© iStock

Qui sont ces jeunes qui harcèlent leurs camarades ?

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Selon une enquête de l’UCL, menée auprès de 2.261 élèves de 22 écoles francophones, un jeune sur trois serait concerné par le phénomène de harcèlement. Mais qui sont ces jeunes qui prennent plaisir à faire souffrir leurs camarades ?

En Belgique francophone, plus d’un jeune sur trois (35 %) est concerné par le phénomène de harcèlement à l’école entre la sixième primaire et la troisième secondaire : en tant que victime (16,4 %), en tant qu’auteur (13,9 %), ou au double titre d’auteur-victime (4,7 %), selon une enquête réalisée par l’équipe de Benoît Galand, chercheur et enseignant à l’UCL, rapportée par Le Soir.

Il existe également une différence notable entre les filles et les garçons. Un garçon sur cinq serait harceleur contre seulement une fille sur dix. Les doubleurs auraient également tendance à être plus souvent harceleur que les autres.

Selon les chercheurs, le harcèlement est défini selon trois critères : l’intention de nuire, la répétition et le déséquilibre de pouvoir entre les deux protagonistes. Il peut prendre différentes formes : « l’atteinte verbale, le dommage physique, les préjudices contre les biens, l’atteinte relationnelle (réputation, exclusion) ou le discrédit public sur les réseaux sociaux », détaille Le Soir. Selon Benoit Galand, le harcèlement se définit avant tout par la répétition et le côté délibéré des actes posés.

Qui sont les harceleurs ?

Si beaucoup d’études se sont penchées sur les souffre-douleur, peu de chercheurs se sont intéressés au profil des harceleurs. D’après une autre enquête, il existe un lien étroit entre harcèlement et trouble du comportement chez le harceleur.

L’hypothèse d’une violence gratuite est battue en brèche pour mettre en lumière la dimension rationnelle, réfléchie et stratégique de l’agressivité répétée de certains jeunes. Benoit Galand et son équipe ont mis en lumière cinq hypothèses comportementales qui pourraient correspondre à des profils de harceleurs, celles-ci pouvant être combinées.

1. Le « déviant » est celui qui ne respecte pas les normes sociales en vigueur. Il a tendance à consommer plus d’alcool et de drogues que la moyenne et à fréquenter d’autres jeunes déviants.

2. Le harceleur en « détresse » est celui qui a des sentiments négatifs par rapport à l’école, a du mal à se contrôler et qui utilisent le harcèlement « pour se défendre de sentiments dépressifs ».

3. Le « dominant » s’assure un statut de supériorité par le harcèlement de ses camarades.

4. Un autre type de harceleur utiliserait le harcèlement comme « protection » dans un milieu scolaire qu’il juge hostile (violence, iniquité…).

5. D’autres se servent du harcèlement comme « compensation » face à la frustration suscitée par le milieu scolaire : échec, distraction, etc.
Le harcèlement est également lié à des « attitudes ou croyances qui considèrent l’usage de la force comme un moyen légitime, efficace et nécessaire pour établir son statut », précise Benoît Galand.

Pour lutter contre ce phénomène, le chercheur préconise une présence et une vigilance des adultes dans les lieux où se développe le harcèlement, ainsi que de se montrer sensible aux plaintes des élèves. Il recommande également la mise en place de règles et de sanctions. Enfin, il propose de séparer en amont les potentiels harceleurs dans les classes et dans les groupes.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire