Quelle rémunération pour votre courtier en assurances?

La commission n’est pas le seul moyen de rémunérer un courtier en assurances. Plus transparents sans être nécessairement moins onéreux, les honoraires gagnent du terrain.

La commission n’est pas le seul moyen de rémunérer un courtier en assurances. Plus transparents sans être nécessairement moins onéreux, les honoraires gagnent du terrain.

L’affaire fit grand bruit aux Etats-Unis. Le premier courtier en assurances américain, Marsh & McLennan, se voyait obligé de cracher $ 850 millions au bassinet. Motif de la sanction ? Il « conseillait » des assurances à ses clients non en fonction des qualités de la police, mais en regard de la commission que lui versait la compagnie. « Si cette affaire a marqué les esprits, elle a montré à quel point il était important pour le monde de l’assurance de balayer devant sa porte », lâche un professionnel du secteur. Notamment en matière de rémunération des intermédiaires… et en Belgique.

Beaucoup de Belges ignorent comment est rémunéré le courtier auquel ils confient un certain nombre de démarches. Par la compagnie, en raison des services qu’il rend ? Uniquement lors de la conclusion du contrat ? En réalité, deux systèmes de rémunération coexistent : la commission et les honoraires. L’un et l’autre présentent des avantages et des inconvénients. « Quel que soit le mode de rémunération des courtiers, ce qui importe est que le consommateur sache pour quoi il paie », estime Jean-Paul Coteur, spécialiste des assurances chez Test-Achats.

La commission dite d’encaissement est fixée en fonction du niveau de la prime versée par l’assuré à l’assureur. Celle-ci est forfaitaire puisqu’elle ne tient nullement compte des prestations du courtier dans le cadre du contrat. Par nature, ce système pénalise les courtiers consciencieux qui perçoivent les mêmes rémunérations que leurs confrères moins diligents. Outre le choix de la meilleure police, un bon courtier analyse les risques, intervient lors du règlement d’un sinistre, participe à des expertises, etc. « Sans parler des excès des compagnies en matière de voyage, pour le moins malsains », fustige Jean-Paul Coteur.

Afin de gommer cet effet pervers, certains courtiers combinent le commissionnement classique avec un système de rémunération ajusté à leurs interventions : les honoraires. C’est notamment le cas d’Eurobrokers, PME de 13 personnes active dans le courtage multimarque, qui propose à ses clients « entreprises » une rémunération sous forme d’honoraires couvrant la gestion complète de leurs portefeuilles d’assurances. « Les honoraires permettent de mieux répondre aux attentes des assurés, plaide Philippe Amand, l’un de ses administrateurs. C’est un système plus juste.

Totalement indépendante du montant global des primes, cette rémunération est calculée sur la base d’un audit précis des besoins du client et de l’ampleur de notre mission. »

Le système des honoraires en BelgiqueRares sont pourtant les courtiers en assurances qui, en Belgique, proposent de manière proactive cette facturation sur la base d’honoraires. Pourquoi ? Tout simplement parce que le système n’est pas applicable à tous les types de clients. Il se justifie plutôt pour les clients « entreprises », pas vraiment pour Monsieur Tout-le-monde. Voilà sans doute pourquoi Eurobrokers s’adresse à une clientèle de sociétés dépassant le seuil de facturation de A 3.500 par an et s’engageant dans un contrat d’une durée de trois ans.

Reste que « la rémunération sous forme d’honoraires gagne du terrain », confirme Philippe Bioul, patron de Marsh en Belgique, n° 1 du courtage dans notre pays et dont la proportion des revenus générés par les honoraires a été multipliée par trois en 10 ans, de 10 % à 30 %. « Dans la mesure où notre rôle ne se limite pas à placer un risque et où il y a une demande de transparence accrue de la part des clients comme des courtiers, les honoraires permettent de refléter une plus juste rémunération des prestations. Et ce, indépendamment des fluctuations des primes. C’est pourquoi plus nos clients sont pour ainsi dire sophistiqués, plus nous recourons aux honoraires. »

Le système des honoraires est-il, pour l’assuré, financièrement plus intéressant que le commissionnement ? Les avis sont unanimes : plus transparente, la rémunération sous forme d’honoraires n’est pas nécessairement moins onéreuse. Tout dépend de la prestation du courtier au moment du sinistre. Ne pas avoir de « pépin » se révèle forcément très avantageux pour l’assuré en cas de facturation sur base d’honoraires. Par contre, dans la mesure où chaque lettre devient payante, certains dossiers épineux peuvent coûter une fortune à l’assuré.

Sébastien Buron

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