Michel Pasteel

Pourquoi ne faut-il pas sous-estimer l’importance d’une poignée de main ?

Michel Pasteel Directeur de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes

Comment réagirions-nous, en tant que citoyen-ne dans une société prônant des valeurs démocratiques, face à une personne qui, par conviction religieuse ou personnelle, refuse de serrer la main à un homme homosexuel parce qu’elle estime que c’est  » sale  » ? Ou face à quelqu’un qui refuse de serrer la main d’une personne d’une couleur de peau différente parce qu’il pense que cette personne lui est inférieure ?

En Belgique, se serrer la main est la façon la plus habituelle et la plus généralement acceptée pour se dire bonjour, et c’est également une forme de respect. Le fait de refuser de serrer la main qu’une personne vous tend implique un refus inhérent de contact avec cette personne qui est considéré comme blessant et insultant précisément en raison de l’association avec « l’impureté ».

Quiconque refuse de serrer la main d’une autre personne en raison de son sexe et de la prétendue « impureté » ou « infériorité » des personnes de ce sexe commet potentiellement une infraction à la Loi-Sexisme. Cette loi définit en effet le sexisme punissable comme tout geste ou acte visant à considérer une personne comme inférieure en raison de son sexe, avec pour conséquence une atteinte grave à la dignité de cette personne. L’acte lui-même doit être une expression de cette infériorité. Ce n’est donc pas la croyance individuelle de l’auteur qui détermine le caractère sexiste.

De plus, le fait de faire une distinction entre les femmes et les hommes lorsqu’il s’agit de serrer la main peut aussi constituer, dans certains cas, une discrimination fondée sur le sexe. Dans notre société, les femmes et les hommes doivent en effet être traités sur un pied d’égalité, en raison de leur égalité de principe. Si ce n’est pas le cas, en principe, il est question de discrimination.

Y a-t-il des raisons valables de serrer ou non la main et de marquer une distinction entre les personnes en raison de leur sexe, de leur origine, de leur religion, etc. ? Il est en tout cas compréhensible que les personnes confrontées à ce refus se sentent insultées et discriminées. Dans l’espace public – et plus particulièrement sur le lieu de travail refuser cette forme de salutation sur base du sexe de la personne, de son origine, de son orientation sexuelle, de sa religion, etc., peut créer des tensions. En d’autres termes, ce traitement inégal peut mettre en danger le bien-être des travailleurs. Un employeur est, dès lors, obligé de prendre des mesures à cet égard.

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