Jacky Morael et Roger Lallemand, deux grands hommes et ministres d'Etat. © DANNY GYS/REPORTERS - HERWIG VERGULT/BELGAIMAGE

Rétro 2016 : Morael et Lallemand, partis trop tôt depuis longtemps

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Jacky Morael et Roger Lallemand sont morts, cet automne. Mais il y avait longtemps, déjà, qu’ils avaient pris d’attentives distances.

Le monde politique se divise en deux catégories : ceux qui s’accrochent longtemps et qu’on oublie très vite, et ceux qui s’éloignent rapidement mais qu’on n’avait pas oubliés. La Belgique a perdu deux de ceux-ci, cet automne. Roger Lallemand et Jacky Morael : deux grands hommes que le Royaume avait élevés au ministère d’Etat. Deux figures que le tempérament et les choses de la vie, ces choses même, l’âge, la maladie, la mort d’un parent, qui semblent miner si peu les grands fauves qui nous gouvernent, avaient portées vers l’effacement.

Le premier, avocat socialiste, né à Quevaucamps mais grandi sur le campus du Solbosch, à l’ULB dont il avait présidé le cercle du libre-examen, avait porté les combats chers aux coeurs battant librement. Il a donné, avec la libérale Lucienne Herman-Michielsens, son nom à la loi dépénalisant partiellement l’avortement, votée avec les réticences que l’on sait, et a insufflé, accompagné, encouragé d’autres de ces initiatives dites éthiques qui ont transformé un Royaume conservateur en une Belgique progressiste. Il est décédé le 20 octobre, à 84 ans.

Le second, écologiste liégeois, éveillé, à l’athénée de Vottem par José Daras dont il fut l’espiègle élève puis le subtil attaché parlementaire, a fait d’Ecolo le parti qu’il est aujourd’hui, une formation avec des doutes, certes, mais avec un chemin, aussi. Et avec des perspectives. Celles d’aspirer à diriger un pays plutôt que d’en simplement constater les défaillances. C’est lui, après le triomphe électoral de 1999, qui fit monter Ecolo dans les gouvernements dits  » arc-en-ciel  » du fédéral, de la Région wallonne et de la Communauté française. Mais c’est de lui également que ne voulurent pas ses camarades comme vice-Premier ministre. Parce que la vie politique est parfois plus chienne que la vie personnelle, et pas moins chez les verts qu’ailleurs. Il est mort le 6 décembre, à 57 ans.

Les deux avaient chacun leur élégance, celle du plaideur compassé de la capitale, pour l’un, celle du hâbleur coquin de la Principauté, pour l’autre. Les deux, qu’on le veuille ou non, avaient la classe, cette classe qui ne leur fit pas craindre de s’écarter lorsque ça alla moins bien. Ils manquaient déjà. Ils manqueront toujours.

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