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Quand MR et N-VA font cause commune

Libéraux francophones et nationalistes flamands se sont découvert plus d’un atome crochu. Même si, entre eux, les points de friction demeurent nombreux.

L’affaire a été rondement menée. Pour une fois, en Belgique, un compromis a pu être couché sur le papier sans heurts ni palabres interminables. Certes, ce n’est pas une solution pour BHV que viennent de rédiger ces six députés. Juste un amendement, relatif à une proposition de loi sur les quotas de femmes dans les conseils d’administration. N’empêche, le panel étonne : David Clarinval, Marie-Christine Marghem, Karel Uyttersprot, Zuhal Demir, Veerle Wouters et Mathias De Clercq. Voici rassemblés, pour une cause commune, trois indépendantistes flamands, deux réformateurs francophones et un libéral gantois connu pour ses critiques acerbes du nationalisme. Bigre.

A bien y regarder, cet attelage fait déjà figure de récidiviste. Pas plus tard que le 8 février, Mathias De Clercq, Marie-Christine Marghem, David Clarinval, Zuhal Demir et Karel Uyttersprot ont cosigné avec la députée CD&V Leen Dierick une proposition portant sur les droits des actionnaires dans les sociétés cotées. Dans les deux cas, on a ainsi vu se dessiner une coalition « de droite », soucieuse de ne pas imposer aux entreprises une réglementation trop contraignante.

Travailler main dans la main. Pour le MR et la N-VA, cela deviendrait presque une habitude. « Entre nos députés respectifs, il y a une concertation régulière, confirme Jan Jambon, chef de groupe N-VA. On se parle, on se voit. Ce n’est pas structurel. On fonctionne thème par thème. » Le mercredi 23 février a fourni un nouvel aperçu de cette entente cordiale. Ce jour-là, les élus N-VA, MR, CD&V et Open VLD se sont alliés pour durcir les conditions du regroupement familial. Un tel partenariat s’était déjà manifesté, à propos de la réforme du Code de la nationalité. C’est que la N-VA a promis à ses électeurs de démanteler la snel-Belg-wet, la loi d’acquisition rapide de la nationalité belge, jugée trop laxiste. Au moment fatidique du vote, les nationalistes ont reçu l’appui de l’Open VLD, du CD&V, mais aussi de la libérale Jacqueline Galant. En revanche, le second député MR présent en commission des naturalisations, Olivier Maingain, a voté contre, tout comme l’ensemble des autres représentants francophones. Résultat : le texte est passé de justesse, à neuf voix contre huit. « Merci Jacqueline », ont entonné en ch£ur les élus de la N-VA. « Je compte sur vous pour m’élever une statue », leur a-t-elle répondu, à la buvette de la Chambre. Véridique.

Jacqueline Galant n’en fait pas mystère : « Je m’entends très bien avec eux. » Son coreligionnaire David Clarinval constate lui aussi « une approche largement commune » avec la N-VA. « Je me souviens d’un débat sur le harcèlement au travail, raconte-t-il. Je n’avais jamais vu une telle ambiance gauchiste. A un moment, les députés N-VA en ont eu marre. Moi, j’étais le seul francophone à intervenir à leurs côtés contre les clichés antipatronaux du CDH, du PS et d’Ecolo. Quelque part, je les comprends quand ils disent : puisque vous voulez vivre dans un monde collectiviste qui ne correspond pas à la réalité, eh bien, vous le ferez sans nous et sans les moyens financiers de la Flandre. »

Même un francophone pointu comme Denis Ducarme reconnaît des vertus au chamboulement amené par les élections. « Avec la victoire de la N-VA, le Parlement fédéral a changé. Le centre de gravité s’est déplacé vers la droite. J’avoue que ce n’est pas pour me déplaire », confie-t-il. Jan Jambon approuve : « J’observe de nombreuses convergences entre la N-VA, l’Open VLD et le MR. C’est cet axe de centre-droit, auquel se rallie parfois le CD&V, qui donne désormais le ton. Voilà les socialistes prévenus. »

FRANÇOIS BRABANT

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