« Que me faut-il de plus pour renoncer à ma voiture? »

J’avoue, je suis une automobiliste. Je suis très attachée à ma voiture, j’ai un mal fou à me tenir à la nouvelle limitation de 30 kilomètres à l’heure dans le centre-ville de Gand, je prends le train au maximum quatre fois par an et je passe quotidiennement deux heures coincée dans les embouteillages entre Gand et Bruxelles plusieurs fois par semaine.

De plus, il se pourrait que ma voiture, une Skoda, soit équipée d’un moteur Volkswagen incriminé. Il est grand temps d’avoir honte, me direz-vous. Mais, pour être honnête, je n’ai pas honte.

Ces dernières années, de plus en plus d’amis (à vélo) se moquent un peu de mon amour inconditionnel de la voiture. « Ta relation avec ta voiture est nettement plus stable que le mariage moyen » me disait encore quelqu’un la semaine dernière. J’entends de plus en plus souvent ce genre de remarques. Certainement quand j’arrive en retard au café ou au restaurant parce que tous les parkings de la ville sont complets.

Cependant, depuis des années, j’ai un répertoire fixe d’arguments pour défendre mon utilisation de la voiture.

Je ne peux pas me passer de ma voiture de société

Pour commencer – et personne n’a encore pu objecter quoi que ce soit à cet argument – j’ai vraiment besoin de ma voiture pour mon travail. En transports publics, c’est toute une histoire pour arriver à la rédaction. Bus, trains et trams ne correspondent pas. En outre, comme je suis journaliste, je dois me rendre régulièrement dans les endroits les plus éloignés du pays. Voilà la raison pour laquelle je dispose d’une voiture de société tellement abhorrée. Je comprends évidemment que le système de voitures de sociétés est un peu tiré par les cheveux parce qu’il aggrave les embouteillages et nuit à l’environnement. Seulement : je ne peux pas m’en passer. Une voiture de qualité, les assurances, l’entretien, le carburant pour à peu près 40 000 kilomètres par an : je ne saurai pas payer tout ça de ma poche.

Si je n’avais plus de voiture de société, je mettrais beaucoup plus longtemps à atteindre mes destinations isolées, je ferais moins d’interviews et serais donc moins productive.

Vous trouvez l’excuse faible? Je comprends, mais c’est ainsi que je ressens les choses.

Peut-être que vous vous demandez pourquoi je me donne ainsi en spectacle. Eh bien, la vérité c’est que je comprends évidemment que ce n’est plus possible. Et surtout : j’ai compris que comme moi, énormément de Belges sont attachés à leur voiture et que pour cette raison, il faudra que je patiente tout à l’heure dans les embouteillages sur l’E40.

Et donc je me demande: que faut-il de plus aux gens pour renoncer (en partie) à leur voiture? Ou encore mieux : que me faut-il de plus ?

Pour commencer de meilleures liaisons ferroviaires, des trains, trams et bus plus ponctuels aux correspondances parfaites. Et pourquoi pas, plus de bancs sur les quais et des horaires corrects dans les abribus.

Cependant, on devra être nombreux à changer de comportement. Pas parce que serait plus facile ou plus confortable, mais pour servir l’intérêt général. Et cela signifie : renoncer en partie à sa liberté, se montrer un peu plus patient et refréner son agacement.

Dans quelques jours, je dois me rendre à Amsterdam pour une interview. Je prendrai le train. Il y a quelques semaines j’ai en effet mis plus de quatre heures à rentrer chez moi à cause des embouteillages sur le ring d’Amsterdam. J’apprends donc. Mais au rythme lent d’un embouteillage le mardi matin.

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