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Prisons : la grève s’étend aux autres établissements en Wallonie

Le mouvement de grève de 24 heures à la prison d’Arlon entamé ce samedi matin, suite à l’évasion de deux détenus, s’est étendu aux autres prisons de Wallonie, selon la CSC, notamment à Tournai et Lantin.

« Du côté francophone plusieurs mouvements sont lancés depuis ce matin en solidarité avec la prison d’Arlon », confie Serge De Prez, permanent CSC Prison. « Tous les établissements pénitenciers qui veulent marquer leur soutien à Arlon peuvent le faire. Tout ceci dort déjà depuis plusieurs mois, dans la mesure où la ministre de la Justice ne s’intéresse guère à ces services, notamment en n’étant pas suffisamment alertée par les différentes prises d’otages. Elle ne répond pas suffisamment aux besoins de sécurité des agents. »

Dimanche, dès 06h00, les agents pénitentiaires pourront continuer à travailler en service de nuit jusqu’à lundi; jour où une réunion en front commun syndical sera organisée avec les représentants nationaux pour envisager la suite des événements.

Les gardiens de Tournai et Lantin se croisent les bras

A Tournai, les gardiens suivent le mouvement de grève entamé à la prison d’Arlon. La police de la zone de Tournai assure la sécurité de l’établissement pénitentiaire, en service minimum. Il n’y aura dès lors pas de visites, ni de préau, ni d’ateliers ce samedi. La visite de 13h00 a également été annulée. Les agents tournaisiens dénoncent un manque de sécurité pour le personnel, de gardiens et de moyens.

La prison de Tournai accueille actuellement quelque 250 prisonniers. Or, la norme fixée est de 187 détenus, le nombre maximal tolérable étant de 220 prisonniers, selon les syndicats et les travailleurs.

A Lantin aussi le personnel se croise les bras depuis 13h00. « La centaine de travailleurs présente aujourd’hui à la prison de Lantin a décidé d’être solidaire avec la prison d’Arlon », explique Sébastien Graeff, délégué CSC. « Les agents sont couverts jusque dimanche matin 06h00 ».

Selon plusieurs médias, les prisons de Saint-Hubert (pour adultes et le centre fermé pour jeunes), Mons, Ittre, Nivelles, Verviers, Forest et Saint-Gilles seraient aussi touchées par les actions de grève.

24 heures de grève à Arlon

Les agents de la prison d’Arlon sont entrés en grève ce samedi matin à la suite de l’évasion de deux détenus vendredi soir.

« Nous soutiendrons un mouvement de grève de 24 heures pour raison émotionnelle mais un service de nuit sera assuré jusqu’à dimanche 06h00 », a déclaré le permanent CSC Prison, Serge Deprez. Les syndicats se retrouveront lundi pour décider des suites des actions à mener.

« Les agents en ont assez d’être niés par la ministre qui n’est jamais venue à la rencontre des agents », a-t-il poursuivi. « Elle a vraiment un mépris pour eux. Après Andenne, voilà Arlon… Quelle sera la suivante ? Du côté néerlandophone, on pense aussi à embrayer le mouvement. »

Les gardiens des prisons d’Ittre et de Nivelles ont également débrayé ce samedi matin.

Le SLFP-Police solidaire avec les gardiens

Par solidarité pour les gardiens de la prison d’Arlon, le SLFP-Police ne réactivera pas son préavis de grève, a indiqué ce samedi le syndicat policier dans un communiqué. Il appelle néanmoins les autorités compétentes à lancer un débat sur la question de la violence dont les policiers sont victimes.

« Nous partageons la révolte des gardiens à l’égard de cette violence et nous sommes solidaires de leur peine. Comme pour les derniers faits similaires à Andenne, à la suite desquels les gardiens ont déposé un préavis dans les règles pour n’être en grève qu’après le débat légalement prévu, le SLFP-Police n’activera pas le préavis de grève dans le cas présent », explique le syndicat policier.

Le SLFP-Police invite par ailleurs « instamment Madame la ministre de l’Intérieur – mais Madame la ministre de la Justice est tout aussi concernée – à lancer comme elle nous l’a annoncé le débat préparatoire à la table ronde visant à mettre en oeuvre le projet SLFP-Police de ‘Protocole contre la violence dont les policiers sont victimes' », ont précisé Vincent Gilles et Vincent Houssin, président et vice-président nationaux du SLFP.

La police n’envisage de réactiver le préavis qu’en cas de mouvements « sauvages » de grève, le SLFP dénonçant les constantes mise en oeuvre de policiers en milieu carcéral.

La CGSP n’appelle pas à la grève en Flandre

Le syndicat socialiste CGSP n’appelle pas à faire la grève dans les prisons flamandes, a fait savoir le syndicaliste Guido Rasschaert à l’agence BELGA. Il n’a néanmoins pas exclu que des actions spontanées voient le jour dans certaines prisons. « Les émotions sont vives. S’il y a des actions spontanées, nous les examinerons au cas par cas et les soutiendrons éventuellement. »

Guido Rasschaert a ajouté que les syndicats se réuniraient lundi pour débattre de la situation.

La double évasion d’Arlon

Les deux détenus qui ont profité de la fin d’une balade au préau, vendredi soir, à la prison d’Arlon pour prendre deux gardiens en otage et prendre la clé des champs sont David Manella, notamment condamné le 26 mars dernier, pour une évasion avec prise d’otage de la prison de Nivelles le 13 juin dernier, et Jason Bechet, a-t-on appris. La police d’Arlon a confirmé l’information.

Les deux fugitifs qui n’ont toujours pas été retrouvés ont grièvement blessé deux gardiens l’un au visage, l’autre à la gorge. Les deux agents victimes de la prise d’otage ont cependant pu rentrer chez eux vendredi soir, a indiqué Laurent Sempot, porte-parole de l’administration pénitentiaire.

Pas une première pour Manella

Le 13 juin 2011, David Manella s’était évadé de la prison de Nivelles avec Maximilien Collard, en prenant une gardienne en otage à l’aide de couteaux artisanaux fabriqués avec des lames de rasoir. Cela lui avait valu une condamnation à une peine de prison ferme de 8 ans le 26 mars dernier.

Originaire de Charleroi et connu des autorités judiciaires pour des agressions commises avec violence, David Manella avait aussi été condamné à 15 ans de prison en février dernier pour une liste impressionnante de braquages et carjackings commis au cours de l’été 2010 avec des complices. Il avait ainsi été poursuivi pour le braquage d’une salle de jeux de Jumet, commis avec deux complices, pour des vols de voitures et de plaques d’immatriculation, des attaques à main armée dans une librairie et un night shop de Ransart, un Brico Marché, un magasin Match, un bureau de Poste, une pizzeria à Jurbise.

Levif.be, avec Belga

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