Joëlle Milquet © BELGA

Questions d’examen : une trentaine de recommandations pour éviter les fuites

Emballages opaques, cerclés et plastifiés, distribution des questionnaires moins étalée dans le temps, engagement de confidentialité pour tous les acteurs concernés, et sanctions en cas d’imprudence: la commission spéciale du Parlement de la Fédération relative aux épreuves externes dans l’enseignement a approuvé jeudi son rapport final.

Mise sur pied en juin dernier dans la foulée des fuites massives sur internet des questionnaires de différentes épreuves certificatives externes, la commission spéciale avance à présent une trentaine de recommandations à destination de la ministre de l’Education, Joëlle Milquet, pour éviter toute nouvelle déconvenue à l’avenir. Les députés y suggèrent notamment de responsabiliser davantage les différents acteurs tout au long de la chaîne de production et de diffusion des épreuves, notamment en leur faisant signer un « engagement de confidentialité », avec des sanctions à la clé en cas de non-respect, et de parvenir progressivement à la « dématérialisation totale du processus ». En raison des fuites de plusieurs épreuves du CE1D (2e secondaire) et du CESS (6e secondaire), la ministre Milquet avait été contrainte d’annuler pour des dizaines de milliers d’élèves la tenue des épreuves en question. Une décision sans précédent. L’enquête menée par l’inspection de l’enseignement avait rapidement permis de mettre en lumière des manquements de nature diverse dans certains établissements (stockage des épreuves dans des locaux non fermés, distribution anticipée des corrigés, etc.).

Outre des recommandations d’ordre général, le rapport formule aussi des suggestions plus spécifiques pour chaque étape du (long) processus d’élaboration, de fabrication et de distribution des questionnaires dans toutes les écoles de la Fédération. La commission préconise ainsi de réduire le nombre de membres dans les groupes de travail chargés de rédiger les questions, d’encourager ceux-ci à utiliser la plateforme informatique sécurisée de la Fédération, et d’organiser à l’avenir la tenue des différentes réunions de travail dans un délai plus court. Les députés recommandent aussi l’élaboration d’une épreuve « bis » par matière qui pourrait être immédiatement utilisée en cas de divulgation du questionnaire original. Ces épreuves bis seraient conservées en sécurité d’année en année tant qu’elles ne seraient pas utilisées. Quant à l’impression et la distribution, le rapport suggère de mieux sécuriser les paquets d’épreuves, en les recouvrant d’un emballage opaque, cerclé et plastifié. Ces paquets ne devraient en outre être distribués aux écoles que la veille seulement de passation de ces épreuves pour y limiter le temps de stockage.

A cet égard, les députés souhaitent que chaque école puisse disposer d’un endroit sécurisé, placé sous la responsabilité du chef d’établissement. Ils préconisent enfin de ne fournir les corrigés des épreuves aux enseignants que le jour de la passation de celles-ci. Ces conclusions ont été approuvées jeudi midi à l’unanimité des membres de la commission, opposition compris. Lors de la clôture des travaux, la majorité PS-cdH a répété son attachement à ces épreuves externes organisées depuis 2006, considérées comme un outil important de pilotage du système éducatif francophone.

Dans l’opposition, Barbara Trachte (Ecolo) a salué le travail accompli par la commission, déplorant toutefois que celle-ci ne se soit pas attachée suffisamment à l’analyse des fuites constatées en juin dernier. Françoise Bertieaux (MR) a appelé de son côté la majorité PS-cdH et la ministre de l’Education à déposer sans tarder les textes législatifs nécessaires pour ces différentes recommandations soient déjà d’application pour les prochaines épreuves certificatives, en juin prochain. « On ne peut pas se permettre de vivre une deuxième fois ce que nous avons vécu en juin dernier », a-t-elle averti. « Sinon, ces épreuves externes seront mortes!

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