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Retour sur le ton du discours mémorable du roi Albert du 20 juillet 2011

Le Vif

Le roi Albert II a affirmé mardi qu’il n’avait « prévenu personne » du ton sur lequel il a prononcé son discours resté célèbre du 20 juillet 2011, lorsqu’il avait presque exprimé sa colère face aux risques qu’une longue crise faisait courir au pays et à « tous les Belges ».

« Je n’avais prévenu personne », a indiqué Albert II, dans une interview télévisée – une première en Belgique pour un ancien souverain belge – dont la chaîne de télévision privée RTL-TVI a diffusé mardi soir la seconde partie. Il a toutefois assuré que « les mots » du texte de son discours avaient été approuvés par le Premier ministre (démissionnaire et chargé d’expédier les affaires courantes) de l’époque, Yves Leterme.

« Les mots étaient toujours contrôlés par le Premier ministre. Mais la manière dont on dit les mots pouvait changer. Et donc je pouvais mettre un peu plus du mien en appuyant sur les mots acceptés (…), d’une certaine manière, a-t-il déclaré.

La Belgique était alors en plein dans la crise qui l’a privée de gouvernement de plein exercice durant 541 jours, d’avril 2010 à décembre 2011, entre la démission de l’équipe Leterme II et la formation du gouvernement Di Rupo.

Le souverain, qui a abdiqué en juillet dernier, avait dans ce discours – traditionnel, mais empreint de sa patte personnelle – solennellement mis en garde contre la poursuite de la crise politique, soulignant qu’elle pourrait « endommager l’élan même de la construction européenne ».

« Je suis affligé par la plus longue durée, de mémoire d’homme, de formation d’un gouvernement. Cela crée chez beaucoup d’entre vous un sentiment d’inquiétude quant à l’avenir », avait-il ajouté.

« La durée de cette crise suscite aussi, dans une grande partie de la population, de l’incompréhension vis-à-vis du monde politique qui n’apporte pas de solution aux problèmes. Cela risque de développer une forme de poujadisme qui est dangereuse et néfaste pour la démocratie », avait-il encore dit.

Le frère du roi Baudouin, qui concède avoir accédé au trône sans guère de préparation adéquate après la mort subite de son frère, le roi Baudouin, le 31 juillet 1993, a toutefois assuré qu’il accepterait à nouveau la charge de chef de l’Etat dans des circonstances identiques.

« Si je me trouve devant les mêmes situations, je le referai puisque je me sentirais moralement obligé de le faire », a-t-il dit, tout en évoquant la possibilité de le faire « autrement » et en citant l’affaire Dutroux.

L’ancien souverain a ainsi admis qu’il aurait sans doute réagi « différemment » au début de son règne après la révélation de l’arrestation de ce pédophile responsable de la mort de plusieurs fillettes. « Avec l’expérience, je serai revenu plus vite » de vacances », a-t-il admis.

« On en rêvait la nuit, c’était épouvantable », a révélé l’ancien roi, qui avait reçu à l’époque avec la reine Paola plusieurs familles d’enfants disparus et pas seulement du fait de Marc Dutroux.

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