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Querelles sur le sexe linguistique du premier ministre

La question du nombre de ministres a refait surface depuis que les principaux accords gouvernementaux sont conclus. Certaines personnalités du CD&V ont lancé le débat. Elles estiment que le futur probable premier ministre, Elio Di Rupo, devrait être compté dans le quota francophone du gouvernement fédéral alors que traditionnellement, l’homme qui remplit cette fonction est considéré comme « asexué linguistique ».

Pour le sénateur Rik Torfs (CD&V), qui s’exprimait ce matin sur Bel RTL « à titre personnel », le premier ministre doit faire partie intégrante de l’équilibre entre Flamands et Francophones dans le futur gouvernement. « Une majorité de ministres francophones serait assez curieuse, dans un pays où la majorité est flamande », a-t-il relevé. A ses yeux, cette demande ne peut pas être considérée comme vexatoire par les Francophones. « La parité n’est jamais vexatoire ».

Chez les démocrates-chrétiens flamands, l’on insistait en outre sur le signal positif que constituerait la réduction du nombre de ministre en ces temps de rigueur budgétaire. L’on affirmait aussi qu’il était de tradition par le passé de compter un premier ministre francophone dans le contingent francophone et de considérer un premier ministre flamand comme neutre d’un point de vue linguistique. De toute manière, ajoutait-on, ce point sera réglé lorsqu’il s’agira de répartir les postes ministériels.

A l’Open Vld, on ne souhaite pas entretenir ce débat publiquement alors des négociations sont en cours. Dans le quotidien « De Morgen », le président du sp.a, Bruno Tobback, insistait sur la tradition qui prévaut depuis 30 ans et selon laquelle le premier ministre est « neutre linguistiquement ». Si l’on veut moins de ministres, alors il ne faut en désigner que 13, a-t-il précisé.

Les partis francophones ne souhaitent pas non plus entrer dans une polémique. La conclusion des derniers accords demeure la priorité du moment, ont-ils rappelé. Ils ne voient toutefois pas pourquoi l’on devrait brusquement changer les règles du jeu à l’heure où un francophone pourrait devenir premier ministre.

Le président de la Chambre, André Flahaut (PS), a rappelé qu’un élu fédéral était élu pour l’ensemble de la Belgique, d’où qu’il vienne. « Il y a eu des gouvernements où des premiers ministres étaient néerlandophones, d’autres des francophones. Un élu pour le fédéral, c’est un élu du fédéral, je suis député du Brabant wallon mais je suis député pour l’ensemble de la Belgique… Que l’on soit germanophone, francophone, Bruxellois, Wallon ou Flamand, un Belge est un Belge, il n’y a pas de raisons d’avoir des règles différentes », a-t-il déclaré sur les ondes de Twizz Radio.

Tant le président du cdH, Benoît Lutgen, à son arrivée à la présidence de la Chambre, que le secrétaire d’Etat Melchior Wathelet sur les ondes de la RTBF, ont été clairs: il n’y a pas de raison que le gouvernement ne compte pas 15 membres et que le futur premier ministre ne soit pas considéré comme asexué linguistique.

Au MR, le son de cloche était identique. Les occasions récentes dans lesquelles le premier ministre était compté dans un quota linguistique étaient spécifiques, a-t-on fait remarquer. Il s’agissait de gouvernements de transition. Or, l’objectif poursuivi par les partis qui négocient actuellement est la formation d’un gouvernement pour toute la législature.

La composition du gouvernement est réglée par l’article 99 de la Constitution. Cette disposition établit que le Conseil des ministres ne peut compter plus de 15 ministres. « Le premier ministre éventuellement excepté, le Conseil des ministres compte autant de ministres d’expression française que d’expression néerlandaise », précise-t-elle.

La connaissance du néerlandais d’Elio Di Rupo est également revenue sur le tapis. Interrogé sur une chaîne de télévision néerlandaise, le premier ministre démissionnaire Yves Leterme a jugé que cela pouvait poser un problème même si la bonne volonté d’Elio Di Rupo n’était nullement en cause.

« C’est surtout important que, maintenant, l’on mène des politiques mais je pense en effet que la connaissance imparfaite du néerlandais, en ce qui concerne Elio Di Rupo, est un point qui peut poser problème. Si le gouvernement cherche une assise dans la société, il est clair que, quand son dirigeant a des difficultés à parler la langue de la majorité de la population, ça peut poser un problème », a-t-il déclaré.

Pour sa part, Rik Torfs a relativisé la faible capacité d’Elio Di Rupo à parler la deuxième langue nationale. « Cela fait partie de sa personnalité, c’est relativement folklorique et ce n’est pas un signal très fort pour les Flamands, mais le contenu de ce qu’il dit est plus important que la forme », selon le sénateur.

Le Vif.be, avec Belga

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