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Policier, un métier sur la brèche

Les policiers assurent une charge de travail relativement élevée depuis le mois de janvier 2015 et les attentats perpétrés à l’encontre du journal français Charlie Hebdo.

Depuis lors et surtout depuis les attentats de Bruxelles du 22 mars, ils doivent assurer des missions de sécurité supplémentaires. Ils sont également impliqués dans différentes enquêtes liées au terrorisme. Un rythme de travail soutenu qui cause beaucoup de fatigue parmi les travailleurs.

« La charge psychosociale est relativement élevée depuis de nombreux mois, même si cela dépend des services et des endroits », explique Jérôme Aoust, secrétaire national et porte-parole du syndicat national du personnel de police et de sécurité (SNPS). « Les unités situées dans la région de Bruxelles-Capitale sont particulièrement sollicitées ».

« Dans certains services, on travaille jusqu’à 70 heures par semaine. Ca ne pourra pas durer éternellement. Si la pression continue, on risque des problèmes », déclare Jérôme Aoust. « Nous sommes inquiets par rapport à la charge de travail, aux horaires élastiques avec des policiers qui travaillent parfois 15 ou 16 heures par jour. Trois collègues ont eu un accident parce qu’ils s’étaient endormis au volant. Ils enchaînaient les services de nuit et de jour. Cela devient très problématique, d’autant plus qu’on a déjà attiré l’attention dessus », souligne Stéphane Deldicque du syndicat chrétien CSC Police.

« D’un point de vue pratique, on a sous-investi dans le personnel policier depuis des années. C’est donc difficile d’étaler la charge supplémentaire de travail », explique Jérôme Aoust (SNPS). Les recrutements dans la police ont été réduit. La semaine passée, lors des négociations avec les forces de l’ordre sur la réouverture de l’aéroport de Bruxelles, « le ministre (de l’Intérieur, Jan Jambon, ndlr) a rouvert le recrutement mais ça n’aura des effets qu’en 2017 ». Les futurs policiers doivent en effet suivre un an de formation à l’académie et ensuite réaliser six mois de stage. « Pour 2016, on a obtenu qu’il y ait 1.600 recrutements, c’est-à-dire le double de ce qui était prévu. Mais cela reste un engagement. Nous allons voir si cela va se concrétiser budgétairement », ajoute Stéphane Deldicque (CSC Police). Les discussions budgétaires actuelles sont suivies de très près par les policiers.

De nouvelles recrues, c’est bien mais il faudra attendre la fin 2017. En attendant, pour tenir le coup, la CSC Police demande « de mettre au frigo des missions non essentielles. A chaque fois, on nous répond qu’on va y réfléchir mais ça ne se fait jamais. Je comprends que c’est difficile de choisir mais c’est nécessaire ». « Le politique n’a pas anticipé l’accélération du recrutement ni en 2014 à la suite de l’attaque au musée juif, ni en 2015 à la suite des attentats de Paris. Pendant ces deux années, on a limité le recrutement à 800 membres du personnel », ce qui n’est pas suffisant pour le syndicaliste.

La police assure également une charge judiciaire. « Il y a aussi tous les enquêteurs impliqués dans l’enquête, directement ou indirectement. Je pense que le contre-coup va arriver quand la pression redescendra mais il est temps d’y penser et de s’y préparer. Il faut désigner des personnes pour fournir une assistance psychologique et qui jaugeront régulièrement de l’état de fatigue des enquêteurs concernés. Ils devront aussi montrer qu’ils sont disponibles au cas où ça ne va pas. Actuellement, dans la cellule psychologique, il y a une vingtaine de personnes ce qui ne suffira pas quand le contre-coup arrivera », explique Vincent Gilles, président du SLFP Police.

En France, les policiers ont décidé de manifester hier/jeudi pour réclamer une augmentation de salaire. Les syndicats français pointaient surtout du doigt les heures supplémentaires impayées. En Belgique, aucun des syndicats contactés par Belga n’exige une augmentation de salaire. Les heures supplémentaires sont bien payées. « Il existe des dispositifs pour recouvrir ce type de prestation exceptionnelle et les désagréments quand des policiers doivent se déplacer dans la durée », explique Vincent Gilles. Des réunions auront également lieu les 14 et 18 avril avec les politiques « pour affiner les dispositifs pour qu’ils couvrent toutes les situations possibles dans ce contexte exceptionnel », conclut Vincent Gilles

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