Jonathan Dehoust

Pourquoi j’irai manifester le mardi 24 mai

Jonathan Dehoust Etudiant en sciences politiques à l'UCL

C’est facile de soupirer devant son écran de télévision ou derrière son clavier d’ordinateur quand un Kris Peeters lance sa loi des 45 heures/semaine en plein scandale des Panama Papers. Mais s’indigner sans agir, c’est gâcher une précieuse énergie politique – et croyez bien que Charles Michel se frotte les mains de votre passivité.

Outre les partisans du gouvernement fédéral qui considèrent que l’exécutif mène les réformes « nécessaires » à la pérennité économique du pays, un autre public n’ira pas manifester ce mardi à l’appel du front commun syndical : les opposants-pessimistes qui estiment que marcher au milieu des coups de sifflets et des pétards dans Bruxelles ne sert à rien sinon à perdre son temps.

C’est que le « there is no alternative » – maxime antidémocratique en ce sens que la démocratie s’ouvre au contraire à tous les possibles – est justement scandé à la Rue de la Loi comme à Schuman pour rendre incohérent la lutte contre l’austérité. Vous grognez ? La Bande à Michel, incapable de se défaire d’un dogme idéologique ravageur, comprend mal pourquoi. Pour l’équipe MR-N-VA, autant demander de supprimer la saison hivernale et de rallonger l’estivale… C’est naturel de cisailler dans les branches de la sécurité sociale, de travailler plus pour gagner moins, de s’attaquer aux services publics. Il n’y a pas d’autres choix.

Mais s’indigner sans agir, c’est gâcher une précieuse énergie politique – et croyez bien que Charles Michel se frotte les mains de votre passivité.

Cependant, nous, travailleurs victimes de l’enfer fiscal, étudiants à l’avenir incertain, allocataires sociaux stigmatisés, nous tous, citoyens éreintés, ne sommes pas dupes et reconnaissons que la violence économique a aujourd’hui atteint son maximum.

Nous ne pouvons plus rester là sans rien faire, à continuer d’être les spectateurs neutres du cirque politique que nous offrent les gouvernements de législatures en législatures.

La Loi Peeters est indéfendable. Et celles et ceux qui argumentent son supposé « bon sens » tentent de faire avaler des couleuvres dans des bouches déjà pleines. Cette loi est encore plus indéfendable à l’heure des leaks à répétition qui prouvent l’enrichissement continu d’une minorité de nantis en comparaison d’une chasse institutionnelle aux plus précaires. C’en est assez de ces inégalités criantes.

J’irai manifester le 24 mai. Parce que c’est faire la démonstration active de ma colère. Parce que je ne laisserai pas le Premier Ministre penser que ses mesures injustes passent comme des lettres à la poste et qu’il pourra, à l’avenir, aller encore un peu plus loin. Parce que je veux former durant quelques heures une unité politique d’opposition citoyenne : des dizaines de milliers de personnes, tous ensembles, au-delà des clivages ethniques, sociaux, linguistiques et générationnelles. Parce que je vaux mieux que de travailler jusqu’à 45 heures par semaine.

Le vent de contestation sociale a toutes les chances de se transformer en cyclone plurisectoriel, saisissons cette chance. Rendez-vous mardi 11 heures à la Gare du Nord de Bruxelles.

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