Peter Mertens © BELGA

Quand le « crowdfunding politique » remplit les caisses du PTB

Le Vif

Aucun autre parti ne reçoit autant de dons que le PTB. Presque 70% des dons aux partis belges vont dans les caisses du parti d’extrême gauche, selon un rapport de deux politologues de la KUL qu’a pu lire De Morgen.

Les politologues Bart Maddens et Jef Smulders de la KU Leuven ont décortiqué les comptes du parti d’extrême gauche, PTB-PVDA, et ont pu remarquer que ses caisses étaient bien remplies, surtout au vu de sa taille plutôt modeste, rapporte De Morgen. Les chiffres les plus récents publiés par le PTB datent de 2014, quand le parti a obtenu des sièges au parlement fédéral et qu’il a dû faire la transparence sur ses comptes comme tous les autres partis élus.

Le PTB affiche un résultat de 3,5 millions d’euros. Il ne reçoit de dotation que suite aux élections 2014, de l’ordre de 573.000 euros par an. Le parti peut encore revendiquer 353.000 euros. Ce n’est pas vraiment beaucoup moins que le cdH, Groen ou Ecolo qui reçoivent depuis des années des dotations pour leurs membres parlementaires, mais c’est bien loin des dotations des autres grands partis belges. A titre de comparaison, la N-VA a reçu plus de 3,6 millions d’euros en 2010, tandis que le PS a été crédité de 2,7 millions d’euros selon un autre rapport des deux politologues publiés en 2013.

D’où vient l’argent du PTB ?

Si le PTB peut disposer d’autant d’argent en caisse, c’est parce qu’il se comporte comme un parti très autonome. Ainsi, tous ses membres élus reversent une partie de leurs émoluments au parti. Et ce n’est pas la seule source de revenus complémentaires. Les caisses du parti d’extrême gauche sont principalement bien remplies par les dons de ses membres. Rien qu’en 2014, le parti a reçu pour plus de 276.000 euros de la part de ses militants.

C’est un fait interpellant, pointe le quotidien flamand, car la législation belge concernant les dons politiques est très stricte. Depuis le scandale Augusta dans les années ’80, les entreprises et organisations ne peuvent plus verser d’argent aux partis. En tant que personne privée, le don maximal est de 2000 euros par an et de seulement 500 euros par parti. Cela signifie que le PTB a reçu des dons d’au moins 550 personnes, et peut-être même davantage.

« 276.000 euros, c’est un montant immense selon les normes belges« , déclarent Maddens et Smulders dans De Morgen. Sur la même année, tous les partis confondus ont reçu 410.000 euros de dons. Le PTB a donc bénéficié de 67% des dons des partisans politiques. Il est cependant difficile de connaître l’identité des personnes qui ont versé de l’argent au parti d’extrême gauche. Qui donne plus de 125 euros doit normalement être inscrit à la commission de contrôle parlementaire, mais cette liste reste secrète.

« Par nécessité, mais aussi par principe, nous faisons en sorte que nos campagnes soient toujours autosuffisantes« , a réagi le président du PTB Peter Mertens. « Lors de nos campagnes, nous faisons directement appel aux gens pour nous soutenir. Mon parti est en quelque sorte le fondateur du ‘crowdfunding politique’ en Belgique. Nous voulons être le parti de chacun, un peu à la manière de Bernie Sanders. » L’ancien candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine a en effet essayé de financer sa campagne à l’aide de centaines de milliers de dons modestes. « Chez nous aussi les gens versent de petits montants », ajoute Mertens.

« Crowdfunding politique »

En plus des dons, le PTB reçoit aussi de l’argent de ses membres. Qui désire devenir membre du PTB doit payer 20 euros par an. Ces membres « supporters » peuvent aussi verser un petit extra de manière spontanée. « Même si nous recevons maintenant une dotation de l’Etat, nous allons continuer à faire appel aux gens pour nous aider« , explique Mertens.

Depuis 1999, il n’est arrivé que par deux fois qu’un parti bénéficie de plus de dons que le PTB en 2014, selon une autre étude réalisée par Maddens. En 2012, le MR a reçu 410.000 euros. En 2003, le PS a bénéficié de 378.000 euros. Ces montants importants proviennent de legs et d’héritage de militants décédés. Car, à l’opposé des dons provenant de personnes vivantes, les legs ne sont pas plafonnés. « Le pic de dons du PS vient de l’héritage d’une maison qui a ensuite été vendue « , explique le politologue Maddens. Au PTB, il ne semble pas y avoir ce genre de legs en jeu. Le parti semble disposé d’un arrière-ban engagé. La preuve en est l’acquisition d’un nouveau QG à Anvers. L’hôtel particulier d’une valeur de 1,2 million d’euros est la propriété d’une coopérative. Les militants ont ainsi participé à l’achat du bâtiment, conclut le journal flamand.

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