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Procès De Gelder: le témoignage des familles des victimes décédées

Le Vif

Après les témoignages des familles des puéricultrices, c’est au tour des proches de la puéricultrice et des deux bébés tués d’apporter leur témoignage .

L’audience commence par le témoignage de Quinten Blindeman, le fils de Marita Blindeman, la puéricultrice assassinée. Cette dernière a été poignardée alors qu’elle tentait de prévenir les secours. « Le 23 janvier 2009, une partie de moi est morte. Une autre partie tente de survivre. Il reste de belles choses: mon fils, mes amis et ma famille qui sont toujours là. Mais il reste une blessure incurable. Il y a des jours, comme maintenant, où j’ai mal ».

A l’issue de son témoignage, il s’adresse à l’accusé. Quand Blindeman lui demande comment il se sentirait si on lui annonçait la mort de ses parents, De Gelder répond « je pense que mon monde s’effondrerait, ils sont la seule chose qui me reste dans ma vie ». « Je pense que vous comprenez donc comment nous nous sentons », réplique Quinten Blindeman. « Vous avez dû être triste et en colère, vous avez dû beaucoup souffrir », déclare Kim De Gelder. C’est la première fois qu’il exprime un peu de compassion à l’égard de ses victimes.

Le partenaire de Marita Blindeman, Willem Van Impe, décrit Marita comme une femme très attentive pour qui son travail à la crèche était toute sa vie. Il éprouve un sentiment de culpabilité : »j’ai le sentiment de l’avoir abandonnée ».

Ensuite, Louisette Van Nimmen, amie et collègue de Marita Blindeman, prend la parole : « Nous construisons un nouveau Fabeltjesland, mais ce n’est pas facile. Ce n’est pas le Fabeltjesland que nous avons fondé il y a 40 ans(…). Maintenant tout est parti. C’est très, très, très, très difficile ».

Après une courte pause, Rafaël Garcia Arbesu et Eva Mannaert, les parents de Leon, l’un des deux bébés tués par De Gelder, prennent la parole en tant que témoins et partie civile. La maman de Leon raconte le moment terrible où le chirurgien leur a annoncé que Leon avait succombé sur la table d’opération.

« J’avais et j’ai toujours beaucoup de mal à l’idée qu’il était seul, que son papa et sa maman n’étaient pas là » déclare Eva Mannaert. Les parents de Leon ont apporté un album de photos de leur fils « afin que les membres du jury puissent voir quel petit garçon joyeux était Leon ».

Puis, c’est au tour de la tante de Leon, Petra Hanskens, de prendre la parole. Leon avait le même âge que son fils. Elle raconte comment Eva (la maman de Leon) n’a pas pu prendre son fils décédé dans ses bras après l’opération. Jef Vermassen, l’avocat des parents, appelle la justice à réfléchir à la notion d’ « adieu digne » mentionnée sur tous les procès-verbaux. « C’est absurde que les gens ne puissent plus toucher leurs proches défunts. Eva aurait dû pouvoir prendre son enfant dans ses bras, opération ou pas ».

« Nous avons eu le sentiment d’avoir été poignardés au coeur, mais Eva et Rafaël doivent avoir eu l’impression qu’on leur avait arraché le coeur » ajoute encore la tante du petit Leon.

Après la pause de midi, Koen Van Renterghem,un policier de l’aide aux victimes préposé à épauler la famille de Leon, fait son récit : « leur colère et tristesse forcenées a fait place à un chagrin serein ».
Son récit est suivi du témoignage des parents de Corneel, l’autre bébé assassiné, Timothy Vermeir et Katrien Mettepenningen.

Ceux-ci expliquent comment leur monde s’est effondré lorsqu’ils ont appris le décès de leur petit garçon. Mais aussi comment ils ont décidé de ne pas se laisser abattre, de continuer à vivre malgré tout : « Nous avons eu d’autres enfants, nous avons acheté une plus grande maison. Cela nous a rapprochés ».

« Soudain, la maison était vide »

Les parents de Corneel, autre bébé décédé lors de l’attaque à la crèche Fabeltjesland, ont également témoigné de cette perte cet après-midi. La maman de Corneel a expliqué qu’elle avait appris que quelque chose s’était produit à la crèche alors qu’elle donnait cours, et que le père se trouvait au bureau. Tous les deux se sont ensuite rués sur place. Le père de Corneel a appris, sur le parking du centre de crise, que son petit garçon avait perdu la vie. Il a annoncé la nouvelle à sa femme à son arrivée.

« J’ai commencé à crier ‘Corneel’ très fort », a expliqué la mère. « J’ai tapé le Maxi Cosi contre le mur. J’étais tellement heureuse d’être maman, et là je ne l’étais plus tout d’un coup. » La maman a aussi raconté qu’après les faits, la maison semblait fort vide et calme. « Son parc était là, mais vide. Son biberon, pas terminé, était posé sur la table. Je ne savais pas quoi faire. Cette disparition fut énorme. »

Le papa de Corneel a raconté comment lui et sa femme avaient dû adapter leur vie après la naissance du fils. « Avant, nous partions souvent de la maison à l’improviste, mais avec Corneel ce n’était plus possible. Son arrivée nous a demandé quelques adaptations que nous avons d’ailleurs fait avec plaisir. Après le drame, nous nous sommes retrouvés à nouveau à deux, ce que nous ne voulions pas. Nous voulions être trois. »

Les parents ont également déclaré, répondant à une question de leur avocat sur la manière dont ils tentaient d’aller de l’avant dans leur vie, « Corneel vit dans notre coeur et nous a encore rapproché ». La papa a également donné une série de traits de caractère du petit garçon. « C’était un spécialiste des petits blocs à monter. Lorsqu’on le réveillait, il vous regardait et riait immédiatement (…) Il venait d’apprendre à taper dans ses mains plus ou moins au rythme de la musique. Je pense qu’il avait un grand avenir devant lui. »

De Gelder de marbre

A la fin de la journée, après les témoignages poignants, l’avocat Jef Vermassen a obtenu la parole. « Nous avons l’impression que vous avez échangé votre gilet pare-balles pour une armure d’inaccessibilité », a-t-il dit à propos de Kim De Gelder. « N’avez-vous donc pas une once d’émotion, pas un fond de respect pour tous ces gens blessés ? N’est-ce pas le moment de vous débarrasser de cette armure ? S’il-vous-plaît, monsieur De Gelder, dites au moins une fois que vous êtes désolé. Pensez-y durant le week-end ».

Le président Koen Defoort a ensuite demandé à Kim De Gelder s’il souhaitait répondre à l’avocat. « Non, président », a dit Kim De Gelder.

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