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Réactions suite à l’opération anti-terroristes : « c’est du jamais vu »

Le professeur Brice De Ruyver espère que toutes les ramifications de la cellule de Verviers seront découvertes dans les prochaines heures. L’imam de la mosquée de Verviers a lui aussi réagi.

Une attaque perpétrée avec des armes automatiques et de guerre contre les services de police constitue probablement une première en Belgique, selon Brice De Ruyver, professeur à l’Institute for International Research on Criminal Policy de l’Université de Gand. L’expert en sécurité ne se souvient pas que des organisations terroristes aient déjà utilisé du matériel de guerre contre les forces de l’ordre en Belgique. « Les tueurs du Brabant avaient certainement des visées politiques, mais nous ignorons toujours leur objectif, je n’oserais donc pas qualifier cela de terrorisme », commente M. De Ruyver. Il explique que des organisations terroristes comme le PKK et les CCC n’utilisaient pas d’armes de guerre contre la police. « Ce qui vient d’arriver ce soir est une première en Belgique selon moi. » Brice De Ruyver espère que la justice mettra au jour les ramifications de ce réseau dans les prochaines heures. « Tout indique que ce sont des personnes qui travaillent pour leur propre compte. Nous avons vu en France jusque où cela mène. Quand des personnes se trouvent dans cette phase, cela devient très clair: il se situent en dehors de la société et veulent s’en prendre directement à la société. Vous ne pouvez alors espérer qu’une seule chose: être plus rapide qu’eux. »

« Créer du lien et s’unir les uns les autres »

Monseigneur Jean-Pierre Delville était en visite jeudi après-midi au sein de la communauté musulmane de Verviers au moment où un assaut était donné dans une habitation de la rue de la Colline contre une cellule djihadiste. « Au moment même où je visitais la mosquée du Céciv, un groupe de terroristes était repéré et abattus par la police. La cordialité manifestée par la communauté musulmane de Hodimont contraste avec la violence de ceux qui trahissent l’Islam par leur agressivité aveugle », a déclaré l’évêque en soirée après l’opération.

Avant l’assaut lancé dans le centre de la ville, Monseigneur Delville était en train de visiter la mosquée Assahaba, la plus importante de Wallonie, située dans le quartier d’Hodimont à Verviers. Il a prôné le rapprochement des religions. « Il faut créer du lien et s’unir les uns les autres surtout à l’heure où on tente de diviser la société par des actes terroristes », a-t-il déclaré. L’évêque de Liège, en immersion cette semaine dans le doyenné de Verviers, avait tenu à rencontre les imams de la mosquée Assahaba dans le cadre de l’ouverture et du dialogue inter-religieux. Il a insisté sur la réflexion que doit engendrer la critique stimulée par la liberté d’expression. « La caricature n’est pas une attaque sur le fond. C’est une mise à l’épreuve qui doit faire apparaître les vraies valeurs. »

Des valeurs également défendues par la communauté musulmane de Verviers, qui par la voix de l’imam Franck Hensch, prône l’union « et pas la division. Ne faisons pas le jeu des extrêmes ni le lit de la peur, mais bien celui de l’espoir ». L’imam a rappelé que la Belgique était un état qui reconnaissait le culte musulman, mais a aussi demandé que la société « intègre les jeunes en manque de repères, trop souvent stigmatisés et qui se réfugient dans le radicalisme faute d’appartenance à cette société ». Après l’opération anti-terroriste, l’évêque réitérait son appel à l’ouverture. « La guerre engendre la guerre. Seul le dialogue et la rencontre conduiront à la paix. »

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