Thierry Denoël

Réforme SNCB : qu’en pensez-vous, vous les usagers ?

Thierry Denoël Journaliste au Vif

Ne nous y trompons pas. Les syndicats réclament une SNCB intégrée pour protéger le statut unique des cheminots. Point. Aujourd’hui, dans le groupe à trois têtes, la SNCB-holding, qui gère le personnel, est le garant de ce statut. Si l’on sépare l’entreprise en deux entités distinctes – Infrabel pour l’infrastructure et la SNCB pour l’exploitation – rien ne garantit, malgré les promesses du ministre Paul Magnette (PS), que ce statut restera unique à long terme. D’où les craintes des syndicats. Et la grève de ce mercredi.

Le ministre Magnette et, derrière lui, le gouvernement veulent imposer leur plan de structure à deux. Leur argument principal : il s’agit d’une obligation européenne pour éviter les situations monopolistiques et permettre la concurrence entre opérateurs sur le rail. Décryptage : si l’on en croit l’avocat général de la Cour européenne de Justice qui vient de rendre un avis sur le sujet, il semble que la directive 91/440 (qui libéralise le secteur ferroviaire de l’U.E.) n’impose pas cette séparation entre le gestionnaire et l’opérateur. Les juges doivent encore se prononcer.

Alors, Magnette plus catholique que la Commission européenne ? En tout cas, de nombreux arguments plaident pour la structure intégrée. 1. Les économies d’échelle : aujourd’hui, la scission à trois coûte 100 millions d’euros par an. 2. La charge de la dette du chemin de fer : celle-ci s’élèvera à 4 milliards au début de l’an prochain. Actuellement, la plus grosse part est détenue par la SNCB-Holding amenée à disparaître. Si scission à deux il y a, comment répartir ce montant ? Un casse-tête insoluble ! 3. L’exemple des voisins : l’Allemagne a choisi une structure intégrée, au grand dam de la Commission européenne qui a saisi la Cour de Justice. La France souhaite y revenir, au nom de l’efficacité. Même les Pays-Bas, premier élève européen à scinder le rail en deux, se demandent s’ils ont bien fait. Bref, derrière l’entêtement de Magnette, on ne peut s’empêcher de se dire qu’il y a de la politique politicienne : une SNCB coupée en deux représente plus de postes dirigeants à pourvoir par les partis du gouvernement…

Et les usagers dans tout cela ? Le sénateur François Bellot (MR), qui défend la structure unique, a déjà proposé que ceux-ci s’asseyent autour de la table de négociation sur la réforme de la SNCB. Et pourquoi pas ? Les usagers ont des représentants bien informés qui ont leur mot à dire. En réalité, cela tombe sous le sens. Et si l’on commençait tout de suite, en envoyant vos propositions au ministre Magnette !

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