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Procès Jratlou : le ministère public requiert la culpabilité

Au sixième jour du procès de Mohamed Jratlou, mercredi, la matinée a été consacrée aux plaidoiries des parties civiles et au réquisitoire du ministère public.

L’accusé, âgé de 71 ans, doit répondre devant la cour d’assises du Hainaut, présidée par Olivier Delmarche, du meurtre de son fils Younes, 4 ans, retrouvé dans les eaux de la Lys à Comines le 10 novembre 2009, deux semaines après sa disparition.

Après avoir précisé aux jurés qu’ils devraient appliquer des notions juridiques lors de leur délibération, l’avocate générale, Ingrid Godart, a souligné qu’un nombre impressionnant de devoirs d’enquête avaient été mis en oeuvre lors de l’instruction sans qu’aucune piste ne soit exclue.

« Les différents éléments de preuves irréfutables convergeaient tous vers la piste familiale. Les enquêteurs ont donc orienté leurs recherches dans ce sens. C’est la manière habituelle de procéder », a affirmé l’avocate générale en réponse à Me Jean-Jacques Vandebroucke, conseil de Naïma Zraidi, la mère de Younes, qui pointait des pistes inexplorées et un acharnement envers la famille.

Pour l’avocate générale, douze points incontestables démontrent la culpabilité matérielle de l’accusé. Les versions de l’accusé qui divergent, deux zones d’ombre inexpliquées de 50 minutes dans son emploi du temps la nuit des faits, des traces de sang de Younes dans l’habitation, le rapport psychologique de Wasir établissant un traumatisme à la suite d’un choc, le test polygraphique auquel l’accusé échoue, etc.

Ingrid Godart a également épinglé l’analyse psychologique de l’accusé, qui révèle une personnalité facilement débordée, avec un risque de passage à l’acte important, et requis la culpabilité pour meurtre en rappelant que, pour que la mort survienne chez un bambin de 4 ans, il fallait maintenir la compression des voies respiratoires pendant trois minutes. Ce qui démontre à suffisance l’intention de donner la mort.

Karim Itani, conseil de Wasir, 11 ans, le frère aîné de la victime, a rappelé que sa mission était de veiller aux intérêts de Wasir et de les défendre. Dans le cas où Mohamed Jratlou serait acquitté, sa mission s’arrêterait là. Dans le cas contraire, il pourrait demander des dédommagements.

Mes Jean-Pierre Vandenbroucke et Marie-Paule Dauchy, conseils de Naïma Zraidi, ont soutenu la thèse de leur cliente qui se dit convaincue de l’innocence de son mari et dénoncé une enquête bâclée qui a d’emblée privilégié le crime familial. Les avocats ont qualifié l’instruction de véritable machine judiciaire qui s’est emballée et a dérapé.

La parole sera à la défense mercredi après-midi. Mes Xavier Magnée et El Malki Adil, conseils de M. Jratlou, ont annoncé plus de trois heures de plaidoirie.

Pour la défense, il n’existe aucune preuve contre l’accusé

Me El Malki Adil, avocat de Mohamed Jratlou, a entamé sa plaidoirie en retraçant le parcours de son client, M. Jratlou, immigré marocain, illettré, qui a travaillé dès l’âge de 14 ans. Bien intégré en Belgique, l’accusé, respecté et apprécié des habitants de Comines, participait à la vie sociale de sa commune.

C’est sur le compte de l’éducation marocaine que l’avocat a mis l’absence d’émotion de l’accusé et sur son analphabétisme, les erreurs et confusions qu’il a pu faire lors de ses différents interrogatoires, tant lors de l’instruction que lors du procès.

Pour l’avocat, qui a pointé une instruction incomplète, où des pistes qui pouvaient se révéler interpellantes ont été ignorées, il ne ressort de l’enquête aucun élément qui établirait la culpabilité de
M. Jratlou.

L’avocat dit s’interroger sur les raisons pour lesquelles M. Jratlou se trouve dans le box des accusés. « On ne peut déduire l’existence d’un fait sur base d’éléments incertains. Il vous faut la preuve que c’est lui qui a exercé la pression mécanique pour étouffer son enfant », a affirmé Me El Malki Adil, en ajoutant que depuis son incarcération en novembre 2010, l’accusé n’avait de cesse de clamer haut et fort son innocence.

Me Xavier Magnée a ensuite poursuivi la plaidoirie, en s’attachant à démontrer l’innocence de son client.

Le Vif.be, avec Belga

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