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Rudi Vervoort, Rudi qui ?

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Bruxelles manque d’un vrai patron, flamboyant, et susceptible de taper du poing sur la table face à la Flandre. Au sein même de la majorité, certains s’inquiètent de la faiblesse du ministre-président Rudi Vervoort et de son amitié avec l’Open VLD Vanhengel, car la Région reste menacée. Laurette Onkelinx, patronne du PS bruxellois, lui succédera-t-elle ?

Rudi qui ? Depuis sa nomination à la ministre-présidence, le 7 mai 2013, le bourgmestre d’Evere n’a pas encore réussi à asseoir sa place au firmament de la politique belge. Sur la forme, on raille son style ennuyeux et son manque de charisme, jusque dans les rangs de son propre parti. Sur le fond, on moque son poids politique relatif, ses rondeurs sans éclats et l’absence d’une vraie dynamique mobilisatrice dans la capitale.

La cible est devenue à ce point facile que d’aucuns, au sein même de la majorité PS-CDH-FDF, évoquent à demi-mots son remplacement à mi-législature par la vraie patronne du PS bruxellois, l’ancienne vice-Première PS Laurette Onkelinx. Un scénario qui risque de prendre de l’ampleur en marge du renouvellement de fond actuel du PS.

Oui, Rudi Vervoort creuse son sillon, mais il peine à convaincre à l’extérieur. « C’est un moteur diesel, pas un turbo, il ne tombe certes jamais en panne, mais ne fait pas de flammes », s’amuse Vincent De Wolf, chef de groupe de l’opposition régionale MR et ancien camarade d’université, qui fustige un « gouvernement ne produisant rien ». « Rudi a des qualités indéniables : c’est un homme de parole, ce n’est pas un tempérament conflictuel et il a la patience de rechercher le consensus, assure une source haut placée au sein de la majorité. Bien sûr, son style n’est pas celui flamboyant d’un ministre-président qui empoigne les dossiers et cherche à montrer qu’il a une vista. On ne le changera pas. Mais il sait où il va, il ne faut pas le sous-estimer. »

Dès son arrivée, Rudi Vervoort a voulu marquer la rupture par rapport à la décevante fin de règne de son prédécesseur Charles Picqué, qu’il remplaçait à mi-mandat. Une nécessité tant l’homme qui avait incarné la Région depuis sa création paraissait fatigué, incapable de trouver un second souffle, épuisé par les crises. Vervoort, lui, tranche d’emblée une série de dossiers symboliques difficiles : fin mai 2013, à l’issue d’un sommet extraordinaire de son gouvernement à Ostende, il annonce la construction du Stade national sur le site du parking C à Grimbergen, un terrain appartenant à la Ville de Bruxelles mais situé en Région flamande, et la création d’un musée d’Art contemporain dans le prestigieux garage Citroën, le long du canal. Un coup d’éclat qui pourrait aussi devenir son tombeau.

« La montagne d’Ostende a vraiment accouché d’une souris », ironise Vincent De Wolf. Le futur musée d’Art contemporain, annoncé pour 2017, a en effet du plomb dans l’aile : la nouvelle secrétaire d’Etat fédérale Elke Sleurs (N-VA), en charge des musées fédéraux, y a mis son veto. « Il se fera ! », persiste Rudi Vervoort. « Il y a une posture de la N-VA dans ce dossier vis-à-vis de Bruxelles qui, je l’espère, ne résistera pas à l’évolution des choses. Je me dis : avançons dans notre dossier et ne nous préoccupons pas de ces jeux politiques. Quand nous présenterons un dossier concret, ils pourront toujours dire non, mais ce sera alors pour de très mauvaises raisons. » Pragmatique, l’homme espère forcer des avancées par son labeur rigoureux. La nouvelle donne politique issue des élections du 25 mai 2014 ne facilite toutefois pas les ambitions bruxelloises, le fédéral poursuivant le désinvestissement massif des précédentes législatures. Pas sûr que Rudi Vervoort soit à la hauteur du bras de fer actuel, se gaussent certains…

Le dossier dans Le Vif/L’Express en vente dès ce vendredi. Avec :

– l’alliance naturelle avec Guy Vanhengel

– « C’est le côté rond de Rudi qui lui a permis de s’imposer sans faire de vague, une qualité indispensable dans la capitale »

– Rudi Vervoort : « Nous travaillons de manière acharnée : en un an, nous avons abattu pratiquement le travail d’une législature »

– A quand la reprise de la ministre-présidence par Laurette ?

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