« Près de 42% de la population active est payée par l’état »

Il y a trop peu d’emplois créés dans l’industrie, les banques, les assurances, les services, etc. « Même la Grèce a réussi à conserver plus d’emplois industriels ».

Plus de deux millions de Belges – près de 42% de la population active – sont payés par l’état

Les chiffres du dernier rapport de la Banque Nationale sont effarants : huit emplois sur dix créés en Belgique entre 2000 et 2013 sont financés majoritairement par les subventions de l’État. Ainsi, 100.000 jobs ont été créés dans les services publics et l’enseignement alors que dans les soins de santé et les services sociaux ce chiffre atteint les 170.000. En soi, ces chiffres n’ont rien de choquant : l’enseignement et les soins de santé peuvent encore employer davantage de personnes et contribuent à notre bien-être à tous. On peut également avancer de nombreux arguments en faveur des titres-services qui intègrent des personnes qui ne trouveraient pas de boulot ou qui devraient travailler au noir.

Aujourd’hui, plus de deux millions de Belges – près de 42% de la population active – sont payés par l’état. Le personnel d’entreprises publiques « autonomes » telles que la SNCB et Infrabel, qui ne peuvent survivre sans subventions, n’est même pas repris dans ce pourcentage. L’état ne peut continuer à supporter cette charge. Trop peu d’emplois sont créés dans l’industrie, le commerce, les banques, les assurances, les services, etc . Il est étonnant que depuis 2000 le secteur industriel dans notre pays connaisse le plus gros recul de tout le continent européen. « Même la Grèce a réussi à conserver davantage d’emplois industriels » explique Marcia De Wachter, directrice de la Banque Nationale.

Trop peu de personnes au travail

Le chômage, actuellement à 8,6%, est assez élevé, mais ce chiffre cache de grandes différences régionales. Une carte reprise dans le rapport de la Banque Nationale démontre qu’Anvers, la province flamande au taux de chômage le plus élevé, soit 5,9%, s’en sort beaucoup mieux que la province wallonne au taux de chômage le plus faible, le Luxembourg qui affiche 8,1%. Dans le Hainaut, ce chiffre monte même à 14,7% alors que les trois provinces flamandes limitrophes, la Flandre-Occidentale, la Flandre-Orientale et le Brabant flamand, où le chômage n’est que de 5%, figurent parmi les provinces qui affichent les meilleurs résultats.

Aujourd’hui, il y a beaucoup trop peu de personnes en Belgique qui travaillent. Seuls 67% des Belges âgés de 20 à 64 ans sont au boulot, soit 2,6% de moins que la moyenne européenne et même 13% de moins qu’en Suède. Ici, aussi les différences régionales sont prononcées : en Flandre le taux d’emploi est de 72%, en Wallonie de 62%, un chiffre qu’on voit par exemple aussi en Italie et en Espagne. Notre taux d’emploi est également trop faible parmi les personnes âgées de 55 à 64 ans : seuls 42% d’entre elles travaillent contre 54% en moyenne en Europe.

Prépension

C’est dans ce cadre que s’est engagée une discussion à propos de l’activation de prépensionnés et de chômeurs d’un certain âge. Le gouvernement, la N-VA et l’Open VLD en tête, voulait mettre fin à la prépension, un système qui n’existe plus dans la plupart des pays européens. Pour les syndicats c’est inacceptable. Le gouvernement fédéral a alors modifié cette proposition en « disponibilité adaptée » : les régions doivent aider les nouveaux prépensionnés à trouver un nouvel emploi jusqu’à 65 ans. En Flandre, c’est déjà le cas jusqu’à 60 ans, à Bruxelles et en Wallonie jusqu’à 50 ans. Cependant, on peut se demander si la Wallonie et Bruxelles mettront cette mesure en oeuvre. Pas seulement parce qu’il y a une autre coalition gouvernementale au pouvoir, mais aussi parce qu’elles n’ont pas l’argent.

Nous devons être plus nombreux à travailler plus longtemps, sinon les coûts de vieillissement et le système de sécurité sociale seront impayables. C’est pourquoi il faut davantage d’emplois, de préférence non financés par l’état. Luc Coene, qui vient de quitter son poste de gouverneur de la Banque Nationale, écrit dans la préface de son rapport. « Si l’on veut encourager l’emploi, il faut considérablement baisser les charges sur le travail en taxant la consommation, la pollution, la fortune, les plus-values en capital ou les revenus issus du capital ». Les avis divergent sur la répartition précise et les syndicats menaceront à nouveau d’organiser des actions si on ne répond pas à leurs souhaits – pas d’augmentation de la TVA, un impôt important sur la fortune. Mais si le gouvernement ne s’attelle pas sérieusement au tax shift, il n’arrivera définitivement pas à se démarquer.

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