Puigdemont © Belga

Puigdemont, tête de liste N-VA ? Pas si simple

Muriel Lefevre

Placer l’ancien Président catalan Carles Puigdemont sur la liste européenne de la N-VA présente des inconvénients dit de Standaard. Le fait qu’il ne parle pas néerlandais en est un, et pas le moindre….

Pour le moment, cela ne semble qu’une vague idée lancée un peu au hasard. Sauf que le projet d’installer le Président catalan déchu comme tête de liste N-VA pour les élections européennes semble tout de même très tentant dans certains cénacles.

Pour l’instant, la seule réaction est une position attentiste où tout le monde semble dans l’expectative. Même Puigdemont semble muet. C’est vrai que, légalement, il n’y a pas de problème: chaque citoyen de l’UE peut effectivement se présenter aux élections dans chaque pays de l’UE tant qu’il est enregistré dans une commune (belge dans le cas qui nous occupe) et être enregistré comme électeur dans cette même commune. Il doit aussi pouvoir démontrer qu’il n’a pas perdu le droit de vote dans son pays d’origine à la suite d’une décision administrative ou judiciaire. Or Puigdemont, qui a annoncé qu’il poursuivra ses activités politiques depuis la Belgique, réside à Waterloo depuis son retour d’Allemagne. Autre point positif : les autorités judiciaires espagnoles ont mis fin au mandat d’arrêt international depuis qu’il est devenu clair que le tribunal allemand n’extraderait pas l’homme pour rébellion. Petit bémol tout de même dans ce tableau pratiquement idyllique : le mandat d’arrêt espagnol reste lui en vigueur. Pas de quoi bloquer une si belle initiative doit-on se dire à la N-VA.

Une belle opération de communication

Car le projet en soi est déjà une belle opération de com’. La N-VA s’est en effet depuis toujours sentie fort concernée par le sort des séparatistes catalans. Une place sur la liste pourrait passer pour l’ultime soutien à la cause indépendantiste et serait un beau symbole pour la lutte pour davantage d’autonomie en Belgique. Un thème qui tient tant à coeur à la N-VA. Une idée fixe qu’on a eu tendance à oublier depuis que le parti a laissé ses envies communautaires au frigo pour pouvoir rejoindre le gouvernement. De quoi mettre aussi un peu de baume au coeur des partisans flamingants qui risquent de devoir digérer le fait que les problèmes communautaires prolongent leur séjour au frais après 2019.

Inconvénients pour la N-VA

Il n’y a pourtant pas que des points positifs à ce plan-surprise. Par exemple, il semble peu probable que Puigdemont parvienne à attirer des voix d’électeurs flamands qui ne votent habituellement pas pour la N-VA. Une tête de liste doit avoir comme première qualité de ratisser large et d’avoir un pouvoir d’attraction capable de séduire les électeurs qui viennent d’autres horizons électoraux. Or pour beaucoup de Flamands, les problèmes catalans semblent bien loin de leurs préoccupations quotidiennes.

La nomination du Catalan se ferait également au détriment d’un membre de la N-VA. En ce moment, le parti a quatre députés. Obtenir un cinquième siège n’est pas impossible, mais tout de même difficile car le parti fait des moins bons scores au niveau européen. Le président Bart De Wever va dès lors devoir se montrer convaincant en interne. Car si à n’en pas douter Puigdemont faisait un très bon député, il risque de ne pas être le meilleur défenseur de la cause flamande. Il est plombé par deux défauts non négligeables : il vit en Wallonie et ne parle pas flamand.

Et c’est même là l’un des principaux problèmes : la loi électorale belge pour les élections européennes stipule en effet explicitement que les candidats au collège électoral néerlandophone (12 sièges sur les 21) doivent être néerlandophones. S’il n’y a pas d’examen de langue obligatoire, le candidat doit déclarer sur sa bonne foi qu’il est effectivement « néerlandophone ». De quoi faire rire sous cape l’Open VLD qui souhaite à la N-VA « bonne chance avec les cours de langue ».

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