Jean-Philippe Mayence © BELGA

Pour l’avocat de Wesphael, « l’oralité des débats n’a pas de prix »

« L’oralité des débats m’a sauvé », a commenté Bernard Wesphael à la sortie de la salle d’audience de la cour d’assises du Hainaut, jeudi. L’homme politique a déclaré être un farouche partisan du maintien des cours d’assises. Plus tôt dans la journée, alors que le jury était en délibération, Me Jean-Philippe Mayence, son avocat, avait également défendu l’importance de l’oralité des débats, comme il l’a fait à plusieurs reprises durant le procès.

« Pour un ardent défenseur de l’humanisme, être jugé par les siens est peut-être la meilleure des choses. C’est un formidable plaidoyer pour la justice populaire ». C’est par ces mots que Jean-Philippe Mayence avait conclu sa longue plaidoirie, mercredi soir devant la cour d’assises du Hainaut. Jeudi, l’avocat s’est confié à Belga alors que le jury n’avait pas encore rendu son verdict dans le cadre du procès de Bernard Wesphael. Ce n’est un secret pour personne, Me Jean-Philippe Mayence est un fervent défenseur de la cour d’assises, dont les compétences ont été limitées depuis le vote de la loi Pot Pourri II au parlement fédéral.

Depuis mars, la chambre des mises en accusation dispose en effet du pouvoir de correctionnaliser des crimes. « Les critères retenus aujourd’hui pour renvoyer un dossier criminel devant le tribunal correctionnel ne sont pas bons. Je pense qu’il fallait prendre le temps de réformer la cour d’assises en prenant conseil auprès des gens spécialisés. Cette réforme Pot Pourri a été adoptée contre tous les avis », estime l’avocat, qui regrette que la justice d’aujourd’hui soit guidée par une question manageuriale. « Il faut arriver à une juste mesure entre la qualité et le prix », dit-il. L’homme de loi ne partage pas la philosophie qui consiste à laisser la justice entre les mains des spécialistes. « Nous sommes toujours dans une situation où le regard du citoyen doit subsister », maintient l’avocat carolo qui n’hésite pas à citer l’écrivain français Charles Péguy, « un juge habitué est un juge mort pour la justice ».

« L’oralité des débats m’a sauvé »

Pour Me Mayence, « l’oralité des débats n’a pas de prix » et elle permet souvent de se rendre compte du décalage entre les témoignages écrits et oraux. Il ajoute que c’est « un garde fou important ». En effet, certaines enquêtes présentent parfois des lacunes, comme ce fut le cas lors de ce procès, et il arrive que le président de la cour sollicite des devoirs complémentaires. « Quand on voit certaines certitudes des enquêteurs dans le cadre de ce dossier, il n’est pas certain que cela aurait pu être remis en question devant un tribunal correctionnel », poursuit le pénaliste. Le verdict aurait peut être été différent.

Bernard Wesphael est clair là-dessus : « l’oralité des débats m’a sauvé car on a pu apporter quelques nuances à ce qui avait été écrit dans les procès-verbaux ». Me Mayence s’est dit favorable à la création de chambres criminelles mais uniquement pour traiter des affaires de grand banditisme ou de terrorisme car « ce sont des dossiers qui sollicitent un important dispositif de sécurité ». L’écrivain Pierre Mertens, appelé comme témoin de moralité de Véronique Pirotton, s’était réjoui de pouvoir être auditionné par cette institution qu’est la cour d’assises. Il n’avait pas hésité à critiquer sa suppression devant la cour. Le président Morandini, lequel a soutenu à plusieurs reprises l’importance de l’oralité des débats, lui avait répondu : « j’aimerais le crier avec vous ».

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