Bernard Wesphael © BELGA

Procès Wesphael: « L’intoxication alcoolo-médicamenteuse, l’hypothèse la plus soutenue scientifiquement »

Après être revenu sur la ligne du temps, Me Mayence a poursuivi sa plaidoirie, mercredi devant les assises du Hainaut, même s’il estime qu’il n’y a plus de question à se poser à partir du moment où une mort naturelle ou accidentelle n’est pas écartée par les rapports d’expertise.

Néanmoins, il a souhaité aller au bout des choses en passant à la loupe les fibres et les hématomes relevées sur le corps de Véronique Pirotton. Il a aussi regretté qu’un dépôt de pièce par l’accusation s’est produit en plein milieu de sa plaidoirie.

Avant la reprise de la plaidoirie, l’avocat général a souhaité déposer des pièces au dossier, des notices mises à jour sur les effets des médicaments retrouvés chez Véronique Pirotton. « C’est du jamais vu et c’est très désagréable d’être coupé dans son élan » regrette Me Mayence qui émet des réserves sur ce dépôt. « C’est exactement ce que j’ai déposé hier », constate Me Bauwens. Mais il a fallu peu de temps à Me Mayence pour relancer la machine. « Je ne suis pas là pour formuler des hypothèses, pour inventer, mais pour répondre à des questions », a commenté l’avocat qui fait référence aux scénarios imaginés par l’accusation et les parties civiles. Pour l’avocat, les jurés devront se baser sur les éléments de certitude. « Pourquoi l’aurait-il fait ? C’est incompatible avec sa personnalité et cela repose sur des éléments interprétés. Quelle est la cause de la mort ? Nous affirmons que nous apportons la preuve que la plus grande probabilité est une mort naturelle. S’il existe une petite possibilité que l’intoxication alcoolo-médicamenteuse est plausible, le procès s’arrête ici. Les fibres et les hématomes n’ont pas d’importance car le coussin n’a pas servi à donner la mort selon l’INCC et et aucun hématome n’est létal ».

Me Mayence n’a pas peur d’imaginer le pire scénario pour son client et il conclut qu’il « n’y a pas d’homicide car il n’y aucun lien entre les hématomes, qui n’ont pas fait l’objet d’une analyse macroscopique, et la mort ». Et il insiste en déclarant que son client n’a porté aucun coup à la victime. L’avocat a analysé les causes de la mort en s’appuyant sur les contre-expertises réalisées par les docteurs Beauthier père et fils (médecins légistes) et le professeur Tytgat (toxicologue), « que nous allions déposer quelles que soient les conclusions, en accord avec M. Wesphael ».

Les expertises écartent la strangulation, l’étouffement criminel sans l’exclure

Ces expertises écartent la strangulation, l’étouffement criminel sans l’exclure, mais ils privilégient l’intoxication alcoolo-médicamenteuse, non écartée par un expert médico-légal sur le plan accidentel et non suicidaire. « C’est l’hypothèse la plus soutenue sur le plan scientifique », clame Me Mayence qui souhaiterait que le fils de Véronique Pirotton sache que sa mère ne s’est pas suicidée mais qu’elle a été victime d’un excès d’alcool et de médicaments. L’avocat s’est aussi permis de contacter le docteur Beauthier pour avoir des éclaircissements sur la lésion du foie. « Selon le médecin, cette lésion s’explique par un mouvement de pendule lors de la réanimation, la lésion est postérieure ». Le conseiller technique de la défense écarte la thèse d’un coup direct.

Concernant les autres lésions constatées sur le corps de la victime, Me Mayence estime qu’il n’est pas illogique de soutenir qu’elles résultent de la réanimation opérée le 31 octobre 2013, sur base des déclarations des différents témoins qui sont intervenus dans la chambre 602 pour réanimer Véronique Pirotton. L’avocat est aussi revenu sur le rapport « fibres » déposé par l’INCC et l’examen du sac en plastique « sur lequel aucune fibre n’a été retrouvée ». Il se demande comment expliquer plus de traces de mascara et de fond de teint sur le sachet que sur le coussin qui aurait été utilisé plus tôt dans le cadre d’un éventuel étouffement. Aucune fibre n’a été retrouvée sur Bernard Wesphael.

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