Bernard Wesphael © BELGA

Procès Wesphael: « Véronique serait toujours vivante »

« Si ce Monsieur nous avait foutu la paix, Véronique serait toujours vivante ». Bernard Wesphael a désigné l’absent du procès (jusqu’au 27 septembre), l’amant intrusif, Oswald De Cock, lors de l’interrogatoire mené par le président sur une ligne purement factuelle, n’autorisant que peu d’écarts à l’accusé, pressé de faire connaître « sa vérité ». Les choses sérieuses ont commencé.

La caravane de l’affaire Wesphael a pris ses quartiers dans la bien nommée rue des Droits de l’Homme, à Mons, avec son agitation médiatique qui s’interrompt quand le président de la cour d’assises, Philippe Morandini, prend la parole. « Vous allez vous baser sur ce que vous allez entendre ici, exclusivement ici. »

Sur un fait : « La mort d’une personne et rien d’autre ». Le plus profond respect est dû à la défense, « à qui le doute doit profiter », les avocats étant « le dernier rempart de la démocratie ».

Des paroles quasi sacramentelles, habituelles dans une cour d’assises, qui donnent le ton de la dramaturgie qui a débuté ce 19 septembre. L’avocat général, Alain Lescrenier, lit son acte d’accusation comme on ne récite pas une histoire à des enfants. Sans affect.

Tout le contraire de l’avocat de la défense, Jean-Philippe Mayence, dont l’acte de défense est à peine moins long que l’acte d’accusation. C’est un réquisitoire contre la manière dont son client a été traité pendant trois ans : emballement médiatique, qualification hâtive, levée de l’immunité parlementaire sur la base du flagrant délit, traductions hasardeuses, présomption d’innocence bafouée. De là, l’avocat glisse sur le « tempérament » de la victime, Véronique Pirotton, et sur le « personnage » d’Oswald De Cock : « Sa qualité de psychologue et ses manipulations ont été à ce point importantes qu’elles ont complètement brisé l’équilibre psychique de la victime. » Me Mayence brandit les contre-expertises commandées, souligne-t-il, à des sommités. Indépendantes. Destinées à semer le doute. Ou à faire émerger la vérité.

Au point A, il y a l’inculpation pour assassinat (meurtre avec préméditation), un chef d’inculpation dans lequel s’est enferrée la justice brugeoise jusqu’au règlement de la procédure, lorsque le parquet lui-même a décidé de rétropédaler. Les faits ont été requalifiés en homicide sur la personne de Véronique Pirotton, « volontairement et avec l’intention de donner la mort », comme dit la formule légale.

Le mot « intention » ne veut pas dire « préméditation » mais qu’au minimum l’auteur a posé un acte qui pouvait conduire à la mort : un coup de poignard en direction du coeur plutôt qu’au foie, par exemple.

La préméditation suppose, non seulement, un certain temps entre les faits et leur préparation mais aussi un état d’esprit qui n’est pas celui de l’emportement ou du coup de folie.

Si la qualification d’assassinat a été abandonnée en cours de route par la justice, corrigeant ses propres erreurs, pourquoi n’en irait-il pas de même avec celle de meurtre, qui fait peser sur l’accusé une peine pouvant aller jusqu’à trente ans de prison ? Les suites du huis-clos de la chambre d’hôtel d’Ostende pourraient-elles être requalifiées en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ? L’accusé s’est toujours refusé à cette hypothèse. Il espère l’acquittement, parce qu’il se dit innocent. Mais cela ne suffit pas.

Il pourrait être acquitté au bénéfice du doute si les apories du dossier répressif plombent celui-ci. Les failles du dossier peuvent rendre si haute la barrière du doute que les jurés n’oseront pas l’enjamber.

Mais si le procès prenait mauvaise tournure pour Bernard Wesphael, alors, la question se reposera lors du débat sur les questions. Sur quoi le jury populaire doit-il se positionner ? La défense, les parties civiles et le président de la cour d’assises peuvent demander, au terme de l’instruction d’audience, que soit ajoutées une ou des questions évoquant la possibilité que l’accusé ait commis des coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ou soulever celle des circonstances atténuantes.

En attendant, c’est le début d’une aventure humaine dans laquelle sont embarqués tous les passagers de la cour d’assises.

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