Christine Defraigne (MR) au procès de Bernard Wesphael. © BELGA

Procès Wesphael: « Un homme gentil et humain » selon Defraigne

La présidente du Sénat, Christine Defraigne (MR), a été le premier témoin de moralité de Bernard Wesphael appelé à la barre de la cour d’assises du Hainaut, jeudi matin.

Christine Defraigne connait Bernard Wesphael depuis une vingtaine d’années. Celle qui est entrée en politique au même moment que celui qui est accusé du meurtre de son épouse, Véronique Pirotton, a dressé un portrait flatteur de l’accusé. Même s’ils étaient opposés sur l’échiquier politique, les deux parlementaires liégeois sont devenus amis et il l’a appelée le jour de son arrestation.

« Nous avons été élus en même temps au sein Parlement wallon, c’était en 1999 », a rappelé la libérale. Elle le décrit comme un homme « gentil » et « humain » dans un monde politique qui peut souvent être très dur. Malgré des idéaux politiques diamétralement opposés, l’écologiste et la libérale sont vite devenus amis: « on s’est toujours bien compris et bien entendus », dit-elle.

Un homme bienveillant

Elle raconte que Bernard Wesphael s’est toujours montré bienveillant à son égard notamment quand la parlementaire était enceinte. « Il fut le seul à s’occuper de moi et de mon état alors que les autres ne me prêtait guère attention », souligne-t-elle.

En 2009, les deux politiciens liégeois battaient la campagne en vue des élections régionales. « Nous étions adversaires et j’étais assez stressée. Avant chaque débat, Bernard me disait de rester calme, de me détendre, de ne pas m’énerver. Je trouvais ça formidable de la part d’un adversaire politique », poursuit la président du Sénat.

Leur opposition politique ne les empêchait pas de traiter ensemble des projets importants pour Liège. « On discutait des dossiers, souvent dans le plus grand respect et la plus grande considération. Il y avait une grande complicité entre nous, ce qui n’est pas toujours le cas entre adversaires politiques. J’avais de l’admiration pour lui, c’était un parlementaire combattif qui connaissait ses dossiers, il allait au fond des choses et il prenait des risques car il a eu le courage d’affronter un certain establishment qui avait des idées établies sur la vie politique liégeoise. »

Lors des longues journées au sein de l’hémicycle wallon, les deux amis ont eu souvent l’occasion de parler de leur vie privée. « C’est durant la campagne électorale que j’ai appris qu’il s’était marié avec Véronique, par le biais d’un restaurateur. A la rentrée de septembre 2012, je l’ai félicité et il m’a raconté qu’il avait rencontré Véronique en mai, qu’ils avaient eu un coup de foudre et il était fou amoureux. Il a sorti des photos de Véronique de son portefeuille et il m’a dit qu’on ne lâchait pas une femme aussi extraordinaire. J’étais heureuse pour lui et il était aussi très heureux. Il parlait d’elle comme une femme intelligente et cultivée. »

Quelques mois plus tard, Christine Defraigne lui a demandé si son conte de fée se poursuivait. « Il m’a dit qu’il était inquiet car son épouse était très dépressive avec des attitudes suicidaires. Il était face à un mur et il cherchait des solutions ».

Ni violent, ni rancunier, ni impulsif

Bernard lui a notamment parlé d’un religieux qui aurait abusé de son épouse dans sa jeunesse. « Il m’a demandé de lire le dossier qu’il avait monté mais je ne l’ai jamais lu. » Bernard Wesphael lui a aussi parlé d’un harcèlement dont sa femme était victime à son boulot. « Il était très désemparé mais je n’ai pas posé trop de questions en lui disant que j’étais là pour l’aider ».

La politicienne n’a jamais vu Bernard Wesphael en état d’ivresse (« quand on refaisait le monde, on buvait du café »), ni violent, ni rancunier, ni impulsif. « La vie politique est dure et il n’a jamais été gâté par son parti, Ecolo. Cependant, je ne l’ai jamais vu aigri. J’ai vu un homme prêt à repartir de l’avant, prêt à recréer quelque chose. Il n’était ni en colère, ni impulsif ».

Une ancienne ministre liégeoise avait déclaré que Bernard Wesphael avait besoin de reconnaissance au point d’en perdre sa lucidité. « Avoir de l’ambition, progresser au service de l’intérêt général est une qualité », clame la parlementaire fédérale.

Le 1er novembre 2013, alors qu’il était placé sous mandat d’arrêt, Bernard a appelé Christine mais celle-ci n’a pas réceptionné l’appel. Depuis la prison de Bruges, il a écrit à son amie et celle-ci lui a répondu. Le lien d’amitié n’est pas rompu.

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