Qui sont les kamikazes de Bruxelles ?

Le Vif

Il semble bien que cinq terroristes aient semé la terreur dans la capitale mardi. Des sources policières viennent de confirmer que la police était à la recherche d’un second suspect, probablement en fuite, pour l’attentat au métro Maelbeek.

Ibrahim El Bakraoui

Ibrahim El Bakraoui
Ibrahim El Bakraoui© AFP

Ibrahim El Bakraoui, 29 ans, a grandi à Bruxelles. Il est l’un des deux kamikazes qui se sont fait exploser à l’aéroport de Bruxelles. Ses empreintes ont été retrouvées sur un des chariots ayant servi à déplacer les explosifs. C’est lui qui aurait écrit un dernier texte retrouvé dans un ordinateur abandonné dans une poubelle à Schaerbeek, au pied de l’immeuble où les assaillants ont notamment fabriqué leurs bombes et d’où ils sont partis en taxi vers l’aéroport. Dans son texte, il écrit « être dans la précipitation, ne plus savoir quoi faire » car il est « recherché de partout » et estime « ne plus être en sécurité ». Il stipule que « s’ils (les frères El Bakraoui) s’éternisent, ils risquent de terminer à côté de lui dans une cellule+ », sans préciser qui est ce « lui ».

Il avait été condamné en 2010 à dix ans de prison pour avoir tiré sur des policiers à la kalachnikov après un braquage, puis libéré sous condition en 2014.

Cette décision intervient malgré des avis contraires de la direction pénitentiaire, selon certaines sources. El Bakraoui a purgé à ce moment pratiquement la moitié de sa peine, plus que le minimum légal, souligne-t-on dans le milieu judiciaire. Les conditions assorties à sa libération sont entre autres qu’Ibrahim El Bakraoui ne quitte pas le pays pendant plus d’un mois. Il doit aussi se présenter chaque mois auprès d’un assistant de justice.

A cette période, l’organisation Etat Islamique (EI) gagne du terrain en Irak et en Syrie au point de proclamer un « califat » sur des pans de ces deux pays. Des milliers d’apprentis jihadistes affluent dans la région. Ibrahim serait l’un d’eux.

En juin 2015, il est arrêté par la Turquie à Gaziantep, tout près de la frontière syrienne, avant d’être expulsé. Selon une source belge, cette interpellation aurait été signalée le 26 juin par les autorités turques à l’officier de liaison belge de la police à Ankara. Une procédure de révocation aurait immédiatement été initiée. Une procédure qui semble avoir pris pas mal de temps. Deux semaines plus tard, le 14 juillet, El Bakraoui est mis dans un avion.

« Bien que nous les ayons informées que cet individu était un combattant terroriste étranger, les autorités belges n’ont pas été en mesure d’identifier ses liens avec le terrorisme », a souligné le président turc Recep Tayyip Erdogan sans le nommer.

Le même jour que le signalement par les autorités turques de son interpellation, soit le 26 juin 2015, El Bakraoui devait se présenter auprès de son assistant de justice en Belgique, selon la même source. Après une nouvelle opportunité manquée le 29 juin, El Bakraoui a officiellement enfreint les conditions de sa mise en liberté provisoire.

Le 21 août 2015, le tribunal d’application des peines a prononcé la révocation de la liberté sous conditions d’El Bakraoui. « Il n’est pas aisé de ramener en prison des gens qui n’ont pas respecté les conditions de leur liberté de manière flagrante, comme cela semble avoir été le cas pour monsieur Bakraoui », avait ajouté Koen Geens mercredi soir.

Selon une information du parquet fédéral, l’appareil a pour destination les Pays-Bas et non la Belgique, a indiqué le ministre de la Justice, Koen Geens. En outre, il s’agissait « plus que probablement d’un renvoi », d’une expulsion, selon M. Geens. « Ce n’était certainement pas une extradition ». Le ministre ajoute qu’El Bakraoui était à ce moment connu des services belges uniquement pour banditisme, et non pas pour terrorisme.

Beaucoup d’incertitudes demeurent donc autour d’autres contacts éventuels entre les autorités belges, néerlandaises et turques à propos d’El Bakraoui. Les ambassades belge et néerlandaise à Ankara auraient en tous cas, à un moment donné, été informées du fait qu’El Bakraoui avait été mis dans un avion.

Khalid El Bakraoui

Khalid El Bakraoui
Khalid El Bakraoui© AFP

Âgé de 27 ans, Khalid El Bakraoui s’est fait exploser à la station de métro Maelbeek. Il a lui aussi grandi à Bruxelles et est, comme son frère, passé par la case « prison ». En 2011, il est condamné à cinq ans de prison pour des vols de voitures violents.

Il est aussi fiché pour « terrorisme » par Interpol selon une fiche consultée mercredi par l’AFP. Il est soupçonné d’avoir loué l’appartement de Forest sous une fausse identité. Pour rappel, c’est à partir de la perquisition dans cet appartement, qui tourne en fusillade, que la traque de Salah Abdeslam s’intensifie et que celle-ci aboutit à son arrestation vendredi.

La police fait aussi le lien avec un autre appartement loué à Charleroi également avec de faux papiers. Or, c’est de cette ville qu’étaient partis des commandos avant de commettre les attentats à Paris. Notamment Chakib Akrouh, membre du trio ayant semé la mort sur les terrasses parisiennes, et Abdelhamid Abaaoud, considéré comme l’un des architectes des attaques.

Najim Laachraoui

Najim Laachraoui
Najim Laachraoui© AFP

C’est le deuxième kamikaze de l’aéroport de Bruxelles. Il a été identifié sous plusieurs identités. Comme Abou Idriss lorsqu’il était combattant de l’EI. Ensuite comme Soufiane Kayal, l’inconnu qui serait revenu en Europe en même temps que Mohamed Belkaïd, l’homme abattu à Forest et qui aurait été récupéré en septembre 2015 à la frontière par Salah Abdeslam.

C’est également lui, sous cette même identité de Soufiane Kayal, qui aurait loué la maison d’Auvelais qui aurait servi de base durant la préparation des attentats.

Né au Maroc, il a aussi grandi à Bruxelles dans une famille de six enfants, dans le quartier de Schaerbeek où il a fréquenté pendant six ans le lycée catholique Sainte-Famille. « C’était un élève normal », a déclaré un responsable de l’école. En 2009, Laachraoui obtient son diplôme en électronique, selon un document posté sur le site de l’établissement. Il fréquentait déjà alors très régulièrement les conférences du Collectif de réflexion musulmane et une mosquée d’Evere.

Quatre ans plus tard, en septembre ou février 2013 selon les sources, il part pour la Syrie parmi les premiers « contingents » de jihadistes venus d’Europe, pour combattre au sein de l’EI sous le nom d’Abou Idriss, selon des médias. Il y aurait rejoint « Bilal Bouit (alias Abou Saad) et, semble-t-il, Jejoen Bontinck, le « repenti » de Sharia4Belgium. » selon le Soir. Il y aurait surtout joué un rôle central comme point de contact et en assurant la logistique.

Le procureur avait requis contre lui le 29 février 2016, quinze ans de prison pour avoir fait partie d’une filière qui aurait acheminé une douzaine de candidats au jihad vers la Syrie. Il faisait également l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis le 18 mars 2014. En septembre, il réapparaît en Europe, contrôlé par la police sous une fausse identité, dans une Mercedes conduite par Salah Abdeslam. Lachraoui est soupçonné d’être l’artificier de Paris. Des traces de son ADN ont été découvertes sur des explosifs utilisés dans les attaques de novembre et dans les lieux utilisés par le commando. Il était activement recherché depuis le 4 décembre.

Qui est l’homme toujours en fuite, l’homme au chapeau ?

1: Najim Laarchaoui 2: Ibrahim El Bakraoui 3: Recherché
1: Najim Laarchaoui 2: Ibrahim El Bakraoui 3: Recherché © Belga

La police belge recherche « activement » le troisième homme figurant sur les images de vidéosurveillance de l’aéroport, à droite d’Ibrahim El Bakraoui et de Najim Laachraoui. Cet homme est en fuite et est « parti avant les explosions » selon le parquet. Il apparaît sur les photos en veste et chemise claires, portant des lunettes sous un chapeau noir et poussant, comme les deux kamikazes décédés, un chariot avec un gros sac noir, qui contenait « la charge explosive la plus importante » évoquée par le parquet. Celle-ci a explosé suite à l’action des services de déminages ne faisant aucun blessé.

Toujours selon le parquet aucune arme de guerre ou de poing n’a été retrouvée à Zaventem. Or des blessés ont été soignés pour des blessures par balle. Donnant plus de crédit à l’éventuelle fuite de l’homme au chapeau.

Un cinquième homme

La police recherchait jeudi un deuxième suspect en lien avec l’attentat suicide du métro de Bruxelles, un homme aperçu aux côtés du kamikaze Khalid El Bakraoui sur les images de vidéosurveillance, ont indiqué des sources policières. Une source policière a confirmé qu’un homme avait été vu avec un gros sac à côté du kamikaze, sur les images de vidéosurveillance de la station de Maelbeek, dans le quartier européen, où une vingtaine de personnes sont mortes mardi. On y voit Khalid El Bakraoui parler avec le suspect, qui n’est pas rentré avec lui dans la rame, a précisé une source proche du dossier. Interrogé par l’AFP, la société exploitante du métro, la Stib, n’a pas confirmé ces informations, indiquant seulement avoir transmis toutes les images de vidéosruveillance à la police.

Des images de la STIB montrent que Khalid El Bakraoui était accompagné d’un deuxième homme avec un grand sac noir. On les voit en train de se parler avant les attentats.

Qui est Mohamed Abrini ?

Mohamed Abrini
Mohamed Abrini © AFP

Son nom revient dans la presse car il est toujours recherché.

Ce Belgo-Marocain, âgé de 30 ans, a été filmé deux jours avant les attaques parisiennes en compagnie de Salah Abdeslam, à la station-service de Ressons-sur-Matz, près de Compiègne, dans l’Oise, sur l’autoroute en direction de Paris. Mohamed Abrini était au volant de la Renault Clio retrouvée à Paris après les attentats. Mohamed Abrini et Salah Abdeslam, tous deux originaires de Molenbeek, ont encore été vus la veille des attentats à Bruxelles. Mohamed Abrini est suspecté d’avoir séjourné en Syrie. Son jeune frère Souleymane a rejoint l’Etat islamique en janvier 2014 et est mort huit mois plus tard. Ce jeune frère aurait combattu dans la même cellule qu’Abdelhamid Abaaoud. Mohamed Abrini a été condamné à plusieurs reprises pour des délits de droit commun, principalement pour des vols avec violence. Abrini est toujours en fuite.

Enfin, pour rappel :

MOHAMED BELKAID, alias SAMIR BOUZID

MOHAMED BELKAID aka Samir Bouzid
MOHAMED BELKAID aka Samir Bouzid© AFP

Il a été tué à Forest lors de l’assaut donné sur un appartement de la rue du Dries le 15 mars. Il aurait apporté un soutien logistique à Abaaoud et est également soupçonné d’avoir été en liaison avec des assaillants le soir du 13 novembre.

Sous l’identité de Samir Bouzid, il aurait été présent à bord d’un véhicule en compagnie de Salah Abdeslam lors d’un contrôle le 9 septembre à la frontière austro-hongroise, en détention de faux papiers belges. Quatre jours après les attentats de Paris, cet individu a été filmé par les caméras de surveillance d’un bureau Western Union, à Bruxelles, alors qu’il versait 750 euros à l’attention de Hasna Ait Boulahcen, la cousine d’Abdelhamid Abaaoud. Dans la soirée des attentats, le 13 novembre, il aurait été en contact par SMS avec les auteurs des attaques parisiennes. Selon les enquêteurs, il y a une « forte probabilité » que Belkaïd ait été le destinataire du SMS « On est parti, on commence », envoyé le 13 novembre au soir par l’un des kamikazes de la salle de spectacle du Bataclan, à un téléphone localisé en Belgique.

Salah Abdeslam, logisticien présumé des attaques de Paris

Salah Abdeslam
Salah Abdeslam© AFP

Français, 26 ans, frère de Brahim et ami d’Abaaoud, Salah Abdeslam a été arrêté le 18 mars à Molenbeek. Il est notamment soupçonné d’avoir convoyé les kamikazes au Stade de France et a affirmé aux enquêteurs belges qu’il voulait s’y faire exploser, avant de faire « machine arrière ». Salah Abdeslam, capturé vendredi à Molenbeek après quatre mois de cavale. Incarcéré depuis à Bruges, « souhaite partir en France le plus vite possible », a dit jeudi son avocat Sven Mary, affirmant qu’Abdeslam n’était « pas au courant » des attentats de mardi.

« MONIR AHMED ALAAJ » aka « AMINE CHOUKRI »

Interpellé le 18 mars 2016 à Molenbeek, actuellement en détention préventive. Amine Choukri avait été contrôlé en compagnie de Salah Abdeslam à Ulm, en Allemagne, le 3 octobre dernier.

Pendant ce contrôle, les empreintes de Choukri avaient été relevées. Elles ont été ultérieurement prélevées dans la maison utilisée par la cellule terroriste à Auvelais, en région namuroise. Un faux passeport syrien au nom de Monir Ahmed Alaaj et une fausse carte d’identité belge au nom d’Amine Choukri ont ensuite été retrouvés le mardi 15 mars lors de l’intervention policière à la rue du Dries, à Forest. Au même endroit, des armes et des munitions ont également été trouvées.

Les deux identités connues de l’individu seraient fausses et les empreintes de l’homme ne seraient répertoriées dans aucune banque de données au monde. Les enquêteurs ignorent donc qui il est réellement et son rôle exact dans les attentats de Paris. Amine Choukri a été interpellé le 18 mars lors d’une opération de police menée rue des Quatre Vents à Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles), le même jour et à la même adresse que Salah Abdeslam et que trois membres d’une famille (Abid A., Sihane A. et Djemila M.) qui logeait ce dernier. Tout comme Salah Abdeslam, il a été inculpé le lendemain de participation à des assassinats terroristes et aux activités d’un groupe terroriste.

Le nom de MOHAMED BAKKALI serait indiqué dans le « testament » Ibrahim El Bakraoui.

Interpellé le 26 novembre, actuellement en détention préventive. Cet homme de 28 ans, originaire d’Ensival, louerait l’appartement de la rue Henri Bergé, à Schaerbeek, dans lequel des empreintes de Salah Abdeslam ont été découvertes le 10 décembre à l’occasion d’une perquisition.

Une voiture qu’il louait aurait été aperçue près des bases arrière qui auraient servi à la préparation des attentats, à Charleroi et Auvelais, mais le rôle présumé de Mohamed Bakkali dans ce dossier reste peu clair. Il a été inculpé d’assassinats terroristes et de participation aux activités d’un groupe terroriste.

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