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Pourquoi certains courants religieux interdisent-ils de serrer la main d’une femme?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

La décision du CD&V d’octroyer une place sur sa liste anversoise à Aron Berger, un juif ultra-orthodoxe, fait polémique, y compris au sein du parti, même si entre-temps il a renoncé à se présenter. L’homme avait en effet affirmé qu’il respecterait ses principes religieux et qu’il refuserait de serrer la main de toute autre femme que la sienne.

Le quotidien De Standaard s’interroge sur les raisons du refus de ce geste, considéré en Occident comme un acte de politesse élémentaire. Il cite l’exemple de l »échevin bruxellois de l’Etat civil Alain Courtois (MR) qui a refusé de célébrer huit mariages depuis son entrée en fonction en décembre 2012 au motif que la future épouse refusait de lui serrer la main.

Comme l’explique De Standaard, le refus de certains juifs orthodoxes et musulmans fondamentalistes de toucher les personnes du sexe opposé provient de textes religieux. Pour les musulmans, il s’agit d’un hadith auquel les érudits musulmans n’accordent pas tous la même importance.

Impure

Les juifs qui respectent ce principe se réfèrent quant à eux au Lévitique, où l’on lit que les femmes qui ont leurs règles sont impures. Alors que certains juifs orthodoxes refusent de toucher les femmes indisposées, d’autres évitent tout contact avec la gent féminine par principe de précaution.

Interrogé par De Standaard, le philosophe moral Patrick Loobuyck explique qu’en Occident le phénomène est surtout associé à l’islam, alors qu’il concerne également les juifs orthodoxes. « Ces derniers vivent dans leur propre quartier, ils ont leurs écoles, et ils n’essaient pas de convertir d’autres personnes ou d’influencer la société. Ils partent du principe que la ségrégation leur donne l’opportunité d’être eux-mêmes alors que les musulmans sont beaucoup plus présents dans la société ».

Pour revenir au cas d’Aron Berger, Loobuyck estime que tout le monde a le droit de faire de la politique, même celui qui ne serre pas la main aux femmes puisqu’il ne transgresse aucune loi. Il ajoute toutefois que les échevins du CD&V pourraient difficilement protester si les musulmans refusent une main tendue. « C’est une question délicate. Pour nous, la poignée de la main est une forme de politesse élémentaire, mais d’autre part ce n’est qu’une convention. On peut très bien saluer quelqu’un en mettant la main sur le coeur. On peut laisser un peu d’interprétation à l’étiquette », conclut-il.

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