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Polémique chez Sudpresse autour de son nouveau système de paiement

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

La colère gronde parmi les journalistes indépendants de Sudpresse. Dès ce 1er novembre, le groupe compterait prélever 3% de leurs rémunérations pour financer un nouveau système de paiement. L’Association des journalistes professionnels juge cette mesure illégale.

Dans une lettre anonyme, un journaliste indépendant de Sudpresse (La Meuse, La Nouvelle Gazette, La Province, Nord Eclair, La Capitale) dénonce l’impact du nouveau système de paiement présenté les 20 et 23 octobre dernier par la hiérarchie à quelques collaborateurs. Le texte a déjà percolé dans de nombreuses rédactions. Au centre de la polémique, cette nouveauté visiblement imposée « sans aucune concertation » aux collaborateurs externes : dès ce 1er novembre, le groupe envisagerait de ponctionner 3% de leurs rémunérations pour financer ce nouveau système, en invoquant des frais divers. « Voilà quelque chose qui, à mon sens, est proprement scandaleux par rapport aux heures de travail et vis-à-vis des efforts que nous effectuons déjà », indique notamment le courrier, avant de chiffrer le manque à gagner :

« Ceux qui facturent 2.000€ par mois vont se voir retirer 60€. Sur une année, on vous prive donc de 720€ !

– Ceux qui facturent 3.000€ par mois vont se voir retirer 90€. Sur une année, on vous prive donc de 1.080€ !

– Ceux qui facturent 4.000€ par mois vont se voir retirer 120€. Sur une année, on vous prive donc de 1.440€ ! »

Lors de la présentation, Sudpresse aurait par ailleurs indiqué que les collaborateurs concernés pourraient bénéficier, en contrepartie, de rémunérations plus importantes en droits d’auteurs (jusqu’à 50% du montant des prestations), qui font l’objet d’un régime fiscal plus avantageux. « Que ce soit bien clair : [c’est] une évolution parfaitement légale, à laquelle nous avons de toute façon droit », rectifie le travailleur, qui sollicite l’avis de ses collègues.

« Illégal ! »

Cette décision du groupe Rossel, qui chapeaute Sudpresse mais aussi Le Soir, est d’autant plus redoutée qu’elle serait structurelle et définitive, même si aucun courrier officiel n’aurait été adressé aux travailleurs sur le sujet. De leur côté, les journalistes du Soir n’ont pas été avisés d’un tel changement. Mais certains redoutent, logiquement, que le mécanisme soit étendu, à terme, aux autres titres de la maison-mère.

Contactée par quelques travailleurs de Sudpresse, l’Association des journalistes profesionnels (AJP) juge cette décision illégale. « Vous avez tout à fait raison de vous insurger contre ces méthodes », indique la secrétaire générale de l’AJP, Martine Simonis, dans sa réponse. « Il s’agit en fait d’une diminution unilatérale des honoraires convenus, ce qui contractuellement, en droit, n’est pas légal […]. Que Sudpresse habille cela par la fourniture d’un nouveau logiciel ne rend pas la chose plus acceptable. Vous n’avez en effet pas à financer l’infrastructure informatique de votre client. » L’AJP compte écrire à la direction du groupe dès ce lundi pour l’informer de son désaccord et lui « demander de faire machine arrière ».

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