Les employés d'ING Belgique ont vécu un octobre noir. © LAURIE DIEFFEMBACQ/BELGAIMAGE

Rétro 2016 : ING, la grande lessive qui fait tache

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

La banque néerlandaise met à la porte plus de 3 000 travailleurs en Belgique. Sous prétexte de révolution numérique. Un peu court comme explication.

A la trappe : 3 158 équivalents temps plein, un tiers des effectifs d’ING en Belgique prié de prendre la porte dans les cinq prochaines années, 600 agences envoyées à la casse d’ici à 2021. Octobre noir. La banque au lion orange frappe fort. Elle inflige au pays un de ces coups de massue auquel il a toujours autant de mal à s’habituer. La direction du groupe bancaire néerlandais n’entend faire ni les choses à moitié ni dans la dentelle. L’ampleur du dégraissage annoncé ce 4 octobre n’a d’égale que sa brutalité. C’est à coup de licenciements secs que la moitié des jobs devraient être supprimés.

Le séisme social déclenche la classique réaction en chaîne. Consternation, indignation, incompréhension, mélange de rage et de désespoir. L’insolente santé financière d’ING Belgique, capable de verser sept milliards d’euros à sa maison mère en dix ans, paraît tellement peu compatible avec un nettoyage d’une telle envergure.

Le management peut tout expliquer : la banque de papa est à l’agonie. Il serait temps de comprendre que le monde tourne et que la révolution numérique est en marche, qui bouleverse les usages et pousse les clients à déserter les agences pourvoyeuses d’emploi pour céder aux charmes de la banque par Internet ou de la banque mobile. Temps d’admettre que la banque n’est plus qu’ un secteur sous pression, qui s’est déjà soulagé en Belgique de 15 000 emplois en dix ans. Temps d’accepter que les taux d’intérêt au plancher conjugués à la volonté de mettre les banques au pas par une surréglementation coûteuse et un contrôle tatillon, concourent à plomber les résultats. Tout commande de tailler bien avant qu’il ne soit trop tard…

C’est de cela que la direction d’ING préfère parler pour justifier son acte. Pour ne pas à devoir s’appesantir sur le reste. Sur la soif chronique de dividendes de l’actionnaire. Sur les impératifs de rentabilité qui n’exigent aucune faiblesse ni états d’âme. Sur la décision du groupe de délocaliser des activités bancaires vers des pays à bas salaires en Asie ou en Europe de l’Est. Bref, sur tout ce qui révolte jusqu’à l’écoeurement. Jusqu’à cette sensation que veut faire partager le CEO d’ING, Ralph Hamers, de vivre  » des choses excitantes  » à l’heure de casser de l’emploi.

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