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Ronald Janssen sera-t-il condamné à perpétuité ?

Le procès de Ronald Janssen touche à sa fin après près d’un mois de plaidoiries. Le ministère public, représenté par Patrick Boyen, a entamé vers 11h00 son réquisitoire. Le verdict devrait être connu ce vendredi.

« Mesdames, Messieurs, vous devez juger notre brave enseignant de Loksbergen. Vendredi, vous recevrez votre bulletin, monsieur Janssen. En ce qui me concerne, ce sera le dernier bulletin de votre vie », a-t-il lancé en direction de Ronald Janssen.

« J’ai longtemps scruté Janssen, mais il ne le supportait pas. Je l’observais pour voir s’il avait une once d’humanité. J’ai fini par conclure qu’il n’en a pas. Les questions des avocats sur le pourquoi de tout cela ont eu autant d’effet sur vous qu’une goutte d’eau qui glisse sur les plumes d’un canard », a indiqué Patrick Boyen, qui a qualifié Janssen, outre de tueur en série et de violeur en série, de menteur en série, à côté duquel Pinocchio n’est qu’un débutant.

Patrick Boyen s’est ensuite lancé dans un cours de droit pénal pour les douze membres du jury, leur expliquant le droit pénal belge. Il a passé en revue les différentes peines qui pouvaient être infligées à Janssen, qui risque la perpétuité. Patrick Boyen s’est ensuite lancé dans quelques explications quant aux questions de culpabilité pour l’enlèvement et l’assassinat d’Annick Van Uytsel. Après la pause de midi, il abordera les questions de culpabilité relatives à Kevin et Shana. Enfin, Patrick Boyen veut encore revenir sur les erreurs commises dans l’enquête et leurs répercussions sur les parties civiles.

Le procureur général a demandé au jury de répondre par l’affirmative aux trois questions de culpabilité concernant l’enlèvement et l’homicide avec préméditation d’Annick Van Uytsel. Il a insisté auprès des membres du jury pour qu’ils jugent Janssen sur ses actes et non sur ses paroles.

« Nous devons faire avec les éléments dont nous disposons. Les constatations des enquêteurs et des médecins légistes, ainsi que les rapports techniques et scientifiques. C’est sur ces éléments que nous devons nous baser », explique Patrick Boyen.

« Lorsque des jeunes gens sont massacrés à la manière de Ronny Janssen, nous, la société, sommes touchés droit au coeur. Il n’est même pas question de bestialité en l’occurrence, parce que même les animaux ne se font pas de pareilles atrocités. Nous ne savons pas ce qu’il s’est précisément passé. Janssen ne nous le dit pas. Pour le reste, il affabule », a poursuivi le procureur général.

Patrick Boyen est également revenu sur le barbecue organisé par Janssen fin juin 2007, deux mois après la mort d’Annick. « Pourquoi organise-t-il ce barbecue? Il s’agit, selon moi, d’une ruse pour faire disparaître toute trace. La police découvrirait ainsi toute une série de traces. Il s’agit selon moi d’un élément qui a joué », a-t-il expliqué.

« Où il a exactement enlevé Annick, à quel endroit à Diest, je ne dois pas le prouver. Où il a assassiné Annick, sur le palier ou dans la salle de bain, je ne dois pas le prouver. Nous n’avons pas besoin de tout cela pour la question de culpabilité », a indiqué le procureur général.

Après une courte pause, le procureur général a abordé la question de la culpabilité concernant Shana et Kevin, appelant le jury à déclarer Janssen coupable sur toute la ligne et de répondre par l’affirmative à toutes les questions de culpabilité.

S’il est évident que Janssen a tué le couple, la préméditation des faits ne laisse également aucun doute, selon le procureur général. « Epargnez-moi vos affabulations, monsieur Janssen. Tout comme les avocats des parties civiles, je n’y attache aucune importance. Ce sont les faits qui comptent à mes yeux, et ceux-là sont évidents. Tout comme la préméditation. Le fait que vous aviez un flacon de produit accélérateur au moment des faits en dit assez long. Vous aviez tout préparé minutieusement et étiez déterminé à effacer toute trace.

Kevin et Shana ont été pris par surprise. Tout comme un prédateur s’approche furtivement de sa proie, vous vous en êtes pris au couple, attendant le bon moment et le bon endroit », s’est adressé Patrick Boyen à Janssen.

Le procureur général s’est étendu longuement sur le viol de Shana. « Celui-ci aussi est plus que prouvé, selon moi. Nous connaissons tous les premières déclarations de Janssen, quelques jours après les faits. Il avait alors reconnu sans embarras le viol de Shana. Je n’accorde aucune importance aux déclarations faites par la suite. Aucun vêtement n’a d’ailleurs été retrouvé sur le corps de Shana. Monsieur Janssen, rien de tel que de se dénuder par une nuit d’hiver froide au milieu d’un verger pour avoir une conversation! « , a ironisé Patrick Boyen.

Le procureur général a également été formel en ce qui concerne le chef d’accusation de torture. « La torture désigne tout traitement inhumain qui crée une douleur physique ou psychologique. Or, différentes choses se sont passées avant le viol. Shana a notamment vu son compagnon Kevin être abattu et a été éclaboussée de son sang. Les experts ont relaté à quel point ce bruit devait être horrible. En outre, Shana a été agressée de nuit, sans savoir ce qui l’attendait. La torture ne réside pas seulement dans la gravité de la douleur psychologique provoquée. Elle se traduit également par l’expression d’un mépris particulier pour l’individu. Ce qui est clairement le cas en l’occurrence ».


Le Vif.be, avec Belga

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