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Pour Avocats.be, les cachots de la prison de Forest sont comparables à ceux d’Auschwitz

Le président de l’Ordre des barreaux francophones et germanophone (Avocats.be) Patrick Henry a comparé mardi les cachots de la prison de Forest à ceux d’Auschwitz lors d’une visite entamée à 14h30 avec l’avocat Denis Bosquet, président de la Commission de surveillance de la prison de Forest, et Me Stéphane Boonen, bâtonnier de l’Ordre francophone du barreau de Bruxelles.

« Nous avons pu voir des cellules, des détenus et des cachots. Nous nous rendons compte que nous sommes dans des conditions inimaginables, qui ne sont pas de ce siècle-ci. Je me souviens d’avoir vu un cachot de ce type dans ma vie, c’était lorsque j’ai visité Auschwitz. Il y avait juste un matelas par terre, un saut et pas de chasse ni d’eau pour évacuer les excréments. Ces circonstances sont abominables », a expliqué Patrick Henry.

Cette délégation a rencontré le directeur de l’établissement, des agents pénitentiaires ainsi que des détenus. « Nous avons constaté la grande misère de cette institution et l’indignité totale des conditions de détention des détenus », a rapporté Patrick Henry. « Depuis 15 jours, certains ont eu droit à trois préaux et un repas par jour qui est le combiné de trois. Il ne peuvent téléphoner au mieux qu’une fois tous les deux jours et il n’y a plus de visite. »

S’il salue les efforts des militaires présents, il estime qu' »il n’est pas admissible que la réponse à cette grève soit l’armée. Les grévistes ne demandent pas d’augmentation, mais seulement les moyens de faire leur travail convenablement. Il faut un service minimum dans les prisons, car on ne peut pas aboutir à des conditions pareilles ».

Avocats.be ne souhaite pas introduire une nouvelle action en justice, ni même assigner le gouvernement à exécuter les décisions judiciaires. L’ordre privilégie à l’heure actuelle un discours politique fort pour alerter l’opinion publique. « On laisse croupir des gens dans des conditions absolument indignes et ils ressortent bien pires que lorsqu’ils sont entrés. Donc, on fait exactement le contraire de ce que l’on devrait faire. Il faut absolument donner à l’institution pénitentiaire les moyens pour qu’elle puisse fonctionner correctement. Au-delà de cela, il y a beaucoup trop de monde dans les prisons en Belgique. Il faut diminuer la population carcérale », a encore souligné le président de l’Ordre.

Acceptant le désarroi des agents pénitentiaires, l’épouse d’un détenu de la prison de Forest a fustigé la responsabilité de l’État belge. « En tant que femme de détenu, je n’ai pas eu un coup de téléphone de mon mari depuis quinze jours, et je n’ai pas eu de nouvelles. Pour la capitale de l’Europe, c’est une honte! Et pour les droits de l’homme, on donne des leçons de morale aux pays africains, aux pays du tiers-monde mais nous ne sommes même pas capables de gérer un conflit en prison. Le ministre de la Justice ne prend pas en compte ce qu’on lui dit depuis des années », a-t-elle regretté.

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