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Quand l’agriculture s’invite en ville

Le Vif

Des fermes en ville. Oui, mais high-tech et en plein ciel.

D’ici à 2050, la planète comptera 80 % de citadins. Les campagnes ne suffiront plus pour nourrir tout le monde. Ainsi, à New York, on étudie sérieusement le projet d’implanter 150  » fermes verticales  » pour produire sur place les produits maraîchers. Mais l’agriculture high-tech s’invite aussi à Bruxelles. Avec des promesses durables, couchées sur les toits. Dans les mois qui viennent, la chaîne de distribution Delhaize va créer un potager de 320 m2 sur le toit du supermarché de Boondael, à Ixelles. La moitié de la superficie sera occupée par une serre, l’autre par un potager à ciel ouvert. Les fruits de la récolte seront directement vendus en grande surface, quelques mètres plus bas.

C’est dans un quartier plus sensible qu’a jailli la première étincelle. Annoncée depuis près de deux ans, la  » plus grande ferme urbaine d’aquaponie  » a enfin posé ses premières briques sur la toiture des abattoirs de Cureghem, à Anderlecht. D’un côté, 2 000 m2 de serres déjà aménagées. De l’autre, un jardin, un restaurant et une terrasse prêts à germer sur la même superficie. L’objectif : 30 à 40 tonnes annuelles de poissons, des milliers de fruits et légumes produits localement, en circuit fermé, sans chimie ni pesticides.

 » L’aquaponie combine pisciculture et hydroponie pour produire à la fois des poissons et des fruits, légumes et plants aromatiques. Ce sont les déjections des poissons qui font office de fertilisant « , explique le CEO de Lateral Thinking Factory, Steven Beckers, un spécialiste de l’économie circulaire, à l’origine du projet. Et pour boucler ce cercle vertueux, l’installation tirera également parti de ressources telles que l’eau de pluie, l’énergie solaire ou la chaleur perdue des bâtiments du Footmet, le marché couvert qui se trouve juste en-dessous.

 » Cette technologie permet à l’agriculture de se libérer de la contrainte d’un sol fertile et donc de quitter la campagne « , explique l’entrepreneur, rappelant que les fruits et légumes voyagent en moyenne 1 500 kilomètres.  » Pour nous, le principal est de rester local, transparent et traçable ; tous les produits sont vendus en circuit court, soit aux grossistes soit directement aux consommateurs du marché. Et nous démarchons auprès des grandes surfaces de la Région pour vendre nos poissons « , confie Steven Beckers. Un investissement privé, souligne-t-il, qui sera rentabilisé dans six ans.

Aujourd’hui, Building Integrated Greenhouse (BIGH), la société créée par le trio international, prévoit de déployer cinq fermes à Uccle, Auderghem, Woluwe, Ganshoren et Molenbeek. Avec chacune sa propre spécialité de poissons.  » En 2013, une étude a identifié près de 6 millions de mètres carrés d’espaces exploitables pour l’agriculture urbaine à Bruxelles. Concrètement, on pourrait construire vingt fermes de ce type essentiellement sur les toits et les parkings, soutient Steven Beckers. Vous imaginez si chaque commune bruxelloise pouvait produire des fraises et du poisson localement ?  »

En attendant, BIGH exporte son concept en France, en Italie, en Roumanie, au Portugal et au Luxembourg. De quoi donner une nouvelle image de Bruxelles et la placer parmi les villes les plus innovantes en matière de production urbaine d’alimentation durable.

Par Dorian Peck.

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