Présidentielles Ecolo : les projets des candidats passés au crible

Avec l’aide de l’outil informatique Wordle, Le Vif/L’Express a analysé le vocabulaire employé par les trois duos qui briguent la succession de Jean-Michel Javaux. Révélateur.

Le dimanche 4 mars, les militants écologistes éliront leurs nouveaux coprésidents. Ils auront le choix entre trois duos : Emily Hoyos (présidente du parlement wallon) et Olivier Deleuze (chef de groupe au parlement fédéral) ; Benoît Hellings (ex-sénateur et président du port de Bruxelles) et Muriel Gerkens (députée fédérale) ; Bernard Wesphael (chef de groupe au parlement wallon) et Marie Corman (fonctionnaire à la Commission européenne).

Qu’est-ce qui distingue les candidats à la succession de Jean-Michel Javaux et de Sarah Turine ? Sur quels enjeux se positionnent-ils en priorité ? Comment conçoivent-ils leur parti ?

Pour le savoir, nous avons soumis les trois projets de candidature, une dizaine de pages chacun, au tamis du programme Wordle. Cet outil informatique repère les termes qui reviennent le plus souvent dans un texte. Ce qui est souvent révélateur d’un état d’esprit sous-jacent, d’une « âme » qui n’est pas toujours exprimée de façon explicite.

Pour confronter les tandems Hoyos-Deleuze, Gerkens-Hellings et Wesphael-Corman, nous n’avons retenu que les 80 mots qui apparaissent le plus fréquemment dans leurs programmes respectifs, en écartant certaines expressions insignifiantes (« dont », « comme », « ils », « aujourd’hui »…). Plus un mot apparaît en grand, plus sa présence dans le texte est significative.

D’emblée, un constat s’impose : le vocabulaire employé par les trois duos est relativement proche, ce qui tend à confirmer l’impression générale d’une campagne soft. Entre les candidats à la présidence, les différences programmatiques sont minimes. Sans surprise, dans tous les textes, ce sont les mots « Ecolo » et « politique » qui reviennent le plus souvent.

Graphique Deleuze-Hoyos.

A priori, Olivier Deleuze et Emily Hoyos partent favoris. Ils bénéficient en tout cas du soutien de l’appareil du parti. Tout au long de la campagne, ils ont mis en avant le côté crédible et efficace de leur candidature. On ne s’étonnera donc pas de retrouver à l’avant-plan de leur programme les mots « responsabilité » et « propositions », mais aussi « élections », une préoccupation capitale pour tout parti politique traditionnel.

Mais Deleuze et Hoyos entendent aussi raviver la flamme, revitaliser leur parti, comme en atteste la présence des termes « engagement », « coeur », « idées », « terrain »…

Sur le plan institutionnel, aucun niveau de pouvoir n’a été oublié : « Europe », « Bruxelles », « Wallonie », « Fédération », « Belgique » et même « monde ». Là encore, confirmation d’une candidature sérieuse, pragmatique, attentive à tous les échelons où se prennent des décisions.

Graphique Hellings-Gerkens.

Principale singularité de l’acte de candidature du binôme Hellings-Gerkens : la présence récurrente des mots « hommes » et, surtout, « femmes ». Rien d’étonnant, compte tenu de l’engagement (très) féministe de Muriel Gerkens. De façon générale, des trois candidatures, c’est celle qui se positionne le plus sur les questions de genre.

Curieusement, c’est aussi la seule équipe chez qui l’adjectif « vert » et le mot « environnement » arrivent en bonne place. Ce qui trahit un désir de retour aux sources ? Pas sûr. Le duo met aussi en avant d’autres aspects du développement durable : « économie », « travail », « énergie », « prospérité ». Mais aussi un dada des écolos : « gouvernance ».

Un autre mot retient l’attention : « transition ». Il révèle la volonté exprimée clairement par le duo de candidats d’évoluer vers un autre modèle de société. Ce que ne disent pas de façon aussi nette les deux autres tandems.

Curieusement, dans le champ lexical du duo Hellings-Gerkens, on ne retrouve ni le mot « Europe », ni « Belgique », ni « Wallonie », ni « Bruxelles ». Les adjectifs « fédéral » et « régional », en revanche, s’y trouvent. Peut-être parce que ces deux candidats considèrent les territoires et les institutions avant tout comme des outils, et non comme des espaces d’identité ou d’affection.

A noter aussi, la présence des adjectifs « local » et « locales », qui n’apparaissent pas aussi fréquemment dans les deux autres candidatures.

Graphique Wesphael-Corman.

De longue date, Bernard Wesphael aime se positionner comme un représentant de l’aile gauche d’Ecolo, d’abord attentif aux enjeux socio-économiques. Le vocabulaire employé dans son projet confirme cette image : on y retrouve en masse des mots comme « publique », « consommation », « austérité », « économique », « banque », « épargne », « développement », « endettement »…

Autre combat de prédilection du député wallon, sa lutte contre la particratie. Pas étonnant, dès lors, d’apercevoir ici des termes comme « démocratique », « démocratie » ou « citoyens ».

Le programme du ticket Wesphael-Corman cite régulièrement les mots « Wallonie », « Bruxelles » et « Europe ». Par contre, on n’y parle guère de « Belgique ». Ce qui tend à confirmer le positionnement très régionaliste de Bernard Wesphael, membre fondateur d’Ecolo, bien dans la lignée de l’ancienne vision écologiste en faveur d’une Europe des régions, et méfiant vis-à-vis de l’establishment belgicain.

Des trois candidatures, c’est aussi la seule où le mot « Chine » apparaît en gros, comme une ombre menaçante. Bernard Wesphael milite en effet pour l’instauration d’un protectionnisme aux frontières de l’Europe.

François Brabant

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