Rik Daems, le mea culpa d'un sénateur Open VLD. © NICOLAS MAETERLINCK/BELGAIMAGE

Rik Daems: nous n’avons « pas le courage de faire ce qui doit être fait »

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Les élus ne font pas tout mais parfois n’importe quoi pour se racheter une conduite. Rik Daems (Open VLD) le confesse.

Mi-juillet, dernière séance plénière du Sénat avant les vacances parlementaires. Au menu, sa discrète contribution à une saine gouvernance politique. Huit projets de loi à approuver sans suspense, vu le sentiment unanime du devoir à accomplir. Ce n’est ni le lieu ni le moment de refaire le monde. Ce n’est pas l’avis de Rik Daems, député régional flamand et sénateur Open VLD. Trente ans de vie parlementaire au compteur, un titre de ministre fédéral sous Verhofstadt I (1999-2003) : c’est un sage qui prend brièvement la parole. Tant pis pour l’ambiance : car désolé, chers collègues, mais rien n’est fondamentalement tranché ni assaini.  » Dans tout ce que nous avons fait à ce jour, nous ciblons encore les symptômes plutôt que de nous attaquer aux véritables problèmes.  » Ils se nomment : confusion d’intérêts et concentration des pouvoirs. A vouloir partir à la chasse aux mandats électifs, on roulerait carrément à contresens.  » Nous avons clairement pris la direction opposée. Le pouvoir n’a fait que se concentrer davantage entre les mains d’un nombre plus petit de personnes. A mes yeux, c’est là le contraire d’une véritable démocratie.  »

La faute aux partis qui faussent la sélection des représentants de la nation et veillent à ce que tout le monde ne soit pas à sa juste place dans les assemblées. Rik Daems ose prendre ses pairs à témoin :  » Voulons-nous ici faire le compte des mandataires qui siègent à la Chambre, au parlement flamand, au parlement wallon ou au Sénat, et qui, sur la base de leur résultat personnel, ne devraient pas y siéger ? Nombreux sont ceux qui font remarquer, à juste titre, que le candidat qu’ils ont choisi et qui devrait siéger au Parlement n’y siège pas et qu’ils ont un gouvernement qu’ils n’ont pas choisi.  »

Nivellement par le bas

Qu’attendent les élus pour se faire vraiment violence ? De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. Celle qui leur manque lorsque le peuple gronde sous la révélation d’un scandale et les députés cèdent à la facilité pour apaiser au plus vite sa colère. Ce courage que Rik Daems prend à deux mains pour une (auto)critique :  » Il est arrivé que certains de nos collègues, ils l’ont reconnu en coulisse, votent des mesures parce que l’opinion publique les y avait incités. Ces responsables politiques, et j’en fais partie, n’ont pas eu le courage nécessaire de faire ce qui devait être fait. Il m’est à moi aussi arrivé, par le passé, de voter certaines mesures qui me paraissaient exagérées et qui, au bout du compte, allaient nuire à la sphère politique au point de décourager certains de se lancer dans cette voie-là.  »

Les rangs s’éclaircissent dangereusement, s’alarme le sénateur libéral :  » Regardez autour de vous et comparez la situation à celle d’il y a cinq, dix ou quinze ans. Elles sont nombreuses, les personnes de qualité qui auraient pu siéger dans notre assemblée mais qui se sont entre-temps retirées et ne veulent plus nous apporter leur concours.  »

Tout cela pourrait mal finir :  » Nous assisterons à un nivellement par le bas pour nous retrouver dans une situation où, comme chez les Grecs anciens, seuls ceux qui n’ont pas besoin de gagner leur vie deviendront des responsables politiques. Est-ce ce que nous voulons ?  » Ce matin-là au Sénat, la question existentielle s’est noyée dans l’ordre du jour. Comme un moment d’égarement.

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