Quand tous les tunnels s’effondreront…

Il y a peu de raisons de se réjouir ces derniers temps dans la capitale belge. Alors, pointons derechef cette belle 21ème place mondiale occupée par Bruxelles en tant que « ville la plus vivable » du monde, selon une étude de Mercer qui vient de sortir.

Soyons de bon compte : à Bruxelles, de multiples centres bobos, gentryfiés ou structurellement bourgeois, ont poussé comme des champignons suite à une politique de rénovation tous azimuts. Pensons à la place communale de Saint-Gilles, le quartier Horta, Etterbeek, Berchem Saint-Agathe, le quartier Dansaert/quartier des quais, etc. On en oublierait presque le célèbre centre djihadiste Molenbeek dont les habitants échangeraient bien leur notoriété planétaire contre quelques heures de tranquillité.

Après le tout-voiture des Trente Glorieuses, on apprécie de redécouvrir de vraies promenades sur les boulevards imaginés par Léopold II au temps des fiacres et des crinolines. On aurait presque envie de féliciter les autorités bruxelloises de nous autoriser de nouveau à flâner voire à se bécoter. On attend impatiemment le réaménagement du Boulevard de la Woluwe…

L’abandon volontaire des tunnels bruxellois ? Une hypothèse désormais plausible…

Hélas, le revers de ce Bruxelles idyllique, c’est le burnout du navetteur, bruxellois ou pas, à l’heure où les tunnels s’écroulent les uns après les autres.

Qu’on imagine en Avignon, à Bruges ou à Mons, de vastes piétonniers, des centres historiques voitures interdites, des spectacles de rue, c’est une chose. Ce sont des villes d’art, des villes musées dont la raison d’être est le divertissement.

Mais Bruxelles a aussi d’autres missions essentielles. C’est le poumon administratif, politique et économique de la Belgique et la première capitale de l’Europe.

Or au nom d’une vision champêtre et d’un tonitruant « Bruxelles aux Bruxellois », les différents gouvernements de la Région (dans lesquels quasi tous les partis ont participé au festin) ont littéralement organisé l’étouffement de Bruxelles.

En réduisant l’espace dévolu à la voiture jusqu’à plus soif, en créant artificiellement des goulets d’étranglement, en remisant les nécessaires travaux d’entretien des infrastructures aux Calendes grecques, des technocrates endimanchés qui se rendent à pied à leur bureau d’étude grassement financé par le contribuable ont imaginé une ville idéale mais utopiste.

C’est à se demander si ceux qui les écoutent, politiciens au titre ronflant de ministre-président, n’ont pas organisé à dessein la lente déréliction des tunnels routiers. En attendant d’ailleurs qu’on ferme ceux du Ring Est et que les ponts (Van Praet…) et les viaducs (Hermann-Debroux…) soient fermés à leur tour. Après nous les mouches.

Leur pari ? Dégoûtons ces sagouins de navetteurs égocentriques en les immobilisant dans leur ignoble quatre-roues et ils se résoudront à utiliser les boîtes à sardine qui tiennent lieu à Bruxelles de transports en commun.

Pari perdu alors qu’aucune alternative transrégionale valable ne pointe à l’horizon et que l’offre de la STIB, méritoire certes, est totalement blindée aux heures de pointe.

Dès qu’une alternative de partage du parc automobile type Uber pointe son nez, elle est éliminée dans l’oeuf par nos idéologues jusqu’au-boutistes séduits par le lobby des taximen.

Pari perdu : les automobilistes continuent, souvent seuls dans leur SUV, de s’engouffrer à qui mieux mieux dans le pataquès. Charrue avant les boeufs : chasser la voiture d’abord, boucler le RER ensuite.

Sans virer poujadiste, cette mal-gouvernance, les autorités régionales successives la portent comme les Danaïdes condamnées à remplir leur seau troué.

Or, le jour où le livreur n’arrive plus à délivrer sa marchandise ; lorsque le vendeur n’atteint plus son client ; lorsque l’entreprise ou l’administration attendent vainement jusque 11 heures l’arrivée de leur personnel, c’est simple : c’est la mort économique de Bruxelles.

En attendant, entreprises et population aisée continuent leur exode vers la périphérie brabançonne qui accueillera avec bonheur leur feuille d’impôt, vidant encore plus les caisses de la capitale. Qui osera alors demander à la N-VA un refinancement de Bruxelles ?

L’abandon volontaire des tunnels bruxellois ? Une hypothèse désormais plausible…

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