Christophe Leroy

Politique : face au bon sens, l’argent gagne, encore

Christophe Leroy Journaliste au Vif

Non, les partis politiques ne participent pas à l’effort collectif en période d’austérité. Nouvel exemple à Namur, jeudi soir. CDH, PS, MR et Écolo ont balayé la proposition d’un conseiller communal indépendant visant à supprimer les dotations versées par la Ville. Triste message.

En choeur, sans une once d’hésitations, les partis politiques composant le conseil communal namurois ont envoyé le débat sur la suppression de leurs dotations aux oubliettes. Tant pis pour le geste, le sacrifice, le symbole. La perche électorale n’aura propulsé aucune formation au-dessus de la mêlée politicienne. L’argent restera le nerf de la guerre électorale.

Petit flashback. Il y a une semaine, Pierre-Yves Dupuis, conseiller communal indépendant et ex-numéro deux du PS namurois, dépose une interpellation pour mettre fin à dix années de subventions allouées par la Ville aux formations politiques. « Au PS, j’étais muselé sur ce dossier », assure-t-il au Vif/L’Express. Abandonné par plusieurs communes depuis la crise de 2008, le fonds, superflu, leur sert essentiellement de manne électorale. On parle tout de même de plus de 30.000 euros par an, malgré une timide réduction de 15% du montant.

De quoi aider plusieurs dizaines d’associations en quête de maigres subsides pour pérenniser leurs combats sociaux-économiques. De quoi récolter au moins 180.000 euros sur une législature. Mais les partis du conseil communal n’ont pas choisi cette voie. Aucun n’a tenté d’amorcer un effet de dominos en soutenant la suppression des dotations. En mai dernier, le Parti socialiste avait proposé de « faire un geste » associatif grâce au gain engrangé par la diminution (contrainte) des jetons de présence du conseil communal. Cette fois, il a préféré se taire. Et dans l’assemblée de 47 membres, seule la voix plus isolée que jamais de Pierre-Yves Dupuis s’est opposée au statu quo. Triste anesthésie collective.

Les partis concernés ont vainement tenté de justifier cet immobilisme, notamment Maxime Prévot. Là encore,les chiffres, arme de manipulation massive évoquée dans le Vif/L’Express du 11 octobre, ont tenté d’affaiblir la portée du débat. « Ces subventions représentent 0,01% des recettes du budget de la Ville », a ainsi rappelé le bourgmestre de Namur. L’argumentaire aurait été beaucoup moins convaincant si le pourcentage avait été calibré aux recettes du secteur associatif local, plutôt qu’à celles, colossales, de la troisième grande ville wallonne.

En agissant de la sorte, les quatre grandes formations politiques ont préféré ouvrir la voie aux critiques, tout en espérant que la polémique filante ne sera bientôt plus qu’un vague mais dérangeant souvenir. Cette anecdote est pourtant à garder dans les mémoires lorsqu’en mai prochain, les mêmes protagonistes clameront haut et fort qu’il n’y a « pas de petites économies » en période de crise pour les pouvoirs publics.

Personne n’est dupe. L’assainissement en profondeur est encore loin, très loin, de ces annonces léchées qui inonderont bientôt le coeur de la campagne électorale.

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