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Pour Magnette, le combat wallon a pris un coup de vieux

L’étoile montante du PS a égratigné la génération de régionalistes wallons réunis en assemblée générale à Charleroi. Question royale, grande grève de 1960 : Paul Magnette invite à tourner la page…

Le combat régionaliste wallon n’a pas pris une ride ? L’étoile montante de la nouvelle vague au PS, Paul Magnette, demandait à voir. C’est tout vu. Lundi soir, dans un auditoire de l’Université du Travail à Charleroi : le Mouvement du manifeste wallon (MWW) tenait son assemblée générale. Vu l’air du temps, la réunion de régionalistes wallons ne manquait pas de sel. Des personnalités issues des milieux académiques, syndicaux et patronaux, sont venues discourir sur la façon dont les Wallons pourraient prendre leur destin en mains. Le monde politique a timidement pointé le bout du nez. Le MR brille par son absence, le député régional Bernard Wesphael porte les couleurs d’Ecolo. Et le CDH est représenté par le bourgmestre de Charleroi, Jean-Jacques Viseur. Qui remet le couvert, après son ode « au nationalisme wallon » lors des Fêtes de Wallonie. Quitte à déplaire à nouveau à sa présidente de parti, Joëlle Milquet.

Happart furax : « c’est l’effet de la présidentocratie »

C’est le PS qui occupe le terrain. Surtout la vieille garde, les fidèles de la cause : Robert Collignon, Jean-Maurice Dehousse, les frères Happart. Les personnalités dans la force de l’âge se comptent sur les doigts de la main : deux députés wallons, Christophe Collignon et Marc Bolland, tandis que le ministre Marcourt s’est fait représenté par son chef de cabinet. Et puis il y a le régional de l’étape, Paul Magnette. Mais l’homme fort du PS carolo n’est pas trop dans son élément. La veille, le porte-parole attitré de la présidence du parti plaidait sur le plateau de la VRT, l’appel à l’entente avec les Flamands. Le combat régionaliste wallon, ce n’est pas son truc. Sous l’oeil peu bienveillant des aînés, le « jeunot » demande prématurément la parole afin de pouvoir s’éclipser sans tarder. Un regard bien appuyé en direction des nombreuses têtes grisonnantes qui garnissent l’auditoire, et le trait est décoché. Cruel : « Je n’ai pas connu l’épuration, ni la Question royale, ni la grande grève de 1960, ni le Walen buiten. Le Mouvement du Manifeste wallon doit aborder un problème de générations. Je ne vois pas énormément de jeunes dans la salle. Ni de personnes d’origine étrangère. » Dans les rangs, on encaisse moyennement. Dans la coulisse, José Happart fulmine : « c’est l’effet de la présidentocratie. Moi, je suis autonomiste et je ne m’en suis jamais caché : et je n’ai plus été ministre. Les revendications autonomistes ne sont pas dans l’air du temps en Hainaut. » L’ex-hérisson fouronnais précise sa pensée dans l’auditoire : « le plus grave est ailleurs : dans la lâcheté des dirigeants wallons. Aucun ténor ni négociateur wallon présents, ce soir. En Flandre, ils auraient été tous là ou se seraient fait représenter. » Paul Magnette n’était plus là depuis longtemps pour entendre le message.

PIERRE HAVAUX

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