Première Foire musulmane de Bruxelles sous surveillance

La Ligue des musulmans de Belgique, qui organise la partie « forum » du salon commercial qui se tient dès ce 28 septembre et jusqu’au 1er octobre à Tours&Taxis, n’a pas apprécié que le Vif/L’Express souligne l’affiliation « Frères musulmans » de cet événement. Pour un observateur un peu averti, la Ligue et ses partenaires appartiennent indiscutablement à ce qu’il est convenu d’appeler la « mouvance des Frères musulmans ».

Créée en Egypte par Hassan al-Banna (1928), cette confrérie a un fonctionnement discret, sinon caché. Le coming out d’un converti à l’islam, Michaël Privot, suivi récemment d’un getting out (il a mis fin à ses liens avec la mouvance européenne) reste une exception. Les autres militants préfèrent se taire, parce qu’ils savent qu’un tel aveu ne les rendra pas très sympathiques. Les FM ont été la matrice intellectuelle et organisationnelle de l’islamisme contemporain, même si, aujourd’hui, ils sont débordés sur leur droite par les salafistes. Dans les pays majoritairement musulmans, ils préconisent l’application de la sharia, loi islamique. Ailleurs, c’est plus subtil. Ils séparent les musulmans des non-musulmans et alimentent les sentiments de rejet de part et d’autre en attisant certains foyers de discorde (le voile, par exemple). Le mot qui trahit infailliblement un discours FM est celui de « contexte » : ils s’y adaptent et, en s’y adaptant, ils subissent, comme tout le monde, la corrosion du réel, la persuasion des autres, les limites imposées. La première foire islamique de Bruxelles est centrée sur la vie quotidienne : alimentation, habillement, finances. Il s’agit, au moyen du halal (licite, par opposition à haram, illicite), de marquer son territoire puisque les frontières de l’islam sont là où se trouvent ses fidèles. Cela ne fait pas pour autant de la Foire musulmane de Bruxelles un lieu infréquentable : les gens trouveront sans doute beaucoup de plaisir à flâner entre les échoppes. En revanche, le profil des orateurs invités, dont une belle brochette de membres du Conseil européen de la fatwa et de la recherche, est plus interpellant. Ces érudits se situent dans la lignée du cheikh Youssef al-Qaradaoui, qui a justifié les attentats-martyrs en Israël et a écrit Le Licite et l’illicite en islam, un monument du fondamentalisme destiné aux musulmans vivant dans des pays occidentaux. Au point que lors de la dernière foire musulmane de Paris, au printemps dernier, les autorités françaises l’ont découragé de mettre un pied en France. Chez nous, c’est ok pour ses pairs, mais sous haute surveillance.

Marie-Cécile Royen

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