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Quatre ans requis contre le « dictateur » Lucien Cariat

Le parquet a requis mercredi devant le tribunal correctionnel de Charleroi une peine de 3 à 4 ans de prison avec sursis à l’encontre de Lucien Cariat, l’ex-président et directeur-gérant de l’ICDI, et de 6 mois à un an avec sursis pour les membres du Comité de direction. Il réclame des amendes fermes et la confiscation d’1,5 million d’euros au détriment de l’ex-président de l’intercommunale et d’1,2 million d’euros en titres.

La substitut Catherine Badot a qualifié Lucien Cariat de « dictateur qui mélangeait ses fonctions d’échevin, de gérant d’asbl et de président de l’ICDI ». « Il n’a pas toujours tiré un intérêt patrimonial direct de ses agissements, mais a privilégié sa carrière politique, son image, sa passion pour le foot en salle et sa soif de pouvoir ». Le parquet a ainsi énuméré les différentes préventions d’abus de biens sociaux, de faux par fonctionnaire public, de détournements et d’escroquerie, les estimant toutes établies. Les sponsorings de clubs sportifs et d’associations culturelles, qui n’avaient aucun lien avec l’objet social de l’ICDI, se sont élevés 1,18 million d’euros en 2005 alors que les communes avaient dû aider financièrement l’intercommunale.

Pour la substitut, l’argent public a donc été détourné au profit d’une politique « tout pour le sport » déjà décriée dans d’autres dossiers carolos. De même, les enquêteurs ont relevé de nombreuses mises à disposition illégales de personnel, dont sept joueurs d’Action 21 salariés au sein de l’asbl Adichar alors qu’ils ne prestaient nullement pour elle. Un ouvrier de l’ICDI était quant à lui maître-nageur au Centre Social de Délassement. Enfin, deux secrétaires payées par l’intercommunale étaient détachées à la Ville de Charleroi et géraient les différents agendas de Lucien Cariat.

Les véhicules de société étaient quant à eux attribués à des membres du personnel et à des extérieurs à la seule discrétion du président qui décidait également des sponsorings. Les voyages payés par l’ICDI servaient quant à eux à suivre les déplacements d’Action 21 ou rejoignaient des projets de la Ville de Charleroi. Au total, 584 billets ont ainsi été achetés. Le parquet estime également que Lucien Cariat a perçu 893.223 euros excédentaires grâce à sa double rémunération de président et de directeur-gérant, un cumul qui n’était pas autorisé par la loi.

Au terme de son réquisitoire, le ministère public a requis une peine de 3 à 4 ans de prison avec sursis contre Lucien Cariat, une amende ferme et la confiscation de 1,2 million d’euros de titres saisis chez lui et d’1,5 million d’euros supplémentaires couvrant le préjudice causé par ses agissements.

En ce qui concerne les autres prévenus, la substitut requiert 6 mois à un an de prison avec sursis contre le comptable Christian Blondeel et les membres du Comité de direction, Serge Omer, Roland Marchal et Henri Lemarque. « Un comité fantôme, soumis à Lucien Cariat que l’on a laissé faire sans broncher parce qu’il était craint, tout en percevant des jetons de présence via des réunions qui étaient parfois fictives ». Lorsqu’ils avaient réellement lieux, ces comités de direction consistaient en un monologue de Lucien Cariat qu’il ponctuait par « Ca va », entérinant ainsi les décisions, a ajouté la Substitut. Les procès-verbaux étaient quant à eux écrits à l’avance ou modifiés par après.

Le parquet a par contre laissé à l’appréciation du tribunal la sanction contre Claude Piraux, l’homme de main de Cariat, soupçonné d’avoir menacé le personnel et détruit des documents avant l’arrivée des enquêteurs. Il en va de même pour Luc Cariat, avec la différence que la substitut a requis la confiscation des 275.887 euros perçus par ce dernier via un diplôme mentionné dans sa lettre de motivation mais qu’il ne détenait pas réellement. Ce jeudi, le tribunal entendra les plaidoiries de l’ICDI, de la défense de Claude Piraux et de la société de leasing Athlon Lease.

Avec Belga

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