Francois Bellot © Belga

Près de deux milliards dépensés pour un RER pas encore fini

La facture totale des travaux du RER devrait atteindre quelque 3 milliards d’euros, soit encore un milliard de plus. Le montant prévu initialement s’élevait à 1,612 milliard d’euros. Le ministre de la Mobilité souhaite que la poursuite des chantiers du RER se fasse par « tronçons » pour bénéficier au plus vite de chaque avancée. Pas inutile, lorsqu’on sait que la fin hypothétique du RER n’est pas prévue avant dix ans.

La facture totale des travaux du RER devrait atteindre quelque 3 milliards d’euros. Un montant qui correspond à 1,956 milliard d’euros dépensés pour les travaux déjà réalisés auquel s’ajoute un montant d’1,05 milliard d’euros dernièrement décidé par le gouvernement fédéral à l’initiative du ministre de la Mobilité, François Bellot, afin de terminer le RER. Pour rappel, le montant prévu initialement pour le projet de RER s’élevait à 1,612 milliard d’euros.

Entre 2004 et 2014, l’Etat belge a alimenté le fonds RER à hauteur de 2,184 milliards d’euros, dont 1,956 milliard a été dépensé, le fonds RER disposant encore, à l’heure actuelle, de 228 millions d’euros. A cela, s’ajoute désormais l’enveloppe de 1,05 milliard d’euros décidée par le gouvernement fédéral. L’Etat belge empruntera un milliard d’euros, que le ministre Bellot nomme « vertueux » vu les effets retours attendus. Si le mode d’emprunt n’a pas encore été arrêté, on se dirige, selon le ministre, vers un emprunt d’Etat classique réalisé de manière progressive en fonction des besoins et qui s’ajoutera à la dette de l’Etat belge et non à celles de la SNCB et d’Infrabel.

Le milliard d’euros qui sera emprunté s’ajoute aux 257 millions de préfinancement Région wallonne pour le RER et aux 228 millions restants dans le fonds RER, ce qui donne un total de 1,485 milliard d’euros, dont 1,05 milliard ira à la réalisation des travaux visant à terminer le RER et 436 millions d’euros seront disponibles, « hors RER », pour rencontrer les priorités des Régions en matière ferroviaire. Clef de répartition 60/40 oblige, 368 millions de ces 436 reviendront à la Flandre, 53 à la Wallonie et 15 millions à Bruxelles. Selon le ministre Bellot, l’affectation de ces moyens « hors RER » devra être discutée au sein de la cellule d’investissement. A Bruxelles, les 15 millions disponibles pourraient servir à améliorer le confort des gares dans le cadre d’une valorisation de l’offre S (suburbaine), suggère le ministre. Ces différents équilibres feront l’objet d’un accord de coopération avec les Régions qui confirmera la clef de répartition 60/40 mais désormais celle-ci pourra être évaluée sur base pluriannuelle (tous les deux ans) et non plus strictement annuelle, précise François Bellot. « Nous ne voulons pas que la clef 60/40 soit un frein à la mise en oeuvre de dossiers d’un côté ou de l’autre de la frontière linguistique ».

Cet assouplissement « temporel » est aussi une réponse à un récent rapport de la Cour des comptes estimant que l’application de la clé de répartition 60-40 est une des causes des importants retards dans la réalisation du RER. Selon la Cour des comptes, « des chantiers ont été arrêtés avec pour seul motif le respect de la clé. Le respect de la clé a pu aussi conduire à augmenter ou accélérer les investissements dans une région (la construction de parkings, par exemple) ».

Des chantiers par tronçons

Le ministre de la Mobilité, François Bellot, souhaite que la poursuite des chantiers du RER se fasse par paliers ou « tronçons » afin que la clientèle du rail puisse le plus rapidement possible bénéficier de chaque renforcement de capacité, sans attendre la fin complète de tous les travaux, a-t-il laissé entendre au cours d’une rencontre avec la presse alors que le conseil des ministres a validé la semaine dernière l’idée d’un emprunt d’un milliard d’euros destiné notamment à parachever le RER.

Trois chantiers du RER doivent encore être terminés, à savoir la mise à quatre voies de la ligne L50A Bruxelles-Sint-Katherina-Lombeek mais, surtout, la mise à quatre voies des lignes vers la Wallonie L124 Uccle-Nivelles et L161 Watermael-Ottignies. Des chantiers qui ont pris un retard considérable et dont on a craint qu’ils ne soient jamais terminés. Grâce à l’emprunt « vertueux » d’un milliard d’euros décidé par le gouvernement fédéral à l’initiative du ministre de la Mobilité, les travaux de la L161 devraient être achevés pour 2024. Pour la L124, par contre, l’annulation de plusieurs permis nécessite de redémarrer la procédure depuis le début, ce qui demandera trois années supplémentaires en sus des six années estimées pour le chantier. « Il est impossible que cette ligne soit terminée avant 2027-2028 », a confirmé le ministre de la Mobilité. « L’objectif, dès 2024, est en heure de pointe un train tous les quarts d’heure sur la ligne 161, un train toutes les demi-heure sur la ligne 124 et un train tous les quarts d’heure sur la ligne 50A », précise encore François Bellot. Le principe de l’emprunt d’un milliard étant désormais validé par le conseil des ministres, les discussions vont pouvoir reprendre avec Infrabel en vue d’une reprise des travaux d’ici la fin de l’année, a-t-on encore appris. François Bellot loue, étude du Bureau fédéral du Plan à l’appui, le caractère « vertueux » de l’emprunt d’un milliard d’euros. « Le Bureau du Plan estime que les investissements dits de croissance donnent, pour un investissement de 1.000 une année, un retour pour l’Etat, de manière directe et indirecte, de 500 dans les deux années qui suivent. Et si on parvenait à diminuer l’encombrement routier de 30% en Belgique, le retour pour l’Etat serait, selon les estimations, de 50 à 60 millions d’euros par an, ce qui correspond au remboursement annuel sur 25 ans du milliard vertueux », argumente le ministre, tout en soulignant l’impact positif pour la croissance du PIB belge de ce type d’investissement dans la mobilité.

En Brabant wallon, près de 52.000 voyageurs prennent quotidiennement le train dont 21.600 à la gare d’Ottignies, un peu plus de 6.000 à Louvain-la-Neuve et 5.300 à Braine-l’Alleud. Les plans de la SNCB prévoient que la gare de Braine-l’Alleud bénéficie d’une rénovation complète en 2017 et 2018. Sont notamment prévus le renouvellement des toitures et façades, la rénovation des guichets et de la salle d’attente, ainsi que la création de deux espaces commerciaux concédés. A Louvain-la-Neuve, le Park and Ride comprenant plus de 2.300 places de parking SNCB devrait être mis en oeuvre dès septembre 2017. En fonction du calendrier du Service public de Wallonie, ce parking sera relié à l’autoroute E411 par un accès direct. A Ottignies, pour résoudre un problème d’accès aux quais des personnes à mobilité réduite ainsi que d’encombrement du couloir sous voie, une nouvelle passerelle avec ascenseur devrait être mise en service dès 2018.

Contenu partenaire