Zuhal Demir

« Pourquoi monter au créneau pour des extrémistes et non pour la Saint-Nicolas? »

Zuhal Demir Secrétaire d'État fédérale à la Lutte contre la pauvreté, à l'Égalité des chances, aux Personnes han

Ce week-end, la toute nouvelle Secrétaire d’État à l’Égalité des Chances et à la Lutte contre la pauvreté Zuhal Demir (N-VA) s’en est prise au Centre interfédéral pour l’Égalité des Chances Unia. Pour beaucoup, elle s’est fourvoyée en racontant une série de demi-vérités mais Demir défend ses déclarations.

« Demi-vérités, et mensonges complets », m’ont reproché plusieurs quotidiens. Pourtant, ces mêmes journaux m’ont invitée à me défendre contre ces accusations, mais je tiens trop à ma réputation pour être traitée de menteuse.

Erreur supposée 1: « La plupart des plaintes reçues par Unia concernent la race ou la religion. Seules 5% sont motivées par l’âge et 4% par l’orientation sexuelle, alors que tout le monde s’accorde à dire que la discrimination liée à l’âge sur le marché du travail constitue le plus grand problème, mais je n’entends pas Unia là-dessus. »

Une demi-vérité selon les quotidiens. Elle est pourtant basée sur le rapport annuel officiel d’Unia 2015. Les chiffres de ce rapport me donnent tout à fait raison. Unia attend son rapport annuel pour juin, et les chiffres surgissent tout de même comme par magie. Le chiffre de discrimination à l’emploi liée à l’âge monte à 18%. Je vous défie de trouver ce chiffre sur le site web d’Unia. On annonce une hausse importante du nombre de dossiers en 2016, mais la part dans l’ensemble des plaintes n’est pas mentionnée. Unia parle de « premiers chiffres » manifestement devenus définitifs ce week-end.

Erreur supposée 2: je reproche à Unia d’être obsédé par la discussion de Père Fouettard et de ne pas s’occuper suffisamment des véritables problèmes. Unia prétend qu’il ne se mêle pas de ce débat et se réfère à une déclaration qu’il a formulée en 2014. Unia avait affirmé que le Père Fouettard n’était pas contraire à la loi antiracisme.

Dans l’interview accordée au Nieuwsblad, j’ai évoqué « des situations telles que la discussion sur les Pères Fouettard ». Mais je ne veux pas me cacher là derrière. J’ai relu l’interview et je l’ai approuvée. Cependant, si vous voulez entendre dire Patrick Charlier, le directeur d’Unia, que le Père Fouettard est raciste alors qu’il n’est pas contraire à la loi antiracisme, cliquez ici.

Qu’Unia ne se soit plus exprimé sur le Père Fouettard depuis 2014 est donc pour le moins une demi-vérité. Que devons-nous d’ailleurs conclure d’une affirmation qui prétend que le Père Fouettard est raciste pour Unia, mais non pour la loi ?

Mais il est vrai qu’Unia a gardé un silence douteux sur ce sujet. Quand toute la Flandre s’est mêlée à la discussion en 2015 et en 2016, Unia est resté muet comme une tombe. Reste la question : pourquoi ? Pourquoi Unia conclut-il qu’il n’y a pas de problème légal et estime-t-il que cela ne vaut pas la peine de le mentionner dans le débat ? N’est-ce pas son devoir ? Parfois, le silence est plus éloquent que la parole.

Pourquoi monter au créneau pour des extrémistes et non pour la Saint-Nicolas?

C’est là que réside ma critique fondamentale. Pourquoi défendre bec et ongles les salafistes qui refusent de serrer la main à l’échevin qui les marie, et ne pas monter au créneau pour une fête d’enfants ? Car c’est qu’Unia a fait quand l’échevin bruxellois a refusé de célébrer un mariage parce que la mariée n’a pas voulu lui serrer la main. Els Keytsman, codirectrice d’Unia, s’est empressée de reprocher à Courtois d’être un « ethnocentriste ». Une différence notable avec le soutien dont a bénéficié Saint-Nicolas quand la ville a refusé de marier un couple qui avait un problème avec l’échevin noir Wouter van Bellingen. J’ai trouvé ce soutien plus que justifié, mais pourquoi n’est-ce pas possible pour un échevin qui condamne la discrimination dans la salle de mariage ?

Un autre exemple. On demande à l’échevin anversois Fond Duchateau d’autoriser le burkini dans les piscines publiques. La ville refuse, et Unia conclut que le refus est « incompatible » avec la législation sur le racisme. Comprenne qui pourra.

Il existe d’innombrables exemples du même type. Une enquête plus poussée sur le petit caca de Miss Belgique ? Ma thèse est et reste la même. Unia est devenu un centre de polarisation qui souhaite surtout faire passer un message politique en matière d’intégration. Je suis demanderesse d’une institution qui agit contre la discrimination et le racisme. Mais pas de cette façon, qui monte la population contre l’idée d’égalité au lieu de la promouvoir.

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