© Belga

« Pour une fois, Bart De Wever n’a rien compris »

Même si la N-VA est en passe de remporter une victoire électorale éclatante, les éditorialistes sont d’avis que les nationalistes flamands ne feront pas partie du prochain gouvernement. Selon certains quotidiens, Bart De Wever a très peu de chances de trouver des partenaires avec qui gouverner.

« En obtenant le meilleur résultat possible, la N-VA souhaite éviter qu’une coalition de perdants ne lui barre le chemin vers le pouvoir » constate Bart Sturtewagen dans le quotidien de Standaard. « Mais c’est ce qui grandit l’amertume de ceux qui pourraient considérer le parti de De Wever comme un futur partenaire ». « La N-VA maîtrise l’art de la discorde mieux que personne, mais la création d’alliances lui convient beaucoup moins » ajoute-t-il.

Selon le rédacteur du Morgen, Bart Eeckhout, l’acte politique le plus révélateur a eu lieu ce week-end en Wallonie. La tête de liste cdH pour l’Europe, Claude Rollin, a déclaré à la RTBF qu’il ne peut pas s’imaginer que son parti entre dans un gouvernement avec la N-VA, non à cause du nationalisme, mais à cause du programme socio-économique.

« En Wallonie, travailler avec la N-VA équivaut à un suicide politique » écrit Eeckhout. « Même une grande majorité du MR le réalise. Peut-être que la N-VA part du principe que toute résistance du sud continue à lui procurer une flopée de voix flamandes supplémentaires. Pourtant, le moment approche où les électeurs flamands se demanderont, à juste titre, quel gouvernement de redressement rapide la N-VA s’imagine former avec leurs voix ».

« Si Bart De Wever parle beaucoup de « l’après 25 mai », c’est parce qu’il sait très bien que 32 % est un chiffre élevé, mais pas suffisant pour entrer au gouvernement » estime Luc Van der Kelen, du journal Het Laatste Nieuws. « Même une grande victoire n’offre pas de certitude sur la suite. L’histoire du Vlaams Blok / Belang le prouve ». « Guy Verhofstadt aussi sait très bien qu’on ne remporte les élections que si on trouve des partenaires pour transformer cette victoire en postes de ministres. Sinon, ils se retrouveront dans l’opposition pendant cinq longues années au risque de causer la ruine de leur parti ».

« Si Bart De Wever refuse une confrontation d’homme à homme avec Kris Peeters, c’est qu’il n’a rien compris  » écrit Liesbeth Van Impe dans Het Nieuwsblad. « De Wever ne se retient pas vraiment quand il occupe le terrain seul dans les interviews et les réunions de partis. Pourquoi alors refuser un débat direct ? »

D’après Dirk Castrel, du quotidien Gazet van Antwerpen, les autres partis feraient mieux de mettre l’accent sur leur propre programme. « Depuis des mois, on dépeint la N-VA comme le diable incarné et les prophètes de malheur prédisent le chaos absolu si le parti accède au pouvoir. Comme le prouvent les sondages, cette stratégie n’affaiblit pas du tout la N-VA, au contraire. La campagne de dénigrement provoque plutôt un effet Caliméro en faveur de la N-VA et lui fait son beurre ».

« Si Peeters II n’était pas un échec, c’était un gouvernement médiocre » écrit le politologue Carl Devos dans une analyse pour le journal De Morgen. « Ses accomplissements ne masquent pas qu’il fallait beaucoup plus. « . Selon Devos, ce prochain gouvernement ne sera pas une réédition de l’actuel. « Il est assez improbable que la N-VA et le sp.a gouvernent ensemble ».

Le gouvernement fédéral changera également d’aspect. « Il va de soi qu’un gouvernement avec la N-VA sera différent. Mais sans la N-VA aussi, les partenaires devront se regarder dans les yeux. Comment le PS, harcelé par la gauche, va-t-il gouverner avec les partis flamands qui, même sans la N-VA, doivent répondre à la lourde pression générée par le succès électoral du parti ? »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire