Bernard Wesphael et son avocat Me Jean-Philippe Mayence. © BELGA

Procès Wesphael: la défense évoque des contradictions dans les différentes expertises

Après avoir abordé le traitement médiatique du dossier, les erreurs de traduction, la personnalité de Bernard Wesphael et celle de la victime, Me Jean-Philippe Mayence, avocat de l’ex-député wallon, a poursuivi la lecture de l’acte de défense lundi matin en évoquant les différentes expertises réalisées lors de l’enquête.

La défense souhaitait, avec cet acte de défense, montrer notamment « à quel point les experts judiciaires ont parfois rendu des conclusions totalement erronées et parfois contradictoires ». « Nous avons été submergés d’informations invraisemblables. »

Me Mayence est dans un premier temps revenu sur des erreurs dans le rapport toxicologique et sur la perte d’échantillons prélevés avant d’arriver au laboratoire.

Il a ensuite pointé du doigt la première expertise psychiatrique réalisée par le Dr. Hellebuyck, basée sur une seule visite d’à peine 50 minutes à la prison de Bruges. Il n’était pas accompagné d’un psychologue et « aucun test psychologique n’a été réalisé dans le but de pouvoir apprécier la personnalité ». La défense regrette aussi que les « sources » citées par l’expert proviennent de la presse. « Cette manière de procéder est totalement ahurissante et d’un a priori totalement inacceptable dans la mission d’un expert. »

« Il n’y avait d’autre solution pour la défense que de procéder à une contre-expertise », réalisée par le Dr. Dufrasne, neuropsychiatre, et son collaborateur. Leurs conclusions sont « diamétralement opposées » à celles du Dr. Hellebuyck, et décrivent Bernard Wesphael comme « collaborant, et ne faisant l’objet d’aucune réticence ». Par la suite, des experts saisis par le président de la cour d’assises, les Dr. Bongaerts et Charles, et le psychologue Maquet, déclarent avoir été « totalement surpris par l’expertise du docteur Hellebuyck ». Une autre expertise est encore requise et confiée au professeur Pham Hoang. Il ressort que différents éléments « tendent plutôt à nuancer fortement, voire invalider la première expertise ».

Pour Me Mayence, il s’agit là d’un exemple « de la manière approximative avec laquelle ce dossier a été monté » et du manque de sérieux de cet expert, travaillant « à charge ».

La défense est également revenue sur les expertises médico-légales, qui apparaissent « d’emblée erronées » et montrent « une prise de position ».

Alcool, antidépresseurs

Des contradictions sont relevées également dans le rapport d’autopsie, basé sur des prémisses « particulièrement caduques ». C’est pourquoi la défense a fait appel aux professeurs Jean-Pol et François Beauthier. Ceux-ci estiment que l’hypothèse « soutenue par le plus d’éléments objectifs pertinents et non contestables est celle de l’intoxication alcoolo-médicamenteuse létale ». La défense constate de plus, à la lecture des pièces de la procédure, « que ni les médecins légistes, ni le toxicologue désigné n’ont accordé de l’attention au fait que le foie de la victime pesait plus de 1.900 grammes, ce qui apparaît anormalement élevé par rapport au poids habituel » de cet organe chez une femme, soit 1.300 à 1.400 grammes, et peut avoir « une conséquence importante sur l’hyper concentration sanguine ».

Les effets produits par la prise de doses importantes de Citalopram (un antidépresseur dont des traces ont été retrouvées dans le sang de la victime, ndlr) n’ont pas non plus été suffisamment analysés. En effet, d’après le professeur Tytgat, sollicité par la défense, la substance Citalopram a été trouvée chez la victime en « concentration toxique ». Son rapport précise que des éléments scientifiques permettent de dire « que la mort de Véronique Pirotton peut être due à une ‘overdose combinée d’alcool-benzodiazépines-Citalopram' ».

En conclusion, « il apparaît tout d’abord que la personnalité de M. Wesphael n’est pas compatible avec un acte aussi grave ». « Par contre, tout dans la personnalité de la victime rend tout à fait plausible qu’elle ait pu avoir un comportement agressif, en raison de ce qu’elle avait consommé », indique Me Mayence.

Le sac en plastique se trouvait à côté de la victime

Les premières constatations réalisées par les policiers dans la chambre 602 de l’hôtel Mondo à Ostende montrent que le sac en plastique, déjà évoqué à plusieurs reprises lundi, se trouvait à côté de la tête de la victime dans la salle de bains. Ce sac se trouvait à gauche de la tête de la victime, ou à droite quand on la regarde, a indiqué un policier. « Il était sec et ne portait pas de marques de respiration. »

Me Mayence, avocat de Bernard Wesphael, a demandé aux témoins entendus lundi pourquoi, lors d’une audition, le médecin légiste Van Parys indique que selon M. Wesphael, le sac en plastique se trouvait autour de la tête, élément « qui a sans doute servi à la délivrance d’un mandat d’arrêt ».

« Qui a donné cette information au Dr. Van Parys? « , a demandé l’avocat sans obtenir de réponse.

« C’est parti et ce n’est pas encore fini », a simplement déclaré Bernard Wesphael à la sortie de l’audience.

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