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Rentrée académique : plusieurs dossiers chauds à l’épreuve de la majorité PS-cdH condamnée à cohabiter

Même si le tout premier examen d’entrée en médecine organisé la semaine passée en Fédération Wallonie-Bruxelles a de facto donné le véritable coup d’envoi de la nouvelle année académique, c’est ce vendredi seulement que l’enseignement supérieur francophone — et ses quelque 210.000 étudiants — fera officiellement sa rentrée.

Comme pour l’enseignement obligatoire il y a quinze jours, ce retour vers les auditoires intervient après un été marqué par l’échec du président du cdH, Benoît Lutgen, à former une nouvelle majorité, plaçant ainsi la Fédération Wallonie-Bruxelles dans une situation politique inédite.

Bien malgré eux, les centristes resteront en ménage avec les socialistes, et ce vraisemblablement jusqu’à la fin de cette législature. Même si chacun des partenaires semble vouloir jouer aujourd’hui la carte de l’apaisement pour le bon fonctionnement de l’institution, plusieurs dossiers d’envergure pourraient rapidement raviver les tensions.

Il en va ainsi du projet de fusion entre l’UCL et l’université bruxelloise Saint-Louis. En mai dernier, un mois à peine avant que Benoît Lutgen ne lance son appel du 19 juin, celles-ci avaient confirmé leur volonté de convoler en justes noces.

Mais pour se concrétiser, cette fusion impose de trouver une majorité au Parlement de la Fédération, appelé à modifier le décret sur le paysage de l’enseignement supérieur. Depuis mai, la balle est donc dans le camp du politique. Mais quatre mois plus tard, le dossier n’a pas évolué d’un millimètre. « On attend que le politique bouge… », soupire-t-on ainsi à l’UCL.

Au cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt (PS), on reconnaît que les choses sont en suspens. Mais la crise politique de l’été -« provoquée par le cdH »- a eu pour effet de geler tous les dossiers, fait valoir son porte-parole. « Le ministre Marcourt s’occupe d’abord des urgences sociétales. Le dossier UCL-Saint-Louis viendra après… »

Initialement prévu pour septembre 2017, le mariage attendra donc encore un peu. Bien avant que Benoît Lutgen ne retire la prise le 19 juin dernier, PS et cdH étaient déjà apparus profondément divisés sur l’opportunité d’approuver cette fusion, vertement dénoncée par l’ULB qui voit d’un très mauvais oeil la poursuite du développement de l’université catholique sur son pré-carré bruxellois.

Vu la situation politique actuelle entre PS et cdH, certains estiment d’ailleurs que le dossier n’a maintenant plus aucune chance d’aboutir. D’autres, au contraire, pensent que le mariage pourrait toujours être célébré, mais que des concessions (importantes) devront préalablement être faites en direction de l’ULB…

Objet d’un compromis politique au printemps dernier, un autre projet d’envergure devrait lui aussi prochainement revenir à la table du gouvernement, à savoir la révision de la formation initiale des enseignants. L’idée est de former à l’avenir tous les instituteurs et régents en quatre ans, plutôt que trois comme aujourd’hui.

L’avant-projet de décret vient d’être soumis à l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES). Celle-ci a remis un avis positif sur les objectifs du décret, tout en formulant néanmoins une série de critiques sur les modalités organisationnelles du projet. Le ministre Marcourt souhaite, lui, voir sa réforme entrer en vigueur dès la rentrée de septembre 2019. « C’est un peu juste au niveau calendrier, mais c’est encore jouable. Si le décret est approuvé, disons, d’ici janvier 2018, c’est possible. Cela laissera alors un an et demi aux établissements pour mettre en oeuvre la réforme », dit un observateur privilégié du dossier.

Autre dossier en souffrance à régler dans les prochains mois: la refonte des études de kinésithérapie. Sur la table du gouvernement depuis l’an dernier déjà, le projet n’a au vrai guère progressé ces douze derniers mois, en raison de « divergences entre partenaires PS et cdH », dit-on à bonne source.

L’objectif ici est de mettre fin à la double filière de formation en place, source aujourd’hui de concurrence entre les Hautes écoles et les universités. En cas d’absence d’accord d’ici le printemps prochain au plus tard, le dossier serait ici aussi immanquablement renvoyé à la prochaine législature.

Désormais forcés à cohabiter, PS et cdH auront en tout cas très rapidement l’occasion de mesurer leur capacité à dialoguer et trouver des compromis. Le gouvernement de la Fédération doit en effet désigner d’ici la fin de ce mois de septembre un nouveau président à la tête de l’ARES, l’organe de pilotage de tout l’enseignement supérieur francophone.

Une succession qui ne sera pas forcément aisée à relever après celle — très appréciée — de l’ancien ministre Philippe Maystadt, contraint le mois dernier à une démission anticipée pour raisons de santé.

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