Publifin, ex-Tecteo © SEBASTIEN PIRLET/ISOPIX

Publifin, un bon employeur (politique)

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Plusieurs élus liégeois, ou leurs proches, ont trouvé du travail chez Publifin, Nethys ou une de leurs filiales. Simple hasard ou passe-droit politique ?

28 750 euros. Une peccadille, pour Nethys et ses 102 millions d’euros de bénéfices. Un pactole, pour Laurent et ses projets d’entreprenariat. Ainsi en a décidé le juge, en juin 2016 : ces 28 750 euros, Nethys les lui doit, même si la société espère prouver le contraire en appel. 28 750 euros, une addition de bonus non versés et d’assurance-groupe promise mais jamais instaurée durant les deux années de boulot presté. Avant de prendre un avocat, l’informaticien démissionnaire avait tenté de récupérer les montants à l’amiable. En vain. Il avait même sollicité Stéphane Moreau lors de sa permanence communale à Ans. « C’est pour un emploi chez Tecteo », avait-il quelque peu menti à sa secrétaire. Et le rendez-vous avait été pris, sans sourciller. Le désavantage de la double casquette politique-patron, sans doute. Combien de personnes ont tenté leur chance d’obtenir un job en s’adressant à lui ? Combien de politiques ont fait pareil ?

Peut-être ont-ils été enrôlés uniquement pour leurs compétences. Peut-être que ceux qui y décèlent un passe-droit ne sont que de mauvaises langues. Peut-être n’est-ce que le hasard du marché du travail si ces quelques élus ont trouvé de l’emploi chez Publifin/Nethys ou l’une de leurs filiales.

Le conseil communal d’Ans y est bien représenté. Via les conseillers communaux socialistes Christophe Kersteens et Christopher Gauthy (fils d’un ancien échevin ansois), tous les deux embauchés chez Voo. Là où a travaillé comme consultant Philippe Saive, autre conseiller communal. C’est chez Nethys que bossait également comme directeur marketing Jean-Marie Valkeneers, conseiller communal décédé en 2015. Le directeur général de la commune, Walther Herben, officie pour sa part comme président du conseil d’administration du Travailleur chez lui, organisme d’octroi hypothécaire détenu à 92% par Publifin. Un poste auparavant occupé par une personne portant le même nom de famille et domicilié à la même adresse que lui… Enfin, la cheffe de groupe MR, Anne-Marie Libon, aurait été engagée récemment dans le groupe.

Dans d’autres communes aussi, des élus locaux bossent au sein de l’intercommunale. Son secrétaire général Gil Simon (PS, Visé), Luc Warichet (MR, Blegny), Laurent Léonard (échevin PS à Flémalle), Corinne Wégimont, Nathalie Frisée et Jean-Pierre Goffin (PS, Liège). Ce dernier, qui fut embauché comme attaché de direction chez Tecteo en 2010, était également membre d’un des fameux comités de secteur chez Publifin, en plus de ses cinq autres mandats rémunérés.

Puis il y a les proches. Comme l’épouse de Philippe Dodrimont, président du MR de l’arrondissement de Liège. Comme le fils de Roger Sobry (ancien conseiller communal MR à Chaudfontaine, administrateur de plusieurs filiales de Publifin), qui fut un temps responsable informatique chez Nethys. Comme le frère de feu Michel Daerden. Comme la femme de Michel Peters, conseiller communal MR à Liège et conseiller au sein du cabinet de Charles Michel. Comme l’épouse d’Alain Palmans, directeur général de la Cile étiqueté PS. Comme le compagnon de Julie Fernandez Fernandez, députée fédérale PS et échevine à Liège.

« Ce n’est pas un scoop ! Et je veux être totalement transparente », détaille-t-elle, expliquant son parcours (17 ans chez Arcelor avant le licenciement collectif, un passage en cellule de reconversion et un entretien d’embauche non concluant chez Nethys avant d’y être finalement embauché), précisant même son salaire. « Il n’est pas le seul ancien de chez Arcelor à avoir été engagé. Chez Nethys, l’emploi augmente. Il serait temps qu’on le dise également ! »

Tant mieux si ces postes résultent du hasard du marché de l’emploi. Tant mieux s’il n’y a eu aucun passe-droit. Tant mieux si tous n’ont été enrôlés que pour leurs compétences. Tant mieux si, pour chacun d’entre eux, le but de Publifin n’était pas d’empêcher les morsures d’ une main qui nourrit.

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