvernement wallon ?

Cela dépendra des programmes et des tempéraments. Et surtout de ce que vont advenir les acteurs principaux de notre Belgique complexe. La tâche d’Elio est délicate. Ce n’est pas facile de guider un bateau dans cette mer folle. Tenir la barre, c’est le métier le plus dur. De mon côté, je n’ai pas de plan de carrière.

Tout le monde dit ça.

Non. Il y a des gens qui ont des buts et qui ne l’avouent pas. Moi, je fais le métier avec coeur, là où je suis. Ma préoccupation, ici et maintenant, c’est l’espace Wallonie-Bruxelles. Après, je verrai.

« La présidence, oui, cela me tente », a reconnu Laurette Onkelinx dans Le Soir. Et vous ?

Je n’ai pas à me prononcer sur des ambitions personnelles. Simplement, ma fédération, celle de Wallonie picarde, a été la première du parti à élire son président au suffrage universel des membres. J’ai été président de fédération, et j’ai adoré ce job. Pour ce qui est de la présidence nationale d’un parti, c’est une fonction extrêmement importante dans notre pays. Sans faire de particratie, reconnaissons que les présidents de parti comptent parmi les personnes qui créent de l’unité dans la société. Président du Parti socialiste, c’est un rôle intéressant et important, bien sûr. Mais je ne dis rien qui me concerne en disant ça. Je dis au contraire que les projets sont plus importants que les personnes.

On vous dit en disgrâce auprès d’Elio Di Rupo. Ceux qui propagent ces rumeurs nourrissent des sentiments d’ambition pour eux ou pour des tiers. Cela dit, je n’ai pas peur du rapport de force. Il fut un temps où on m’opposait à Spitaels. J’ai toujours procédé en dehors du soutien de l’appareil… Mais je suis quelqu’un de loyal, c’est dans mon caractère.

Le bureau du PS a nommé Thierry Giet président « faisant fonction », sans consulter les affiliés. Certains élus défendent aujourd’hui l’idée d’une élection interne après le scrutin communal d’octobre. Votre opinion ?

C’est indigne comme raisonnement.

Jean-Claude Marcourt lui-même n’exclut pas cette option.

Je ne parle pas de la qualité des personnes qui le tiennent, je parle du raisonnement en tant que tel : il est indigne. Aujourd’hui, on a choisi celui qui tenait la barre du navire PS. 100 % des membres du bureau ont voté. J’ai vu les mains se lever. Toutes ! Aucun des présents n’a émis de vote conditionnel. Pour moi, c’est clair : tant qu’Elio est Premier ministre, Thierry Giet reste président. Personne n’a parlé d’autre chose. A ce moment-là, on pouvait exprimer des nuances. Le silence s’est fait…

ENTRETIEN : F.B.

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