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Procès de l’exorcisme : 9 ans de prison pour deux des accusés

La cour d’assises de Bruxelles a condamné, lundi soir, Mourad Mazouj et Xavier Meert à 9 ans d’emprisonnement pour avoir torturé jusqu’à la mort Latifa Hachmi (23), en 2004.

Les juges ont également condamné Jamila Zian et Fatima Zekhnini pour les mêmes faits à 5 ans de prison avec sursis. Enfin, la cour a condamné Abdelkrim Aznagui et Hayate Saif Nasr à 3 ans de prison avec sursis pour tortures sans la circonstance aggravante de mort.

Xavier Meert (34), Mourad Mazouj (34), le mari de la victime, Jamila Zian (44) et Fatima Zekhnini (41) avaient été reconnus coupables, par la cour d’assises de Bruxelles, jeudi, de tortures ayant provoqué, sans intention de la donner, la mort de Latifa Hachmi.

Les deux derniers accusés, Abdelkrim Aznagui (60) et Hayate Saif Nasr (31), eux, avaient été reconnus coupables de tortures également mais sans la circonstance aggravante de la mort.

Latifa Hachmi avait suivi des séances de Roqya, un rite musulman de « désenvoûtement », à Schaerbeek, entre fin juin et début août 2004. Deux exorcistes, Abdelkrim Aznagui et Xavier Meert étaient intervenus, ainsi que le mari de celle-ci, Mourad Mazouj et trois « guérisseuses », Jamila Zian, Fatima Zekhnini et Hayate Saif Nasr.

Latifa Hachmi était décédée le 5 août 2004 suite à une ultime séance de Roqya au cours de laquelle elle avait été battue, immergée dans des bains d’eau très chaude et étranglée.

Elle était restée inconsciente pendant plusieurs heures la nuit du 4 au 5 août 2004, avant que son mari, Mourad Mazouj, Xavier Meert, Jamila Zian et Fatima Zekhnini n’appellent les secours. Abdelkrim Aznagui et Hayate Saif Nasr, eux, n’étaient pas présents cette nuit-là.

La cour a reconnu pour chacun des coupables la circonstance atténuante que le délai habituel pour être jugé était dépassé. La cour a également pris en compte l’absence d’antécédents judiciaires dans le chef de tous.

Concernant Mourad Mazouj, les juges ont retenu, qu’en qualité de mari de la victime, il se devait de la protéger. Or, même s’il était réticent au début à ce que son épouse suive une Roqya, il avait participé aux tortures ensuite. C’est lui, notamment, qui, avec Xavier Meert, avait immergé Latifa Hachmi dans un bain jusqu’à la quasi-noyade le 4 août 2004.

Concernant Xavier Meert, la cour a retenu qu’il avait été le prescripteur des actes de Roqya dans laquelle il s’était aveuglément enfermé. Par ailleurs, il avait reconnu avoir « dérapé dans les traitements ».

Concernant Jamila Zian et Fatima Zekhnini, la cour a pris en compte le fait qu’elles étaient intervenues uniquement sur appel des exorcistes Xavier Meert et Abdelkrim Aznagui mais qu’elles avaient néanmoins participé activement à la Roqya. La cour a observé les difficultés existentielles et la personnalité immature de Jamila Zian et encore le fait que les deux femmes sont mères de jeunes enfants.

Pour Abdelkrim Aznagui, la cour a pris en compte la période limitée, fin juin 2004, pendant laquelle il avait torturé Latifa Hachmi. Les juges ont néanmoins retenu qu’il avait dirigé la Roqya pendant cette brève période.

Enfin, la cour a pris en compte la période active mais limitée durant laquelle Hayate Saif Nasr a participé à la Roqya, ses difficultés existentielles et sa qualité de mère.

Les juges ont souligné, pour chacun des condamnés, que « leurs croyances ne les mettaient pas au-dessus des lois » et que leurs actes de tortures devaient être sanctionnés en tant que tels.

Les condamnés Mourad Mazouj et Xavier Meert, qui comparaissaient libres, n’ont pas été arrêtés à l’issue du procès. Ils seront donc invités à se présenter à la prison dans les jours à venir.

Levif.be, avec Belga

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