Olivier Clauw

Pourquoi Bart De Wever ne veut pas devenir premier ministre

Olivier Clauw Politologue

Ces derniers jours, Johan Vande Lanotte et Karel De Gucht ont formulé ce que pensent tous les Flamands : Bart De Wever doit devenir le nouveau premier ministre de notre pays. En tant que ténor du plus grand parti qui a remporté les élections, il serait normal que l’Anversois accepte le poste de premier ministre au sein de la coalition suédoise. Rien ne semble pourtant moins vrai.

Malgré ce qu’il avait fait comprendre il y a quelques mois, De Wever a déclaré récemment qu’il n’avait jamais nourri l’ambition d’occuper le poste de premier ministre. En tant que soldat de son parti, il se dit content d’un rôle à l’arrière-plan. Selon certains membres de la N-VA, ce choix serait motivé par un objectif stratégique.

Il ne faut pas connaître le latin pour comprendre qu’il est assez pratique de faire passer les économies à réaliser depuis les coulisses, sans se voir accusé de dégradation sociale. Ses sergents fidèles, qui seront le visage du nouveau gouvernement fédéral, endosseront ce rôle. C’est ce qu’on appelle mettre le leader à l’abri.

Bart De Wever semble préférer la pensée stratégique à l’audace et à l’action. En tant que stratège caché des gouvernements, il veut continuer à travailler à la médiatisation et la popularisation de son personnage dans le but de remporter une victoire écrasante aux prochaines élections communales – qui doit renforcer l’enracinement local de son parti – pour ensuite ressortir les armes communautaires en 2019.

Bien que les stratégies fassent partie du système politique, les questions sur la responsabilité politique ne sont jamais loin. Outre ceux qui souhaitent attribuer le poste de premier ministre à De Wever pour qu’il prouve ce dont il est capable après avoir fustigé la politique belge, beaucoup veulent voir le discours politique musclé de la N-VA se concrétiser par l’occupation de la plus haute fonction de l’état.

La N-VA ne semble pas se soucier de qui occupera le poste de premier ministre, soulignant par là son mépris à l’égard de la structure d’état fédéral. Même sans le PS et avec les partenaires de coalition rêvés, il s’avère très difficile d’obtenir un accord au niveau fédéral. Et ce n’est certainement pas dû, ni au MR qui veut damer le pion au PS et semble parti pour livrer le premier ministre, ni à l’Open VLD qui est ravi de participer aux gouvernements. Même le CD&V réalise que le trophée de gauche qu’il convoite, un impôt sur la fortune, risque de se révéler mission impossible au sein de la coalition suédoise actuelle.

Malgré le fait que l’agenda communautaire a été mis « de côté », certains signes donnent à penser que la formation pénible pourrait bien cadrer dans la stratégie de pourrissement de la N-VA dont l’objectif est de continuer à éroder la structure fédérale à moyen et long terme.

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