Christine Laurent

Reynders en quête de l’inaccessible étoile?

Christine Laurent Rédactrice en chef du Vif/L'Express

IL NOUS FALLAIT UN NOUVEAU BRICOLEUR -PRESTIDIGITATEUR, c’est fait ! Didier Reynders se glisse dans le fauteuil à peine tiède de Johan Vande Lanotte. Il plane.

Enfin, l’heure des libéraux ! C’est comme ça la politique, honni hier, plébiscité demain. Un grand carrousel où il faut savoir attraper la floche au bon moment ! Le futur ex-président du MR n’est pas un dilettante, il a ses repères dans l’obscure clarté de notre paysage politique, le voilàà nouveau dans l’arène, en pleine lumière. Pour un simple tour de piste ou un vrai déminage ? Mystère, mystère. Car il en faut de la créativité pour inventer du neuf dans un décor en lambeaux. « Si tu ne cherches pas l’inespéré, tu ne trouveras rien », affirmait Héraclite. Reynders en quête de l’inaccessible étoile… Pas facile, facile quand il faut dialoguer, entre autres, avec une N-VA qui multiplie les ouvertures et les « recroquevillements ». Qui oscille sans cesse entre un schéma progressif et une vision révolutionnaire. Et qu’il s’agit rien moins que de déstructurer notre pays pour en ériger un autre. Avec, en prime, un Etat providence qui n’a plus un sou en poche. Un processus qui exige du temps. La seule discussion, autrefois, autour du 107 quater n’a-t-elle pas duré dix ans ?

« Deux démocraties dans un pays, c’est unique au monde », aime à rappeler Bart De Wever qui souligne avec délectation les divergences croissantes qui séparent le Nord du Sud. Il faut donc détricoter cette mauvaise dentelle. Oui, mais… Où se nichent les solutions miraculeuses qui vont permettre à la fois d’élargir l’autonomie des Régions tout en renforçant le pouvoir fédéral, un soutien rendu indispensable si, comme le demandent les francophones, on veut le maintien d’un minimum de solidarité interpersonnelle ? La N-VA, parti radical, acceptera-t-elle, in fine, de signer un compromis, non pas à la papa, comme tous ceux qui ont été conclus par le passé et aujourd’hui dépassés, mais novateur, elle qui a si peur de se faire rouler par le CD&V ? Un compromis sans vainqueur, comme le définit Louis Michel. « Il s’agit juste de donner, de concéder et de recevoir », a-t-il précisé mercredi sur les ondes de la RTBF. Un bon accord à bénéfice réciproque, avec un donnant-donnant pour seul fil conducteur. Or, sans accord négocié, pas de réforme de l’Etat, ni de scission du pays.

Bart De Wever est bien trop malin pour ne pas le savoir. Et le temps joue contre lui. Le bon peuple attend de ses élus qu’ils résolvent les problèmes. Il serait surprenant que les électeurs de la N-VA pensent autrement. La stagnation peut lui en faire perdre des plumes ! Du moins si l’on en croit un ex-premier rôle de la scène politico-médiatique flamande, Jean-Marie Dedecker interviewé par Le Vif/L’Express cette semaine. Il pointe la versatilité de l’électeur flamand qui, du jour au lendemain, détrône ceux qu’il a adorés la veille. Et De Wever est un pur produit de l’infotainment qui sévit au Nord et qui voit les hommes politiques se prêter à toutes sortes de farces et jeux médiatiques pour faire des voix. Pis, on le dit stressé. Pour preuve, « il mange trop », pointe Dedecker. Enfin, le coup de grâce : « Bart ne sait pas décider, il tourne autour du pot. » Inquiétant, très inquiétant. Car, comme l’a rappeléDe Tijd dans son édition du 29 janvier dernier, nous saurons en mars prochain si la Belgique passera à nouveau le test des marchés financiers. Un mois marqué en rouge dans les agendas européens. Une masse importante d’obligations d’Etat à long terme (italiennes et belges) viendront alors àéchéance. Pas moins de 30 milliards d’euros sur le marché des capitaux. Un momentum qui pourrait faire mal, très mal. L’heure de l’inévitable régime pour De Wever a-t-elle enfin sonné ?

Christine Laurent

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