© DR

 » Pourquoi j’ai quitté le PS « 

Le patron de l’Institut du patrimoine wallon, Freddy Joris, a rejoint Ecolo. Pour cet ancien socialiste proche de Guy Spitaels, le cumul des mandats plombe la Wallonie. Principal visé : Elio Di Rupo.

Historien du Mouvement wallon, ancien conseiller à l’Institut Emile Vandervelde, puis chef de cabinet du ministre-président Robert Collignon, Freddy Joris, 57 ans, dirige depuis 1999 l’Institut du patrimoine wallon. En 2009, il avait remis sa démission au PS, sans esclandre, pour protester contre un parachutage politique. En mars 2012, il s’est affilié chez Ecolo mais il ne participera pas (encore) aux élections communales de Verviers.

Le Vif/L’Express : Que s’est-il passé entre le PS et vous ?

Freddy Joris : Le bourgmestre de Verviers, Claude Desama, m’a toujours tenu à l’écart, même quand j’étais secrétaire de l’Union socialiste communale et que j’avais des responsabilités en tant que conseiller ou chef de cabinet. Aucune tête ne doit dépasser au PS verviétois ! Je suis en désaccord total avec le PS depuis douze ans. Les affaires judiciaires, le nouveau look du parti, la carrière des « fils de » et des « filles de », comment Elio Di Rupo a trituré les statuts, en 1999, pour être à la fois ministre-président wallon et président du parti… Je n’ai pas non plus apprécié le virage monarcho-belgicain qu’il a imprimé au PS, quand, dans son papier à lettres, il a fait surmonter Gouvernement wallon par Royaume de Belgique. L’actuel statut de président intérimaire de Thierry Giet n’est pas conforme aux statuts. Il permet à Elio Di Rupo de revenir au cas où… Cela me semble symptomatique du cumul de mandats et de la particratie telle qu’Alain Eraly, ancien chef de cabinet de Hervé Hasquin, l’a dépeinte dans Le Pouvoir enchaîné. Tout y est vrai de A à Z . L’année dernière, au colloque organisé à Ath pour le 80e anniversaire de Guy Spitaels, j’avais évoqué le tort causé à la Wallonie par le sous-régionalisme qu’entretient le cumul des mandats politiques, notamment entre bourgmestres et parlementaires régionaux. Je suis pessimiste pour les jeunes qui veulent vivre dans notre Région sans humiliations. Les réseaux sociaux donnent l’illusion d’une liberté d’expression alors que nous sommes étouffés sous une chape de plomb.

Vous ne craignez pas les conséquences pour votre carrière ?

J’ai encore beaucoup de potes au PS mais un ancien ministre m’a averti : « C’est dangereux ce que tu fais. Elio n’aime pas ceux qui s’opposent. » Dans deux ans et demi, mon mandat sera remis en jeu, on verra bien. Jeudi passé, j’ai été fait officier du Mérite wallon à l’unanimité, pour mes activités à la tête de l’Institut du patrimoine wallon et comme historien du Mouvement wallon. Je suis le premier fonctionnaire qui est distingué comme ça. J’en déduis que l’Institut ne fait pas du mauvais boulot. Quand j’ai quitté le PS, c’est un socialiste qui avait la matière du Patrimoine. Je ne pouvais pas savoir qu’ensuite ce serait un CDH, avec qui je m’entends tout aussi bien. Depuis que j’ai signé chez Ecolo, je n’ai senti aucune différence à mon égard.

Pourquoi avoir choisi Ecolo ?

Pour l’éthique politique plus que le développement durable, il faut en convenir, ou les accords institutionnels auxquels je suis opposé. Comme Spit l’avait dit, on commence à voir le prix à payer. Mais il fallait que j’aille quelque part. J’ai repris contact avec Jacky Morael, avec qui j’avais sympathisé lorsque nous étions tous les deux sherpas et pour qui j’éprouve beaucoup d’admiration. J’ai été très bien accueilli chez Ecolo. Ils sont preneurs de ma contribution à Etopia [ NDLR : le bureau d’études d’Ecolo]. Ils m’ont dit que je faisais exploser leur quota de hauts fonctionnaires [ sourire].

ENTRETIEN : MARIE-CÉCILE ROYEN

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire