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Pour Crucke, du MR,  » un veto contre la N-VA, ce serait une erreur et un manque de respect vis-à-vis de la Flandre « 

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Le prochain gouvernement fédéral ? Jean-Luc Crucke entrevoit une coalition regroupant N-VA, CD&V, Open VLD, MR et… PS. Les libéraux seraient la seule famille politique réunie, et les portes du 16, rue de la Loi s’ouvriraient pour Didier Reynders.

Il prévient d’emblée : « Je m’exprime à titre personnel. » Signe que le propos s’annonce explosif. Député wallon, bourgmestre de Frasnes-lez-Anvaing, Jean-Luc Crucke est l’une des rares machines à voix du MR en Hainaut. Il fait partie de la garde rapprochée de Didier Reynders.

Le Vif/L’Express : Didier Reynders, Premier ministre. L’hypothèse vous paraît-elle plausible ?

Jean-Luc Crucke : Personne, au MR, ne conteste le leadership de Didier sur le plan fédéral. C’est un élément en sa faveur dans l’hypothèse où cette fonction reviendrait au MR. Evidemment, tout dépendra du résultat des élections. Si, en mai 2014, le MR enregistre un mauvais score, on aura juste le droit de se taire. Mais aujourd’hui, tout qui écoute la radio flamande constate l’existence d’un axe de droite, N-VA et CD&V. L’Open VLD sera très content de rallier cet axe-là. Et si ces trois partis veulent forment une coalition de droite à la Région flamande, on peut supposer qu’au fédéral, ils préféreront le MR comme partenaire de majorité. L’idée n’est pas absurde… La famille libérale serait alors réunie, et là, on sait comment on désigne le Premier ministre. Si on respecte la coutume, ça amène à la conclusion que Didier peut être le prochain Premier ministre. C’est légitime que la famille libérale y croie. Mais prudence ! On est dans la politique-fiction.

Si le CDH rejoint le CD&V au gouvernement, la famille centriste sera elle aussi réunie.

MR et CDH, cela fait-il une majorité du côté francophone ? Non. C’est un problème. De plus, je n’oublie pas que le CDH et Ecolo n’ont pas voulu du MR au gouvernement wallon, en 2009. Ils avaient la possibilité historique de mettre les socialistes dans l’opposition. Ils ont préféré un axe de gauche. Je ne suis pas amnésique.

Votre option, ce serait donc une coalition de droite, mais avec le PS ?

Dans un pays aussi compliqué que le nôtre, tout est possible. Je suis pour une grande majorité, comme en Allemagne, avec le PS et le MR qui gouvernent ensemble. Cela peut donner un équilibre au pays, et cela aurait l’avantage de garantir une présence forte des Wallons au fédéral.

C’en est fini des ambitions du MR de mettre le PS dans l’opposition, pour faire basculer le centre de gravité politique de la Wallonie ?

Didier Reynders a acquis une forme de maturité. Sa fonction lui a appris à gérer des intérêts très divergents. Quand on veut assumer une ambition, il faut mettre de l’eau dans son vin. Demain, si le PS s’écrase, les choses seront différentes… Mais pour l’instant, ce n’est pas ce qu’indiquent les sondages. Si le résultat des élections confirme cette tendance-là, ça me semble difficile d’imaginer le PS dans l’opposition. De toute façon, CDH et Ecolo ne sont pas moins à gauche que le PS.

Amener la N-VA au gouvernement fédéral, n’est-ce pas faire entrer le loup dans la bergerie ?

Personne n’osera prétendre qu’il n’y a pas de risque à faire entrer la N-VA. Mais je n’imagine pas qu’on dise aux 6 millions de Flamands qui auront majoritairement voté pour des partis de droite : vous êtes persona non grata en Wallonie et à Bruxelles. Le sens de la Belgique, c’est respecter les logiques régionales, et les accorder. Peut-être qu’aucun francophone n’a envie de gouverner avec la N-VA, mais si c’est une volonté clairement exprimée par les électeurs au nord du pays, ne pas en tenir compte serait une grossière erreur, un manque de respect vis-à-vis de la Flandre.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le dossier « Didier Reynders, objectif 16 rue de la Loi »

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